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La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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trahir et m’humilier !
     
    *
     
    Mary était bien, merveilleusement, sereinement bien. Corneille et Cork s’étaient installés dans la demeure abandonnée, loin des regards. Mary ne passait pas un jour sans les y rejoindre, s’échappant du palais par les souterrains pour tromper la vigilance des hommes que Boldoni avait placés afin de les surveiller. Habillée en garçon, nul n’aurait pu la reconnaître. Elle aimait ces moments auprès des deux amis. Ils avaient le goût du large. Les écouter en parler la rapprochait chaque jour un peu plus de son fils. Et de Corneille, bien qu’elle refusât de l’admettre.
     
    — Junior va bien, annonça Mary à Corneille, Forbin me le décrit rieur et facétieux.
    — Presque trois mois, grogna celui-ci en réponse. Trois mois que je m’enterre entre ces quatre murs. Combien de temps faudra-t-il encore à ton marquis pour que nous en soyons délivrés ?
    Mary soupira. Elle comprenait sa frustration, et se félicita d’être seule avec lui pour pouvoir en parler. Cork s’était absenté malgré la consigne, lui avait annoncé Corneille à peine fut-elle entrée. Lui aussi en avait assez.
    — L’ambassadeur a fait cesser tous ses trafics et l’enquête du doge piétine. Forbin n’a plus d’arguments à opposer à son roi et Baletti ne peut rien faire directement. Les Impériaux pensent que Cork est allé se faire pendre ailleurs, d’autant qu’ils ont d’autres chats à fouetter. L’escadre de Forbin ne leur laisse aucun répit. Bientôt, c’est certain, cette affaire sera oubliée de tous. Boldoni a relâché sa surveillance devant chez nous. Signe qu’il se sent moins menacé. Vous le serez aussi, par conséquent.
    — Tu dis « chez nous », souligna Corneille tristement.
    Mary s’approcha de lui. Ils étaient dans cette même pièce où pour la première fois Clément Cork l’avait invitée à dîner. La chaleur accablante de ce début août ne les atteignait pas, mais le regard de Corneille glissa sur elle comme un feu ardent.
    — Je suis navrée, dit-elle en caressant sa barbe d’une main tendre, navrée que les choses soient ce qu’elles sont aujourd’hui pour toi. Ce n’est pas non plus ce que je voulais.
    — Et que voulais-tu, Mary Read ? demanda-t-il en embrassant cette paume qui s’éternisait sur sa joue. Qui voulais-tu pour remplacer Niklaus ? Forbin ou moi ?
    — Personne n’a remplacé Niklaus.
    — Pas même Baletti ?
    Elle secoua la tête, troublée malgré elle par cette complicité de peau qu’elle retrouvait dans la douceur de sa bouche. Elle voulut ôter sa main pour en rester maître, mais Corneille dut s’en apercevoir. Il l’enlaça.
    — Ne fais pas ça, Corneille, murmura-t-elle, faible soudain de ce contact qui réveillait ses souvenirs.
    — Pourquoi ? Tu en as autant envie que moi. Epouse Baletti. Épouse-le, Mary Read, si cela te chante, mais appartiens-moi, gémit-il en cherchant ses lèvres.
    Elle ne se déroba pas.
    Corneille l’enleva dans ses bras pour ne pas rompre ce charme. Elle voulut parler mais il l’en empêcha d’un regard suppliant. Elle ferma les paupières et se laissa emmener jusqu’à sa chambre, reconnaissant l’odeur de sa peau par l’échancrure de sa chemise, s’étonnant brusquement que ses sens s’en souviennent et s’éveillent autant.
    Lorsqu’il la déposa sur la courtepointe après avoir repoussé la porte de son pied, elle comprit qu’il était trop tard pour revenir en arrière.
    Corneille la déshabilla sans hâte de cette unique main dont il savait jouer à plaisir, et la même émotion la gagna. Elle était incapable d’expliquer pourquoi, alors même qu’elle s’était cru éprise de Baletti, elle s’abandonnait ainsi. « Parce qu’il t’a appris que l’amour n’a ni maître ni loi », lui chuchota une petite voix dans sa conscience.
    Elle s’en contenta et se cabra sous le plaisir intense et infiniment sensuel que Corneille lui donna.
     
    Un silence gêné s’attarda entre eux, tandis que, apaisés l’un et l’autre, ils étaient encore blottis dans la même chaleur. Ce fut Corneille qui le brisa.
    — Junior me manque, dit-il simplement. Ne me l’enlève pas.
    — Je ne le ferai pas. Pas après tout ce que tu m’as raconté de votre entente. Ce serait injuste, pour lui comme pour toi.
    Il nicha ses lèvres dans son cou et elle se cambra contre ses reins. Corneille s’en amusa.
    — Tu as toujours réagi comme cela. Même la

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