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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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sanglotait
Matahachi, cramponné aux genoux de Takuan.
    Ce dernier se leva et l’écarta
d’un coup de pied.
    — Idiot ! cria-t-il
d’une voix terrible.
    Ses yeux étaient d’une
indescriptible férocité : un Bouddha refusant que l’on s’accrochât à lui,
un terrifiant Bouddha refusant de sauver même celui qui se repentait.
    Durant une ou deux secondes,
Matahachi soutint ce regard avec ressentiment. Puis sa tête retomba, résignée,
et son corps fut secoué de sanglots.
    Takuan prit le rasoir au sommet du
tas de bois, et en toucha légèrement la tête de Matahachi.
    — ... Puisque tu vas mourir,
autant mourir en disciple du Bouddha. Par amitié, je t’y aiderai. Ferme les
yeux, et assieds-toi silencieusement les jambes croisées. La ligne de
démarcation entre la vie et la mort est aussi fine qu’une paupière. La mort n’a
rien d’effrayant, rien qui vaille des larmes. Ne pleure pas, mon enfant, ne
pleure pas. Takuan va te préparer à mourir.
     
    La salle où se réunissait le
Conseil des Anciens du shōgun pour discuter des affaires de l’Etat se
trouvait isolée du reste du château d’Edo. Cette chambre secrète était de toutes
parts entourée d’autres salles et de couloirs. Chaque fois qu’il fallait recevoir
une décision du shōgun, ou bien les ministres allaient dans cette salle
d’audience, ou bien ils envoyaient une pétition dans un coffret laqué. Billets
et réponses avaient fait la navette avec une fréquence inhabituelle ;
Takuan et le seigneur Hōjō avaient été admis à plusieurs reprises
dans la chambre où ils restaient souvent à délibérer durant la journée entière.
    Ce jour-là, dans une autre salle,
moins isolée mais non moins bien gardée, les ministres avaient entendu le
rapport de l’envoyé à Kiso.
    Il déclara que bien qu’il n’y eût
eu aucun retard dans l’exécution de l’ordre d’arrestation de Daizō, ce
dernier s’était échappé après avoir fermé son établissement de Narai, en emportant
tout ce qu’il possédait. Une perquisition avait mis au jour une quantité
substantielle d’armes et de munitions, plus quelques documents qui avaient
échappé à la destruction. Ces papiers comprenaient un échange de lettres avec
des partisans de Toyotomi à Osaka. L’émissaire avait organisé l’expédition de
ces documents vers la capitale du shōgun, puis regagné Edo par cheval
rapide.
    Les ministres se faisaient l’effet
de pêcheurs qui ont jeté un grand filet sans prendre un seul vairon. Le
lendemain même, un vassal du seigneur Sakai, membre du Conseil des Anciens, fit
un autre genre de rapport :
    — Conformément aux
instructions de Votre Seigneurie, Miyamoto Musashi a été libéré. Il a été remis
à un certain Musō Gonnosuke, à qui nous avons expliqué en détail l’origine
du malentendu.
    Le seigneur Sakai se hâta d’en
informer Takuan, qui répondit avec légèreté :
    — Bien aimable à vous.
    — Veuillez prier votre ami
Musashi de ne pas trop nous en vouloir, dit le seigneur Sakai d’un ton
d’excuse, gêné qu’il était de l’erreur commise sur le territoire soumis à sa
juridiction.
    L’un des problèmes les plus rapidement
résolus fut celui de la base d’opérations de Daizō à Edo. Des hommes du
Commissaire de cette ville effectuèrent une descente à la boutique de prêts sur
gages de Shibaura, et confisquèrent tout, biens et documents secrets. Lors de
l’opération, l’infortunée Akemi fut arrêtée, bien qu’elle ignorât tout des
projets de son patron. Reçu en audience par le shōgun, un soir, Takuan
relata ce qu’il savait. Il termina en disant :
    — Je vous en prie, n’oubliez
pas un seul instant qu’il y a bien d’autres Daizō de Narai en ce monde.
    Hidetada accueillit cette mise en
garde en acquiesçant vigoureusement du chef.
    — ... Si vous essayez de
débusquer tous ces hommes et de les traduire en justice, poursuivit Takuan,
vous perdrez tout votre temps et tous vos efforts à lutter contre les insurgés.
Vous ne pourrez accomplir la grande œuvre que l’on attend de vous en tant que
successeur de votre père.
    Le shōgun perçut la vérité
des propos de Takuan, et prit à cœur d’en tenir compte :
    — Que les châtiments soient
légers, ordonna-t-il. Etant donné que vous avez dénoncé la conspiration, je
vous laisse le soin de décider des peines.
    Après avoir exprimé ses remerciements
sincères, Takuan déclara :
    — Sans en avoir eu la

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