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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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moindre
intention, je m’aperçois que je suis ici, au château, depuis plus d’un mois.
Maintenant, il est temps de partir. J’irai à Koyagyū, dans la province de
Yamato, voir le seigneur Sekishūsai. Puis je reviendrai au Daitokuji, en
passant par le district de Senshu.
    La mention de Sekishūsai
parut évoquer d’agréables souvenirs à Hidetada.
    — Comment va ce vieux Yagyū ?
demanda-t-il.
    — Hélas ! on me dit que
le seigneur Munenori croit que la fin est proche.
    Hidetada évoqua une époque où il
avait été au camp de Shōkokuji, et où Sekishūsai avait été reçu par
Ieyasu. Hidetada était un enfant alors, et le comportement viril de Sekishūsai
lui avait fait une impression profonde. Takuan rompit le silence :
    — Il y a une autre question,
déclara-t-il. Ayant consulté le Conseil des Anciens et avec son autorisation,
le seigneur Hōjō d’Awa et moi-même avons recommandé un samouraï du
nom de Miyamoto Musashi pour être instructeur dans la maison de Votre
Excellence. J’espère que vous considérerez cette recommandation d’un œil
favorable.
    — J’ai été informé de cette
affaire. On dit que la Maison de Hosokawa s’intéresse à ce jeune homme, ce qui
plaide fort en sa faveur. J’ai décidé qu’il serait bon de nommer un instructeur
supplémentaire.
     
    Takuan allait quitter le château
le lendemain ou le surlendemain ; entre-temps, il acquit un nouveau
disciple. Il se rendit au bûcher, derrière le bureau de l’inspecteur, et se fit
ouvrir la porte par un des aide-cuisiniers ; la lumière tomba sur une tête
fraîchement rasée. Temporairement aveuglé, l’apprenti qui se croyait un homme
condamné, leva lentement les yeux et fit :
    — Ah !
    — Viens, dit Takuan.
    Vêtu de l’habit de prêtre que lui
avait envoyé Takuan, Matahachi se leva en chancelant sur des jambes
flageolantes. Takuan l’entoura doucement de son bras, et l’aida à sortir du
bûcher.
    L’heure du jugement avait sonné.
Derrière ses paupières, fermées par la résignation, Matahachi voyait la natte
de roseaux sur laquelle il serait forcé de s’agenouiller avant que le bourreau
ne levât son sabre. Il semblait avoir oublié que les traîtres subissaient une
mort ignominieuse : la pendaison. Des larmes roulaient sur ses joues
rasées de frais.
    — ... Peux-tu marcher ?
demanda Takuan.
    Matahachi crut qu’il répondait ;
en fait, aucun son ne sortit de ses lèvres. Il eut à peine conscience de
franchir les portes du château et de traverser les ponts qui enjambaient les
fossés intérieur et extérieur. Cheminant péniblement, lugubrement à côté de
Takuan, il était l’image même du mouton proverbial que l’on mène à l’abattoir.
« Gloire au Bouddha Amida, gloire au Bouddha Amida... » En silence,
il répétait l’invocation au Bouddha d’Eternelle Lumière.
    Matahachi plissa les yeux pour
regarder, au-delà du fossé externe, de majestueuses résidences de daimyōs.
Plus loin vers l’est s’étendait le village de Hibiya ; par-delà, on
apercevait les rues du quartier central. Matahachi ferma les yeux et répéta rapidement :
    — Gloire au Bouddha Amida,
gloire au Bouddha Amida...
    Cette prière devint d’abord
audible, puis de plus en plus forte, de plus en plus rapide.
    — Dépêche-toi, dit sévèrement
Takuan.
    A partir du fossé, ils tournèrent
en direction d’Otemachi, et coupèrent en diagonale à travers un grand terrain
vague. Matahachi avait l’impression d’avoir déjà parcouru des centaines de
kilomètres. La route allait-elle tout bonnement continuer ainsi jusqu’en enfer,
la lumière du jour peu à peu remplacée par les ténèbres ?
    — ... Attends ici, ordonna
Takuan.
    Ils étaient au milieu d’un terrain
plat, découvert ; de l’eau boueuse coulait du pont de Tokiwa dans le
fossé. De l’autre côté de la rue se dressait un mur en terre, plâtré de fraîche
date. Au-delà, c’étaient la palissade de la nouvelle prison et un groupe de
bâtiments noirs qui ressemblaient à des maisons citadines ordinaires, mais
constituaient en réalité la résidence officielle du Commissaire d’Edo.
    Les jambes tremblantes de
Matahachi ne le soutenaient plus. Il s’affala par terre.
    Fuir ? Ni ses pieds ni ses
mains n’étaient liés. Mais non, se dit-il, il ne pouvait s’en tirer. Si le shōgun
décidait de l’arrêter, il n’y aurait ni feuille ni brin d’herbe derrière quoi
se cacher.
    Dans son cœur il appela sa

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