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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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qu’il ne l’était pas.
    — Quoi ?
    — Ton père.
    Ann se contracta entre ses bras.
    — Que veux-tu dire ?
    — Je veux dire que rien n’est jamais ce qu’il paraît.
    Mary détacha de son cou l’œil de jade et le glissa à celui d’Ann, à côté du pendentif d’émeraude.
    — Autrefois, commença-t-elle, il y a bien longtemps, était une petite fille qui rêvait d’un trésor. D’un trésor au-delà des mers, d’un trésor dont ce bijou est la clé…
    La porte s’ouvrit à la volée, suspendant son aveu aux lèvres de Mary.
    Rackham venait de surgir, accompagné de Brown et de Fenis, tous trois armés de pistolets.
    — Cette fois, beugla-t-il, cette fois, j’en ai assez de tes caprices et de votre complicité !
    Instinctivement, Mary s’interposa entre lui et Ann.
    — Je ne te laisserai pas lui faire du mal, Rackham.
    — Qui te parle de lui faire du mal, ricana-t-il. Rends-toi et je jure de ne plus la toucher. C’est ton cul que je veux fourrer, pas le sien !
    — J’ai ta parole, capitaine ?
    — Tu l’as, Read.
    — Non, Mary, non, s’interposa Ann, la voix blanche.
    Mary l’écarta en souriant pour la rassurer, puis s’avança vers Rackham qui jubilait. Elle les devança sur le seuil, droite et fière. Ils ne l’effrayaient pas. D’autres que lui s’y étaient essayés sans la faire plier.
    Rackham boucla Ann, qui s’était précipitée sur la porte, cognant du poing contre le bois. Indifférent à ses injures, il força Mary à monter l’escalier sur le côté.
    Ils tentèrent de la prendre, sans succès, trop soûls pour y parvenir.
    — Ne t’approche plus de ma femme, lança Rackham en désespoir de cause, sans quoi, la prochaine fois, c’est à l’équipage entier que je te livrerai.
    — Craindrais-tu de la perdre ? le nargua-t-elle.
    — Si je ne peux l’avoir, personne ne l’aura. Personne, et sûrement pas toi avec tes airs de ne pas y toucher.
    Mary remonta son pantalon et le reboutonna. Ensuite de quoi elle descendit les marches. Devant la porte de la cabine, Brown veillait.
    Au lendemain, lorsqu’elle retourna sur le pont pour prendre son quart et se hisser dans la mâture, elle avisa une barcasse collée à tribord.
    — Qu’est-ce ? demanda-t-elle à Earl, occupé à faire pivoter les vergues à l’aide des balancines.
    — Des pêcheurs. Ils ont dérivé et ont demandé qu’on les prenne à bord pour les ramener vers la baie de Dry Harbour. Ils ont offert les tortues qu’ils avaient pêchées en échange du service.
    — Des pêcheurs qui ont dérivé, répéta Mary, suspicieuse. Tu ne trouves pas cela curieux.
    Earl haussa les épaules en s’accroupissant sur la hune à ses côtés. Les voiles venaient de se gonfler, prenant le vent par le travers. Le sloop se mit aussitôt à filer sur une mer à peine moutonneuse.
    — Les courants les ont entraînés. Cela arrive parfois.
    — Combien sont-ils ?
    — Six. Ils ont rejoint quelques-uns des nôtres dans la cale, qui n’en finissent pas de dessoûler.
    — Qu’en dit Rackham ?
    — Il ronfle comme un porc entre les bras de sa dulcinée. C’est Corner qui les a embarqués.
    Mary secoua la tête. Elle ignorait pourquoi, mais elle n’aimait pas cette sensation de danger qui venait de s’emparer d’elle. Elle acheva son quart, aux aguets. Lorsqu’elle descendit, Rackham avait repris la barre et un air supérieur qui lui donna envie de le tuer.
    Elle se présenta devant lui.
    — Je te manquais déjà, Read ?
    — Il en faut davantage pour m’émoustiller, Rackham, lui répondit-elle avec mépris.
    — Je saurai m’en souvenir, n’aie crainte.
    — Où est Ann ?
    — Elle se repose dans la cabine. Nous nous sommes réconciliés, si tu vois ce que je veux dire, affirma-t-il, narquois.
    Mary évita de relever, certaine que Rackham l’y avait consignée.
    — Je suis venue te conseiller de te méfier de ces pêcheurs.
    — Pourquoi, demanda Rackham, tu les connais ?
    — Simple intuition, mais elle me trompe rarement.
    — La mienne se porte bien, se rengorgea Rackham. Tu vieillis, Read. Si tu veux t’en convaincre, va donc jeter un œil à la cale. Je doute qu’ils nous fassent grand mal avec ce qu’ils descendent. Si j’étais toi, j’en ferais autant, ça te détendrait.
    Mary tourna les talons. Il n’y avait vraiment rien à en tirer.
    Un coup d’œil par l’écoutille de la cave confirma ce que Rackham avait dit. Les pêcheurs jouaient aux

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