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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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Karasumaru – composé
de la poésie avec lui, célébré des cérémonies du thé, chassé les soucis de ce
monde. Avant d’avoir eu le temps de m’en apercevoir, j’avais passé trois années
à Kyoto. Récemment, je me suis lié d’amitié avec le seigneur Koide, du château
de Kishiwada, et suis venu avec lui jeter un coup d’œil à Edo.
    — Alors, vous n’êtes ici que
depuis peu ?
    — Oui. Bien que j’aie à deux
reprises rencontré Hidetada au Daitokuji, et été convoqué un certain nombre de
fois en présence d’Ieyasu, c’est mon premier voyage à Edo. Et toi ?
    — Je ne suis ici que depuis
le début de cet été.
    — Il semble que tu aies
beaucoup fait parler de toi dans la région.
    Musashi n’essaya pas de se
justifier. Il baissa la tête et dit :
    — Je suppose que vous êtes au
courant.
    Takuan le fixa quelques instants
du regard, l’air de le comparer au Takezō de jadis.
    — Pourquoi s’inquiéter de
cela ? Il serait curieux qu’un homme de ton âge eût trop bonne réputation.
Dès l’instant que tu n’as commis aucun acte de déloyauté ou de rébellion,
aucune ignominie, qu’est-ce que ça peut faire ? Il m’intéresse davantage
d’entendre parler de ton entraînement.
    Musashi donna un bref compte rendu
de ses récentes expériences, et termina en disant :
    — J’ai bien peur d’être
encore immature, imprudent – loin d’être vraiment éclairé. Plus
j’avance et plus la route s’allonge. J’ai le sentiment de grimper un
interminable sentier de montagne.
    — Il en doit aller ainsi, dit
Takuan, visiblement satisfait de l’intégrité et de l’humilité du jeune homme.
Si un homme de moins de trente ans prétend connaître quoi que ce soit de la
Voie, c’est le signe assuré que son développement s’est arrêté. Moi-même, je
tremble toujours de gêne quand on donne à entendre qu’un prêtre mal dégrossi
tel que moi pourrait connaître la signification suprême du Zen. C’est
déconcertant comme les gens me demandent toujours de leur parler de la Loi
bouddhiste ou de leur expliquer les véritables enseignements. Les gens
s’efforcent de voir dans un prêtre un Bouddha vivant. Félicite-toi qu’autrui ne
te surestime pas, — de n’avoir pas à te soucier des apparences.
    Tandis que les deux hommes
renouaient avec bonheur leur amitié, des serviteurs apportèrent de quoi manger
et boire. Bientôt, Takuan dit :
    — ... Que Votre Seigneurie
m’excuse. Je crains que nous n’oubliions quelque chose. Pourquoi ne faites-vous
pas entrer votre autre invité ?
    Musashi était maintenant certain
de savoir qui était la quatrième personne, mais il préféra garder le silence.
Avec une hésitation légère, Ujikatsu demanda :
    — Je le fais entrer ?
    Puis, à Musashi :
    — ... Je dois reconnaître que
vous avez percé à jour notre petite ruse. Moi qui l’ai organisée, j’ai un peu
honte.
    Takuan se mit à rire.
    — Un bon point pour
vous ! J’ai plaisir à voir que vous reconnaissez votre défaite. Mais
pourquoi pas ? Ce n’était là qu’un jeu destiné à l’amusement général,
n’est-ce pas ? Certainement rien qui pût faire perdre la face au maître du
style Hōjō.
    — Mon Dieu, il n’est pas
douteux que j’aie été vaincu, murmura Ujikatsu dont la voix restait contrariée.
A la vérité, l’on avait eu beau me dire quel genre d’homme vous êtes, je
n’avais aucun moyen de savoir à quel point au juste vous étiez bien entraîné et
discipliné. J’ai résolu d’en juger par moi-même, et mon autre invité a accepté
de m’aider. Quand vous vous êtes arrêté dans le couloir, il attendait en
embuscade, prêt à dégainer.
    Sa Seigneurie semblait regretter
d’avoir dû mettre Musashi à l’épreuve.
    — ... Mais vous vous êtes
rendu compte que l’on vous attirait dans un piège, et vous êtes venu par le
jardin. Puis-je vous demander pourquoi ?
    Musashi se contenta de sourire à
belles dents. Takuan prit la parole :
    — C’est toute la différence,
Votre Seigneurie, entre le stratège militaire et l’homme d’épée.
    — Vraiment ?
    — C’est affaire de réactions
instinctives : celle d’un spécialiste des questions militaires, fondée sur
des principes intellectuels, contre celle d’un homme qui suit la Voie du sabre,
fondée sur le cœur. Vous avez pensé que si vous conduisiez Musashi, il vous
suivrait. Or, sans être en mesure de voir véritablement ni de mettre le

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