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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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de la falaise, entasser pierres et terre sous les branches. Tout en
songeant que ces deux marchands voyageaient beaucoup, et par conséquent
connaissaient mieux que personne les aléas du voyage, il était un peu surpris.
Rares étaient leurs pareils qui se souciaient assez d’autrui pour se donner la
peine de réparer un pont.
    Iori ne réfléchissait pas à la
question. Impressionné par leur étalage d’altruisme, il les aidait en ramassant
des pierres à leur intention.
    — Ça devrait aller, dit
Gensuke, qui posa le pied sur le pont, conclut qu’il était sûr et dit à
Gonnosuke : Je passe en premier.
    Les bras écartés pour assurer son
équilibre, il passa rapidement de l’autre côté puis fit signe à ses compagnons
de le suivre. Sur les instances de Sugizō, Gonnosuke le suivit, Iori sur
ses talons. Ils n’étaient pas tout à fait au milieu lorsqu’ils laissèrent
échapper un cri de surprise. Devant eux, Gensuke les menaçait d’une lance.
Gonnosuke regarda derrière lui, et vit que Sugizō s’était lui aussi muni
d’une lance.
    « D’où viennent ces
lances ? » se demanda Gonnosuke. Il jura et se mordit les lèvres de
colère, devant cette situation délicate.
    — Gonnosuke, Gonnosuke...
    Dépassé par les événements, Iori
se cramponnait à la taille de son ami tandis que ce dernier, entourant le
garçon de son bras, fermait un instant les yeux et confiait sa vie à la volonté
du ciel.
    — ... Les gredins !
    — Silence ! cria le
prêtre, qui se tenait plus haut sur la route, derrière Gensuke, l’œil gauche
noir et enflé.
    — Reste calme, dit Gonnosuke
à Iori d’un ton apaisant.
    Puis il cria :
    — ... Ainsi, vous êtes
derrière cela ! Eh bien, prenez garde, espèces de sales voleurs !
Cette fois, vous vous êtes trompés d’adresse !
    Le prêtre considéra froidement
Gonnosuke.
    — Tu ne vaux pas la peine
qu’on te vole. Nous le savons. Si tu n’es pas plus malin que ça, à quoi bon
essayer d’être un espion ?
    — Tu me traites
d’espion ?
    — Chien de Tokugawa !
Jette ce gourdin. Mets les mains derrière le dos. Et n’essaie pas de jouer au
plus fin.
    — Ah ! soupira
Gonnosuke, comme si la volonté de se battre l’abandonnait. Ecoutez-moi :
vous vous trompez. Je viens bien d’Edo, mais je ne suis pas un espion. Je
m’appelle Musō Gonnosuke. Je suis un shugyōsha .
    — Trêve de mensonges.
    — Qu’est-ce qui vous fait
croire que je suis un espion ?
    — Nos amis de l’Est nous ont
dit, voilà quelque temps, de nous méfier d’un homme qui voyage avec un jeune
garçon. Tu es envoyé ici par le seigneur Hōjō d’Awa, n’est-ce
pas ?
    — Non.
    — Lâche ce bâton et suis-nous
sans résistance.
    — Je n’ai l’intention de vous
suivre nulle part.
    — Alors, tu vas mourir ici
même.
    Gensuke et Sugizō se
rapprochaient d’eux par l’avant et l’arrière, lances pointées.
    Pour mettre Iori hors de danger,
Gonnosuke le poussa dans le dos. Avec un cri aigu, Iori plongea dans les
buissons qui tapissaient le fond du ravin.
    Gonnosuke tonna :
« Ya-a-ah ! » et se jeta sur Sugizō.
    Pour être efficace, la lance a
besoin d’espace et d’un bon synchronisme. Sugizō tendit le bras pour
frapper mais manqua l’instant exact. Son fer ne rencontra que l’air. Gonnosuke
se rua sur lui et il tomba en arrière, son adversaire au-dessus de lui. Quand Sugizō
tenta de se relever, Gonnosuke lui envoya son poing en pleine figure. Sugizō
montra les dents mais l’effet était grotesque : sa face était déjà une
bouillie sanglante. Gonnosuke se releva, et se servit de la tête de Sugizō
comme d’un tremplin pour gagner l’extrémité du pont. Le gourdin brandi, il
cria :
    — ... Je vous attends ici,
espèces de lâches !
    Au moment même où il criait, trois
cordes se glissèrent en haut de la pente d’herbe. L’une s’enroula autour du
bras de Gonnosuke, l’autre autour de ses jambes, et la troisième autour de son
cou. Un instant plus tard, une quatrième corde s’enroula autour de son bâton.
    Gonnosuke se tortilla comme un
insecte pris dans une toile d’araignée, mais pas longtemps. Une demi-douzaine
d’hommes s’élancèrent hors des bois, derrière lui. Il fut bientôt par terre,
réduit à l’impuissance, ficelé plus serré qu’un ballot de paille. A l’exception
du prêtre peu amène, tous ses ravisseurs étaient vêtus en marchands de corde.
    — Pas de chevaux ?
demanda le prêtre. Je ne

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