Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La parade des ombres

La parade des ombres

Titel: La parade des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
Cela la ravit et tout à la fois la conforta. Elle ne pourrait vivre enfermée dans ce carcan-là.
     
    *
     
    — Retrouve-la ! beugla Emma. Retourne Venise, l’Adriatique, le monde entier s’il le faut, mais retrouve-la !
    — Je n’ai pas besoin de cela, assura Gabriel. Elle est sur le navire de Forbin, de toute évidence.
    — Imbécile ! Incapable ! l’injuria Emma en le giflant, prisonnière de sa colère et de sa frustration.
    Emma de Mortefontaine était exsangue. Depuis trois jours, depuis qu’elle avait découvert l’évasion de Mary, elle ne dormait plus, ne mangeait plus, ne vivait plus. Le manque lui déchirait le bas-ventre et le cœur, comme jamais encore cela n’avait été le cas.
    — Chien ! hurla-t-elle au comble de sa fureur. Débrouille-toi, engage des mercenaires, donne la chasse à ce corsaire, coule-le et ramène-la-moi ! Tu entends ? Je veux Mary Read !
    — Et moi, je veux que vous vous calmiez, s’emporta Gabriel, incapable d’en supporter davantage, et je connais le moyen pour ça.
    Il l’attira à lui violemment et l’embrassa. Emma le repoussa de la même manière.
    — De quel droit ! fulmina-t-elle en le labourant de coups.
    — Ça suffit, décida-t-il, il est grand temps qu’on t’apprenne d’autres lois.
    Emma de Mortefontaine eut beau se débattre, son mercenaire la coucha sur le sofa de l’appartement de l’ambassadeur et la viola.
    — Tu vas mourir pour avoir osé ça, lâcha-t-elle de longues minutes plus tard, la lèvre tuméfiée par la férocité des baisers de Gabriel.
    — Ça m’étonnerait, la nargua celui-ci en rajustant son pantalon.
    — Et pourquoi donc ? grinça-t-elle.
    Il lui saisit le bras durement pour la redresser et la plaquer contre lui.
    — Parce que tu as aimé ça, patronne. Je vais voir ce que je peux faire pour ta Mary, ajouta-t-il en la repoussant sans ménagement.
    Emma s’effondra sur le sofa, les sens bousculés et le corps en flammes. Aucun homme ne l’avait traitée de cette façon.
    Gabriel la toisa d’un sourire qu’elle jugea insupportable mais qui la troubla autant qu’il l’agaça.
    — Quand reviens-tu ? demanda-t-elle.
    Il ne répondit pas.
    À peine fut-il sorti qu’elle s’étira, apaisée. Gabriel avait raison. Elle avait aimé cela.
     
    *
     
    — Maman !
    Mary se dressa d’un bond sur le lit. Une belle clarté inondait la cabine par les larges vitres du gaillard d’arrière. Mary se contenta d’ouvrir ses bras, le cœur bondissant dans sa poitrine. Une fraction de seconde avait suffi pour que ses doutes, ses peurs disparaissent. Junior, son Junior, était là. Ils s’étreignirent et s’embrassèrent avidement.
    — Le capitaine a dit que tu étais guérie, dit-il.
    Il s’écarta d’elle et s’immobilisa devant ses larmes silencieuses.
    — Tu pleures ?
    — C’est la joie de te retrouver.
    Elle ne mentait pas. Ce bonheur, immense, la submergeait. Les yeux de Junior brillaient de mille étoiles. Elle en reconnaissait chaque constellation sans se tromper, même si son fils avait changé, grandi, forci, même si ses cheveux avaient poussé, même si sa voix était plus affirmée. Elle le reconnaissait avec ses doigts, avec son ventre, avec son âme. Elle l’attira de nouveau contre elle et le serra à le broyer.
    — Toi aussi, tu m’as manqué, dit-il en la couvrant de baisers. On ne se quitte plus, hein, maman ?
    — Jamais, mon chéri. Jamais.
    Elle n’en avait plus l’envie, plus la force. Elle aurait voulu lui dire pour Ann, lui faire partager cet espoir. Mais elle s’y refusa. Junior s’était remis de sa perte, à quoi bon rouvrir la blessure sans preuve. Elle-même s’interdisait d’y croire vraiment. Elle demeurait persuadée que c’était un nouveau piège d’Emma pour la tenir à sa merci.
    — On va partir chercher le trésor ? demanda Junior, le regard malicieux.
    — Je ne sais pas, mon chéri.
    — Il est où, Corneille ?
    — A Pantelleria. Il nous attend là-bas.
    Junior hocha la tête, soucieux soudain. Mary ne parvenait pas à se détacher de lui. Son simple contact avait réveillé en elle tout ce qu’elle avait voulu fuir. Elle comprenait que, aussi loin qu’elle aille, elle demeurerait toujours liée à lui. Il était sa chair, son sang. Sa faille. Elle avait essayé de se convaincre du contraire. Elle ne referait plus la même erreur.
    — Il pourrait revenir, suggéra-t-il.
    — La marine ne m’autorisera pas à rester sur un

Weitere Kostenlose Bücher