Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
Vom Netzwerk:
homme de l’ombre, guettant
le moment propice pour regagner le centre des affaires du pays. Il ne fallait
pas beaucoup d’imagination pour se représenter des hôtes en train de rapporter
ensuite ses sentiments au gouvernement Tokugawa.
    Des pas s’approchèrent le long du
corridor extérieur. Le petit homme mince qui pénétra dans la pièce portait un
manteau sans manches, avec uniquement un sabre court sur le devant de son obi.
Il respirait la modestie. Tombant à genoux et se prosternant, Yukimura
dit :
    — Pardonnez-moi d’avoir
envoyé mon fils vous chercher et d’avoir interrompu votre voyage.
    Cette manifestation d’humilité
rendait Sado mal à l’aise. Du point de vue légal, Yukimura avait renoncé à son
rang. Il n’était maintenant qu’un rōnin qui avait pris le nom bouddhiste
de Denshin Gessō. Il n’en était pas moins fils de Sanada Masayuki, et son
frère aîné, Nobuyuki, était un daimyō étroitement lié aux Tokugawa. Simple
vassal, Sado était d’un rang bien inférieur.
    — Il ne faut pas vous
prosterner devant moi de la sorte, protesta-t-il en rendant le salut. C’est un
honneur et un plaisir inattendus que de vous rencontrer de nouveau. Je suis
content de voir que vous êtes en bonne santé.
    — Vous paraissez l’être
aussi, répondit Yukimura qui se détendait alors que Sado se trouvait encore
prosterné. Je suis content d’apprendre que le seigneur Tadatoshi a bien regagné
Buzen.
    — Merci. Voilà trois ans que
le seigneur Yūsai est décédé ; aussi a-t-il pensé que le moment était
venu.
    — Il y a si longtemps ?
    — Oui. Je suis allé moi-même
à Buzen, bien que je n’aie aucune idée de l’utilité que peut avoir pour le
seigneur Tadatoshi une relique telle que moi. J’ai servi son père et son grand-père
également, comme vous savez.
    Une fois terminées les civilités,
lorsqu’ils se mirent à parler de choses et d’autres, Yukimura demanda :
    — Avez-vous vu notre maître
du Zen, ces temps-ci ?
    — Non, voilà quelque temps
que je n’ai pas vu Gudō, et que je suis sans nouvelles de lui. Cela me
rappelle que c’est dans sa salle de méditation que je vous ai rencontré pour la
première fois. Vous n’étiez qu’un enfant alors, et vous vous trouviez avec
votre père.
    Sado souriait, heureux d’évoquer
l’époque où il avait été chargé de construire le Shupoin, un édifice dont les
Hosokawa avaient fait don au Myōshinji.
    — Ils étaient nombreux à
venir trouver Gudō pour se faire arrondir les angles, dit Yukimura. Il les
acceptait tous, jeunes ou vieux, daimyōs ou rōnins.
    — En réalité, je crois qu’il
aimait surtout les jeunes rōnins, dit Sado, rêveur. Il avait coutume de
déclarer qu’un véritable rōnin ne recherchait pas la renommée ou le
profit, ne s’insinuait pas dans les bonnes grâces des puissants, n’essayait pas
d’utiliser le pouvoir politique à ses propres fins, ne se dispensait pas des
jugements moraux. Plutôt, il était aussi large d’esprit que les nuées
flottantes, aussi prompt à l’action que la pluie, et parfaitement satisfait au
sein de la pauvreté. Jamais il ne se fixait de buts, et jamais il ne
nourrissait de rancunes.
    — Après tant d’années, vous
vous souvenez de cela ? demanda Yukimura.
    Sado acquiesça très légèrement de
la tête.
    — Il assurait aussi qu’un
vrai samouraï est aussi difficile à trouver qu’une perle dans la vaste mer
bleue. Les os enfouis des innombrables rōnins qui sacrifièrent leur vie
pour le bien du pays, il les comparait à des colonnes soutenant la nation.
    Ce disant, Sado regardait Yukimura
droit dans les yeux ; mais ce dernier ne parut pas saisir l’allusion aux
hommes du rang que lui-même avait adopté.
    — A propos, dit-il, l’un des rōnins
assis aux pieds de Gudō à l’époque était un jeune homme de Mimasaka du nom
de Miyamoto...
    — Miyamoto Musashi ?
    — C’est cela, Musashi. Il me
donnait l’impression d’être un homme d’une grande profondeur, bien qu’il n’eût
qu’une vingtaine d’années dans ce temps-là, et son kimono était toujours
dégoûtant.
    — Ce doit être lui.
    — Alors, vous vous le
rappelez ?
    — Non ; je n’ai entendu
parler de lui que récemment, quand j’étais à Edo.
    — C’est un homme à suivre. Gudō
disait que sa façon d’aborder le Zen était prometteuse ; aussi, je gardais
un œil sur lui. Et puis, il a disparu soudain. Un an ou deux plus tard,

Weitere Kostenlose Bücher