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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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les
raisins sauvages. Ces yeux d’agate ressemblaient à ceux d’un lutin féroce.
    — Sale bête ! cria Iori.
Tu crois donc que je n’ai pas le moindre courage ; tu crois que même toi
peux me faire baisser les yeux. Eh bien, je vais te montrer ! Je ne vais
pas me laisser vaincre par toi.
    Avec une sombre détermination, il
foudroya du regard celui qui le foudroyait du regard. L’opossum, par entêtement
ou curiosité, ne prit pas la fuite. Ses yeux brillèrent davantage encore.
    Iori s’absorbait dans son effort
au point d’en oublier de respirer. Il se jura de nouveau de ne pas se laisser
vaincre par ce vulgaire animal. Après ce qui lui parut des heures, il se rendit
compte en un éclair qu’il avait triomphé. Les feuilles de la vigne frémirent,
et l’opossum disparut.
    « Ça
t’apprendra ! » exultait Iori. Il était trempé de sueur, mais se
sentait soulagé, rafraîchi. Il n’espérait qu’une chose : être capable de
renouveler son exploit la prochaine fois qu’il affronterait Musashi.
    Ayant baissé un store de roseaux
et éteint la lampe, il se coucha. L’herbe, au-dehors, reflétait une clarté d’un
blanc bleuâtre. Il s’assoupit, mais à l’intérieur de sa tête il croyait voir un
point minuscule, brillant comme un joyau. Avec le temps, le point grossit pour
devenir le vague contour de la face de l’opossum. S’agitant, gémissant, il eut
soudain la conviction qu’il y avait des yeux au pied de sa couche. Il se
réveilla péniblement.
    — ... Le gredin !
cria-t-il en tendant la main vers son sabre.
    Il porta un coup meurtrier qui
s’acheva en culbute. L’ombre de l’opossum était une tache mouvante sur le
store. Iori la pourfendit sauvagement puis s’élança dehors afin d’en user de
même avec la vigne. Il leva les yeux vers le ciel en quête de ceux de
l’opossum.
    Là, il vit deux grosses étoiles
bleuâtres.
     
     
     
Une seule lumière pour quatre sages
     
    — Nous y voici, dit Shinzō
comme ils arrivaient au pied de la colline d’Akagi.
    D’après la musique de flûte, qui
sonnait comme l’accompagnement d’une danse sacrée, et le feu de plein air visible
à travers bois, Musashi crut à une fête nocturne. Le voyage à Ushigome avait
duré deux heures.
    D’un côté s’étendait la spacieuse
enceinte du sanctuaire d’Akagi ; de l’autre côté de la rue en pente se
dressait le mur de terre d’une vaste résidence privée, et un portail aux
proportions magnifiques. Lorsqu’ils y parvinrent, Musashi descendit de sa
monture et tendit les rênes à Shinzō en le remerciant.
    Shinzō mena le cheval à
l’intérieur et le confia à un samouraï qui faisait partie d’un groupe en train
d’attendre auprès de l’entrée, des lanternes de papier à la main. Ils
s’avancèrent tous, lui souhaitèrent la bienvenue et ouvrirent la marche à
travers les arbres vers une clairière, devant l’imposant hall d’entrée. A
l’intérieur, des serviteurs portant des lanternes s’alignaient des deux côtés.
Le régisseur principal les accueillit en disant :
    — Entrez. Sa Seigneurie vous
attend. Je vais vous conduire.
    — Merci, répondit Musashi,
qui suivit le régisseur en haut d’un escalier puis dans une antichambre.
    La maison présentait une
disposition inhabituelle ; un escalier après l’autre menaient à une suite
d’appartements qui donnaient l’impression d’être empilés l’un au-dessus de
l’autre jusqu’en haut de la colline d’Akagi. En s’asseyant, Musashi observa que
la salle était située assez haut sur la pente. Au-delà d’une déclivité, en
bordure du jardin, il distinguait à peine la partie nord du fossé du château et
les bois qui encadraient l’escarpement. Il songea que dans la journée, la vue
de cette pièce devait être saisissante.
    Sans bruit, la porte voûtée
s’ouvrit. Une très belle jeune servante entra gracieusement et disposa devant
lui un plateau chargé de gâteaux, de thé, de tabac. Puis elle ressortit aussi silencieusement
qu’elle était entrée. On eût dit que son kimono et son obi de couleurs vives
s’étaient matérialisés puis fondus dans le mur même. Une légère fragrance
s’attarda après elle, et soudain Musashi se rappela que les femmes existaient.
Le maître de maison parut peu après, escorté d’un jeune samouraï. Passant sur
les formalités, il déclara :
    — C’est aimable à vous d’être
venu.
    A la mode militaire, il s’assit
jambes croisées sur un

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