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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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nuire.
    Si,
entouré de bêtes féroces
    Aux
défenses acérées, aux griffes effrayantes,
    Il
pense au pouvoir de Kannon... »
     
    Osugi entonnait le Sutra de
Kannon . Seule, la voix de la bodhisattva lui était perceptible. Mains
jointes, elle se trouvait maintenant à son aise ; ses lèvres tremblaient
tandis que les paroles sacrées s’en déversaient. Frappée d’un sentiment
bizarre, Osugi abandonna sa psalmodie pour mettre l’œil à une fente.
    — ... Qui est là ?
cria-t-elle. Je vous demande qui vous êtes.
    Le vent avait arraché à Otsū
sa cape de pluie. Hagarde, épuisée, couverte de boue, elle se pencha pour
crier :
    — Tout va bien,
grand-mère ? C’est Otsū.
    — Qui avez-vous dit ?
demanda Osugi, soupçonneuse.
    — J’ai dit que c’est
Otsū.
    — Je vois.
    Il s’écoula un long temps mort
avant la question suivante, incrédule :
    — ... Que voulez-vous
dire : vous êtes Otsū ?
    Pour la première fois Osugi sentit
ses convictions religieuses chanceler.
    — ... Pou... pourquoi es-tu
venue ? Ah ! je sais. Tu cherches ce démon de Jōtarō !
    — Non. Je viens à votre
secours, grand-mère. Je vous en prie, oubliez le passé. Je me rappelle combien
vous étiez bonne pour moi quand j’étais petite. Ensuite, vous vous êtes
retournée contre moi pour essayer de me faire du mal. Je ne vous en garde pas
rancune. Je reconnais que j’étais très entêtée.
    — Ah ! ainsi tes yeux
sont ouverts, maintenant, et tu vois la vilenie de ta conduite. C’est bien
ça ? Veux-tu dire par là que tu souhaiterais réintégrer la famille
Hon’iden en tant qu’épouse de Matahachi ?
    — Oh ! non, pas ça,
répondit rapidement Otsū.
    — Alors, que fais-tu
ici ?
    — J’avais tant de peine pour
vous que je n’ai pu le supporter.
    — Et maintenant, tu veux me
créer des obligations envers toi. C’est bien là ce que tu essaies de faire,
n’est-ce pas ?
    Otsū était trop choquée pour
souffler mot.
    — ... Qui t’a priée de venir
à mon secours ? Pas moi ! Et maintenant, je n’ai pas besoin de ton
aide. Si tu crois qu’en me rendant service tu peux faire cesser ma haine envers
toi, tu te trompes. Ça m’est égal, d’être en mauvaise posture ; j’aime
mieux mourir que de perdre mon honneur.
    — Mais, grand-mère, comment
pouvez-vous supposer que je laisse une personne de votre âge dans un terrible
endroit comme celui-ci ?
    — La voilà bien, avec ses
paroles mielleuses ! Crois-tu donc que je ne sache pas ce que vous
manigancez, toi et Jōtarō ? Tous deux, vous avez comploté de
m’enfermer dans cette caverne pour vous moquer de moi, et, quand je serai
sortie, je me vengerai. Tu peux en être sûre.
    — Je suis sûre que le jour
est tout proche où vous comprendrez mes véritables sentiments. Quoi qu’il en
soit, vous ne pouvez rester là-dedans. Vous allez tomber malade.
    — Je suis lasse de ces
absurdités.
    Otsū se redressa, et
l’obstacle qu’elle avait été incapable de remuer par la force fut pour ainsi
dire délogé par ses larmes. Une fois que la pierre du haut eut roulé au sol, Otsū
eut la surprise de n’éprouver guère de difficulté à écarter celle du dessous.
    Mais ce n’étaient pas les seules
larmes d’Otsū qui avaient ouvert la caverne. Osugi avait poussé de
l’intérieur. Elle jaillit au-dehors, la face empourprée.
    Encore chancelante de son effort, Otsū
poussa un cri de joie ; mais à peine Osugi fut-elle à l’air libre qu’elle
empoigna Otsū au collet. A la fureur de cet assaut, l’on eût dit que son
seul but, en voulant rester vivante, avait été de s’attaquer à sa bienfaitrice.
    — Oh ! Que
faites-vous ? Oh !
    — Silence !
    — Pou... pou... pourquoi...
    — Qu’espérais-tu donc ?
s’exclama Osugi en courbant Otsū à terre avec une furie sauvage.
    L’horreur d’Otsū était
indicible.
    — ... Et maintenant, en
route, lança Osugi en commençant de traîner la jeune fille sur le sol détrempé.
    — Je vous en supplie !
s’écriait Otsū, les mains jointes. Punissez-moi si vous le voulez, mais
vous ne devez pas rester dehors par cette pluie.
    — Quelle sottise !
N’as-tu pas honte ? Crois-tu pouvoir m’apitoyer sur ton sort ?
    — Je ne m’enfuirai pas. Je
vous le jure... Oh ! vous me faites mal !
    — Bien sûr, que je te fais
mal.
    — Laissez-moi...
    Par un soudain effort, Otsū
se dégagea et se releva d’un bond.
    — Mais non !

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