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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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en
parlez, j’ai cru reconnaître votre voix. N’êtes-vous pas Takuan Sōhō
de Tajima ?
    La mémoire de Takuan lui revint.
Rapprochant la lampe du visage de l’homme, il dit :
    — Vous êtes Aoki Tanzaemon,
n’est-ce pas ?
    — Alors, vous êtes bien
Takuan ! Oh ! je voudrais me glisser dans un trou de souris pour
cacher cette misérable chair !
    — Que c’est étrange, de nous rencontrer
dans un pareil endroit ! Près de dix ans se sont écoulés depuis l’époque
du Shippōji, n’est-ce pas ?
    — Penser à cette époque me
donne froid dans le dos.
    Avec raideur il ajouta :
    — ... Maintenant que j’en
suis réduit à errer dans les ténèbres, ce misérable sac d’os ne tient debout
que grâce à la pensée de mon fils.
    — Vous avez un fils ?
    — On m’a dit qu’il était avec
cet homme que l’on avait ligoté dans le vieux cryptomeria. Takezō, c’est
bien ça ? Il paraît qu’on l’appelle maintenant Miyamoto Musashi. L’on
raconte que tous deux sont venus dans l’Est.
    — Vous voulez dire que votre
fils est le disciple de Musashi ?
    — Voilà ce que l’on raconte.
J’avais tellement honte ! Je ne pouvais affronter Musashi ; aussi
ai-je résolu de chasser l’enfant de mon esprit. Mais aujourd’hui... il a
dix-sept ans cette année. Si seulement je pouvais le voir une seule fois, voir
quel genre d’homme il va devenir, je serais prêt à accepter la mort.
    — Ainsi, Jōtarō est
votre fils. Je l’ignorais, dit Takuan.
    Tanzaemon acquiesça de la tête.
Dans ce corps desséché, rien ne rappelait plus le fier capitaine qui convoitait
Otsū. Takuan le considérait avec pitié, peiné de le voir aussi tourmenté
par le remords.
    Se rendant compte que malgré ses
habits de prêtre il lui manquait jusqu’au réconfort de la foi religieuse,
Takuan décida que la première chose à faire était de l’amener face à face avec
le Bouddha Amida, dont l’infinie compassion sauve même ceux qui sont coupables
des dix méfaits et des cinq péchés mortels. Une fois guéri de son désespoir, il
aurait tout le temps de rechercher Jōtarō. Takuan lui donna le nom
d’un temple zen d’Edo.
    — ... Si vous leur dites que
c’est moi qui vous envoie, ils vous garderont aussi longtemps que vous le
souhaiterez. Dès que j’en aurai le temps, je viendrai, et nous aurons une
longue conversation. J’ai une idée de l’endroit où se trouve peut-être votre
fils. Je ferai tout mon possible pour que vous le voyiez dans un assez proche
avenir. D’ici là, cessez de broyer du noir. Même à plus de cinquante ou
soixante ans, l’homme peut encore connaître le bonheur, voire faire œuvre
utile. Vous avez peut-être encore nombre d’années à vivre. Discutez-en avec les
prêtres quand vous serez au temple.
    Takuan mit Tanzaemon à la porte,
sans cérémonie et sans manifester la moindre sympathie ; mais Tanzaemon
eut l’air d’apprécier cette attitude exempte de sentimentalité. Après maintes
révérences de gratitude, il prit son chapeau de roseaux et son shakuhachi ,
et partit.
    De crainte de glisser, Tanzaemon
choisit de traverser le bois où le sentier était moins abrupt. Bientôt, sa
canne heurta un obstacle. Il tâtonna, et eut la surprise de trouver deux corps
qui gisaient sans mouvement sur le sol humide. Il revint en hâte à la
cabane :
    — Takuan ! Pouvez-vous
m’aider ? Dans le bois, j’ai trouvé deux jeunes garçons évanouis.
    Takuan sortit. Tanzaemon
poursuivait :
    — ... Je n’ai pas de
médicaments sur moi, et je n’y vois pas assez pour aller leur chercher de
l’eau.
    Takuan enfila ses sandales et cria
vers le bas de la colline. Sa voix portait. Un fermier répondit, lui demandant
ce qu’il voulait. Takuan lui dit d’apporter une torche, des renforts et de
l’eau. En attendant, il déclara à Tanzaemon que la route constituait le
meilleur chemin, la lui décrivit en détail. A mi-pente, Tanzaemon croisa les
hommes qui montaient.
    Quand Takuan arriva avec les
fermiers, Jōtarō, revenu à lui, était assis sous un arbre, l’air
hébété. La main sur le bras d’Iori, il se demandait s’il devait le ranimer pour
apprendre ce qu’il voulait savoir, ou décamper. A la torche, il réagit comme une
bête nocturne, les muscles tendus, prêt à fuir.
    — Que se passe-t-il ?
demanda Takuan.
    Comme il y regardait de plus près,
son intérêt inquisiteur se mua en surprise, une surprise égale à celle de
Jōtarō. Le jeune homme

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