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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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mère,
laquelle en cet instant lui était fort chère. Si seulement il ne l’avait jamais
quittée, il ne serait pas ici maintenant. Il évoqua aussi d’autres
femmes : Okō, Akemi, Otsū, d’autres qu’il avait aimées ou avec
lesquelles il avait folâtré. Mais sa mère était la seule femme qu’il brûlât
vraiment de voir. Si seulement on lui donnait la chance de continuer à vivre, il
était sûr de ne jamais plus s’opposer à sa volonté, de ne jamais plus manquer
de piété filiale.
    Il eut à la nuque une sensation de
fraîcheur humide. Il leva les yeux vers trois oies sauvages qui volaient à tire
d’aile en direction de la baie, et les envia.
    Le besoin de prendre son essor le
démangeait. Et pourquoi non ? Il n’avait rien à perdre. Si on le
rattrapait, il ne serait pas en plus mauvaise posture qu’il ne l’était
maintenant. Il jeta au portail, de l’autre côté de la rue, un coup d’œil désespéré.
Pas trace de Takuan.
    Il se releva d’un bond et prit ses
jambes à son cou.
    — Halte !
    La seule puissance de cette voix
suffisait à lui enlever son courage. Il tourna la tête et vit l’un des
bourreaux du commissaire. L’homme s’avança et abattit son long gourdin sur
l’épaule de Matahachi qu’il terrassa d’un seul coup ; puis il le plaqua au
sol avec le gourdin comme un enfant plaquerait au sol une grenouille avec un
bâton.
    Quand Takuan ressortit de la
résidence du commissaire, il était accompagné de plusieurs gardes, dont un
capitaine. Ils faisaient sortir un autre prisonnier, lié par une corde.
    Le capitaine choisit le lieu de
l’exécution, et deux nattes de roseaux neuves furent étendues à terre.
    — On y va ? demanda-t-il
à Takuan, lequel acquiesça de la tête.
    Tandis que le capitaine et le
prêtre s’asseyaient sur des tabourets pour regarder, le bourreau cria :
« Debout ! » et leva son gourdin. Matahachi se releva
péniblement, mais il était trop faible pour marcher. Le bourreau, irrité,
l’empoigna par le dos de sa robe et le traîna vers une des nattes.
    Il s’assit. Sa tête roula sur sa
poitrine. Il entendait des voix, mais indistinctes, comme séparées de lui par
un mur.
    En entendant chuchoter son nom, il
leva des yeux surpris.
    — Akemi ! haleta-t-il.
Qu’est-ce que tu fais là ?
    Elle était agenouillée sur l’autre
natte.
    — Silence !
    Deux des gardiens se servirent de
leurs gourdins pour les séparer. Le capitaine se leva et se mit à lire les
jugements et sentences officiels, d’un ton sévère et digne. Akemi retenait ses
larmes, mais Matahachi pleurait sans vergogne. Le capitaine, ayant terminé,
s’assit et cria :
    — Frappez !
    Deux gardiens subalternes,
porteurs de longues badines de bambou fendu, se mirent majestueusement en
position pour frapper le dos des captifs.
    — Un. Deux. Trois,
comptaient-ils.
    Matahachi gémissait. Akemi, la
tête inclinée et le visage livide, serrait les dents de toutes ses forces pour
supporter la douleur.
    — ... Sept. Huit. Neuf.
    Les badines se cassaient ;
l’on eût dit qu’elles fumaient du bout. Quelques passants s’arrêtèrent au bord
du terrain pour regarder.
    — Qu’est-ce qui se
passe ?
    — Deux prisonniers qu’on
punit, on dirait.
    — Cent coups, probablement.
    — Ils n’en sont même pas
encore à cinquante.
    — Doit faire mal.
    Un gardien s’approcha et les fit
sursauter en frappant violemment le sol de son gourdin :
    — Filez. Vous n’avez pas le
droit de rester là.
    Les badauds s’éloignèrent à
distance respectueuse, et, se retournant, virent que le châtiment était
terminé. Les gardiens rejetaient ce qui restait de leurs badines, et essuyaient
leur visage en sueur.
    Takuan se leva. Le capitaine était
déjà debout. Ils échangèrent des politesses, et le capitaine reconduisit ses
hommes à la résidence du commissaire. Takuan resta immobile plusieurs minutes,
à regarder les silhouettes courbées sur les nattes. Il ne dit rien avant de
s’éloigner.
    Le shōgun lui avait fait un
certain nombre de cadeaux ; il les avait donnés à divers temples zen de la
ville. Pourtant, à Edo, les langues allaient bon train. Selon la rumeur,
c’était un prêtre ambitieux qui se mêlait de politique. A moins que l’un des Tokugawa
ne l’eût persuadé d’espionner la faction d’Osaka.
    Ces rumeurs laissaient Takuan
indifférent. Bien qu’il se souciât fort du bonheur de la nation, peu lui
importait que les châteaux d’Edo et

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