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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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raconter. Et je suis impatient de les apprendre. Crébonsang, répéta-t-il en cognant l’épaule de Vanderluck, que je suis heureux de vous retrouver !
    Il leur présenta son épouse et son fils, puis, tandis que celle-ci retournait à sa cuisine, les invita à s’attabler devant un verre de guildive. Il ne voulut rien entendre de ce qui les amenait avant d’avoir su le parcours de Hans depuis Breda. Juché sur les genoux de Junior, le petit Mark suçait son pouce en les dévisageant de ses grands yeux curieux.
    — Nous nous sommes rencontrés à Charleston, conclut Baletti, qui, complétant le récit de Vanderluck, venait de glisser quelques mots de leur houleuse traversée.
    — Avez-vous retrouvé Emma et le crâne ? demanda Junior.
    — Non. Elle avait quitté la Caroline-du-Sud pour Cuba. C’est vers là que nous nous sommes dirigés avec ta mère, continua Baletti. Mais l’ordre de nos priorités a changé.
    Junior se crispa en devinant le regard complice que les deux hommes échangèrent. Ils avaient visiblement quelque chose à lui dire, mais ne savaient pas comment s’y prendre.
    — Venez-en au fait, marquis, lâcha-t-il. Je ne suis plus un petit garçon qu’il faut ménager.
    — Ann est en vie, Junior, lui annonça Vanderluck.
    — Mary est auprès d’elle, ajouta Baletti.
    Junior blanchit, incrédule.
    — Ann ? C’est impossible.
    — Ta réaction a été la nôtre, avoua Hans.
    Junior écouta avec attention leur récit, avant de reprendre la parole.
    — Mais comment avez-vous eu la certitude qu’il s’agissait bien d’Ann ?
    — Te souviens-tu d’un pendentif orné d’une émeraude ?
    — La salamandre ? Oui, Ann y tenait comme son trésor le plus précieux.
    — Il est toujours à son cou.
    — Elle est en vie ! Crébonsang, je ne peux pas y croire. Ann est en vie ! répéta Junior, qui ne savait pas s’il devait rire ou pleurer. Pourquoi ne pas les avoir ramenées ici, à la Tortue ?
    — Parce que les choses ne sont pas aussi simples qu’elles le paraissent, Junior. Ann a grandi, ailleurs. Elle ne se souvient pas. Et Mary n’a pas voulu la brusquer.
    — Ann m’aurait oublié ? Non, s’insurgea Junior. Ça, c’est impossible, marquis. Nous étions trop liés.
    — C’est pourquoi nous sommes là. Pour te ramener avec nous et forcer sa mémoire en fuite. Toi seul, j’en suis convaincu, y parviendras. Tout ce que Mary peut faire en attendant, c’est demeurer à ses côtés et l’aimer.
    Junior bondit.
    — Dans trois jours, le Bay Daniel sera prêt à appareiller, affirma-t-il, un sourire immense sur son visage transfiguré.
     
    *
     
    Cette fin octobre semblait propice aux affaires de John Rackham et de son équipage, alors qu’ils venaient une fois encore de quitter l’île des Pins.
    — Chacune de nos escales auprès de notre fils nous porte chance, avait susurré Ann à son oreille.
    Elle disait vrai.
    Le 1 er octobre, ils avaient arraisonné deux sloops marchands, emportant les voiles et le matériel pour une valeur de mille livres jamaïcaines. C’était leur plus grosse prise depuis longtemps et Ann avait aussitôt exigé de dépenser sa part à Cuba. Personne n’y avait vu d’inconvénient. La bataille avait été rude, faisant trois blessés ^ graves dans leurs rangs. Les soigner à terre était la meilleure chose à faire. Ils avaient repris la mer deux semaines plus tard.
    Ce 20 octobre 1720, ils venaient d’enlever pour trois cents livres jamaïcaines de voilure et de matériel sur un sloop marchand baptisé le Mary, à cinq kilomètres au large de Dry Harbour Bay, grossissant le butin du schooner qu’ils avaient pris la veille.
    Ann et Mary étaient de plus en plus enragées, avant et pendant le combat, jurant plus fort que les hommes, invectivant les équipages des navires qu’ils capturaient, les espérant avec la même avidité. Elles n’étaient à présent plus qu’un seul bras quand elles en remplaçaient dix, faisant tant corps dans l’abordage qu’on les aurait dites jumelles.
    Ann s’était épanouie au contact de Mary. Rackham en était jaloux, regrettant de ne pouvoir jouir de leur complicité. Il se consolait en se disant que les caresses d’Ann, de plus en plus sensuelles et gourmandes, venaient de ce désir inassouvi par Mary.
    Leur réputation était telle désormais, que la simple vue du sloop de Rackham et de La Revanche que menait Fertherston faisait trembler tous les navires qui passaient à leur

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