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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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répondit, tandis que Rackham hurlait déjà de se préparer à l’abordage.
    Elle enragea tant qu’elle en pleura. Avant de se laisser gagner par un sentiment de vengeance. Si Rackham s’imaginait pouvoir la faire plier, il se trompait. Elle voulait l’odeur de la poudre dans ses narines et le contact du sang sur ses doigts. Deux fois, sur La Revanche, elle en avait été le témoin impuissant, à cause de sa grossesse. La fascination qu’elle en avait éprouvée lui avait tordu le ventre, provoquant une rage en elle qu’elle n’aurait pas seulement imaginée. A cause de l’enfant, elle l’avait contrainte. Mais elle n’avait pas abandonné son fils à terre pour en être privée aujourd’hui. Elle savait que cette soif de bataille était une réminiscence de son cauchemar récurrent. Elle avait renoncé à le comprendre, pas à l’exorciser.
    Elle laissa La Revanche se préparer au combat et ferrer l’ennemi, ruminant sa colère comme une arme farouche. Ce soir, elle serait morte ou respectée.
    Elle fourbit le sabre qu’elle portait à sa ceinture et vérifia la pierre de son pistolet, ainsi qu’elle avait vu les pirates le faire, priant pour que le navire de la Compagnie des Indes occidentales se défende.
    Lorsqu’elle comprit que son vœu était exaucé, elle ouvrit une des fenêtres du gaillard d’arrière et, prenant le risque de tomber à la mer, entreprit d’escalader la carène pour remonter sur la dunette, comme elle l’avait fait trois jours plus tôt avec l’ancre.
    Elle s’y redressa alors que la bataille faisait rage sur le pont supérieur du marchand. La même vague furieuse déferla en elle tandis qu’elle portait machinalement sa main à son pendentif. Poussant un hurlement guerrier, elle se précipita dans la mêlée.
     
    *
     
    Le Sergent James filait grand train vers La Havane après deux semaines de calme plat. Ses réserves d’eau potable étaient au plus bas. Il leur tardait à tous d’atteindre au but, Mary plus encore que les autres.
    Rejointe par Baletti et Vanderluck dès sa sortie de la propriété de Cormac, elle leur avait raconté. Tout. Ils n’avaient pas perdu de temps. Le lendemain, les Vanderluck, père et fils, leur proposaient leur navire pour retrouver Emma et Ann. Mary avait le sentiment que, si Emma restait à Cuba, c’était à cause de sa fille.
    Quelque chose de violent s’était réveillé en elle. D’infiniment violent. La présence de Hans n’y était pas étrangère. Le simple fait de le retrouver avait rouvert la porte à ses souvenirs. Ils les avaient évoqués, pour se rappeler Niklaus, peut-être pour mieux se fortifier de haine. Baletti les avait écoutés, silencieux, partageant enfin tout ce qu’elle n’avait pas été capable de lui dire à Venise.
    Un nouveau tourment s’était inscrit dans le regard de Mary depuis qu’elle avait rencontré Cormac. Doublé d’une douleur plus grande encore, celle de sa culpabilité. En refusant de se rendre à Emma, en refusant de la croire, elle lui avait offert sa fille, sa chair, son sang. Mary avait du mal à se le pardonner.
    — Tu ne changeras rien à te torturer, lui avait dit Baletti, alors qu’elle s’enfermait dans ce piège.
    — Je le sais, marquis. Mais je pense à Junior, à la promesse que je lui avais faite et que j’ai bafouée par égoïsme.
    — Pas par égoïsme. Par nécessité.
    — Quelle différence ? Je ne peux revenir en arrière. Même si je revois Ann, je ne sais pas si j’aurai le courage de lui révéler la vérité. De la regarder en face. De lui demander pardon de l’avoir abandonnée.
    — Elle n’a pas été malheureuse. Elle comprendra.
    Mary avait soupiré.
    — Ou je la perdrai à jamais. Et cela, je ne pourrai le supporter. Je ne serai jamais la mère d’Ann. L’amour ne naît pas d’une vérité, marquis. Il naît de la confiance et de la présence.
    — Il naît du ventre qui l’a bercé. Fais confiance à ton instinct.
    — Mon instinct me dicte de tuer Emma, avait soupiré Mary. Et de faire le deuil de l’enfant que j’ai porté.
    — Cesse de te tourmenter. Il y a un temps pour chaque chose. Un temps pour la vengeance et un temps pour le pardon.
     
    *
     
    — Pirate sur arrière tribord ! hurla la vigie.
    Mary l’avait remarqué elle aussi, juchée dans la mâture. Elle porta ses mains au-dessus de ses sourcils pour se garder du soleil qui l’éblouissait. Son cœur s’accéléra.
    — Morbleu ! jura-t-elle. Je

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