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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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doigt
sur quoi que ce soit de précis, Musashi a flairé le danger et s’est protégé. Sa
réaction était spontanée, instinctive.
    — Instinctive ?
    — Comme une révélation du
Zen.
    — Avez-vous des prémonitions
pareilles ?
    — Je ne saurais vraiment vous
le dire.
    — En tout cas, cela m’a donné
une leçon. Un samouraï quelconque, flairant le péril, eût peut-être perdu la
tête ou pris prétexte du piège pour faire étalage de sa prouesse au sabre.
Quand j’ai vu Musashi retourner sur ses pas, chausser les sandales et traverser
le jardin, j’ai été profondément impressionné.
    Musashi gardait le silence ;
son visage ne révélait aucun plaisir particulier dû aux éloges du seigneur
Ujikatsu. Sa pensée allait vers l’homme qui restait debout dans le noir, laissé
en plan par une victime qui refusait de tomber dans le piège. Il dit à son
hôte :
    — Puis-je demander que le
seigneur de Tajima prenne place parmi nous ?
    — Quoi ?
    Ujikatsu était stupéfait, ainsi
que Takuan.
    — ... Comment le
saviez-vous ?
    Reculant pour donner la place
d’honneur à Yagyū Munenori, Musashi répondit :
    — Malgré l’obscurité, j’ai
senti la présence d’un maître inégalé du sabre. Compte tenu des autres
personnes présentes, je ne vois pas qui d’autre cela pourrait être.
    — Vous avez deviné de
nouveau ! s’écria Ujikatsu, abasourdi.
    Sur un signe de tête de sa part,
Takuan dit :
    — Le seigneur de Tajima.
Exact.
    Se tournant vers la porte, il
cria :
    — Votre secret est éventé,
seigneur Munenori ! Veuillez nous rejoindre.
    On entendit un éclat de rire, et
Munenori parut sur le seuil. Au lieu de s’installer confortablement devant
l’alcôve, il s’agenouilla face à Musashi et le salua comme un égal,
disant :
    — Mon nom est Mataemon
Munenori. J’espère que vous vous souviendrez de moi.
    — C’est un honneur que de
vous rencontrer. Je suis un rōnin de Mimasaka, du nom de Miyamoto Musashi.
Je forme des vœux pour que vous me conseilliez à l’avenir.
    — Kimura Sukekurō m’a
parlé de vous il y a quelques mois, mais à l’époque la maladie de mon père
m’occupait fort.
    — Comment va le seigneur Sekishūsai ?
    — Mon Dieu, il est très âgé.
Il n’y a pas moyen de savoir...
    Après un bref silence, il reprit
avec une cordialité chaleureuse :
    — ... Mon père m’a parlé de
vous dans une lettre, et Takuan vous a mentionné devant moi plusieurs fois. Je
dois dire que votre réaction, voilà quelques minutes, était admirable. Si vous
n’y voyez pas d’inconvénient, je crois que nous devrions considérer la passe
d’armes que vous avez demandée comme ayant eu lieu. J’espère que ma façon peu
orthodoxe de l’exécuter ne vous a pas offensé.
    Musashi eut une impression
d’intelligence et de maturité tout à fait conforme à la réputation du daimyō.
    — Je suis confus de votre
sollicitude, répondit-il en s’inclinant très bas.
    Sa manifestation de respect était
bien naturelle : le rang du seigneur Munenori, tellement supérieur à celui
de Musashi, le situait pour ainsi dire dans un autre monde. Bien que son fief
ne s’élevât qu’à cinquante mille boisseaux, sa famille de magistrats provinciaux
était célèbre depuis le X e siècle.
Pour la plupart des gens, il eût paru étrange de trouver l’un des instructeurs
du shōgun dans la même pièce que Musashi, a fortiori de l’entendre
s’adresser à lui sur un mode amical et détendu. Musashi avait le soulagement de
constater que ni Ujikatsu, érudit et membre de la garde du shōgun, ni
Takuan, ancien prêtre de campagne, n’éprouvaient la moindre contrainte en
raison du rang de Munenori.
    L’on apporta du saké chaud ;
l’on échangea des coupes ; conversation et rire s’ensuivirent. On oublia
les différences d’âge et de classe. Musashi savait qu’il était accepté dans ce
cercle choisi non point à cause de son rang. Il cherchait la Voie tout comme
eux. C’était la Voie qui permettait une aussi libre camaraderie. A un certain
moment, Takuan posa sa coupe et demanda à Musashi :
    — Qu’est devenue
Otsū ?
    Rougissant légèrement, Musashi
répondit qu’il ne l’avait vue ni eu la moindre nouvelle d’elle depuis quelque
temps.
    — Pas la moindre
nouvelle ?
    — Pas la moindre.
    — Dommage. Tu ne peux la
planter là éternellement, tu sais. Ça n’est pas bon pour toi non plus.
    — Cette Otsū est-elle la
jeune fille

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