Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
Vom Netzwerk:
vannerie en écorce de bambou, et
l’attacha sur sa tête. Puis elle jeta sur ses épaules une volumineuse cape de
pluie en paille, chaussa une paire de sandales, et s’élança à travers le rideau
de pluie qui se déversait du toit.
    En s’approchant du sanctuaire où
Mambei l’avait amenée, elle constata que l’escalier de pierre qui y montait
était devenu une chute d’eau à multiples étages. Au sommet, le vent soufflait
beaucoup plus fort : il hurlait à travers les cryptomerias comme une meute
de chiens en colère.
    « Où peut-elle bien
être ? » se demanda-t-elle en scrutant des yeux l’intérieur du
sanctuaire. Elle appela dans l’espace obscur situé dessous, mais sans recevoir
de réponse.
    Elle contourna l’édifice, et se
tint là quelques minutes. Les gémissements du vent passaient au-dessus d’elle
comme les brisants d’un océan démonté. Peu à peu, elle prit conscience d’un
autre son, presque impossible à distinguer de la tempête. Cela s’arrêtait et
recommençait :
    — Oh-h-h ! Ecoutez-moi,
quelqu’un... Il n’y a donc personne, par là ?... Oh-h-h !
    — Grand-mère ! s’écria Otsū.
Où donc êtes-vous ?
    Comme elle criait littéralement
contre le vent, le son ne portait guère. Mais par un moyen quelconque, le
sentiment se communiqua :
    — Oh ! Il y a quelqu’un
là. Je le sais... Sauvez-moi. Ici ! Sauvez-moi !
    Dans les bribes sonores qui lui
parvenaient aux oreilles, Otsū percevait le cri du désespoir.
    — Où êtes-vous ?
s’écria-t-elle d’une voix enrouée. Grand-mère, où êtes-vous ?
    Elle fit tout le tour du
sanctuaire, s’arrêta un instant puis refit le tour. Presque par hasard, elle
remarqua une sorte de caverne d’ours, à une vingtaine de pas, presque au bas du
sentier escarpé qui montait au sanctuaire intérieur. En s’approchant, elle
acquit la certitude que la voix de la vieille femme venait de l’intérieur.
Arrivée à l’entrée, elle s’arrêta, les yeux fixés sur les grosses pierres qui
l’obstruaient.
    — Qui est-ce ? Qui est
là ? Etes-vous une manifestation de Kannon ? Je l’adore chaque jour.
Ayez pitié de moi. Sauvez une pauvre vieille femme prise au piège par un démon.
    Les supplications d’Osugi
prenaient un ton hystérique. Mi-pleurant, mi-suppliant, dans le sombre
intervalle entre la vie et la mort elle se formait l’image de la compatissante
Kannon, et lui adressait sa fervente prière : elle voulait survivre.
    — ... Que je suis
heureuse ! s’exclamait-elle en son délire. Kannon la toute-miséricordieuse
a distingué la bonté de mon cœur et m’a prise en pitié. Elle est venue me
secourir ! Grande compassion ! Grande miséricorde ! Gloire à la
Bodhisattva Kannon, gloire à la Bodhisattva Kannon, gloire à...
    Sa voix s’interrompit brusquement.
Peut-être croyait-elle que cela suffisait car il était tout naturel que dans
l’extrémité où elle se trouvait Kannon, sous une forme ou sous une autre, lui
vînt en aide. Elle était le chef d’une bonne famille, une bonne mère, et se
croyait un être humain droit et sans défaut. Tout ce qu’elle faisait était
moralement juste, cela va sans dire.
    Mais alors, sentant que la personne,
quelle qu’elle fût, qui se trouvait devant la caverne n’était pas une
apparition mais un être véritable, elle se détendit et perdit connaissance.
    Dans l’ignorance de ce que
signifiait l’arrêt soudain des cris d’Osugi, Otsū perdait la tête. D’une
façon quelconque, il fallait déblayer l’orifice de la caverne. Comme elle
redoublait d’efforts, le ruban qui retenait son chapeau de vannerie se
dénoua ; chapeau et tresses noires flottaient furieusement au vent.
    Se demandant comment
Jōtarō avait bien pu mettre lui-même en place les pierres, elle
poussait, tirait de toutes ses forces, mais rien ne bougeait. Epuisée par
l’effort, elle éprouva un accès de haine envers Jōtarō, et le
soulagement initial qu’elle avait ressenti en repérant Osugi fit place à une
insupportable angoisse.
    — Tenez bon, grand-mère.
Encore un tout petit peu de patience. Je vais vous tirer de là !
criait-elle.
    Elle avait beau presser les lèvres
contre une fente, elle n’arrivait pas à obtenir de réponse. Bientôt, elle
distingua une psalmodie basse, faible :
     
    « Ou
si, rencontrant des diables anthropophages,
    Des
dragons venimeux et des démons,
    Il
pense au pouvoir de Kannon,
    Aussitôt,
aucun n’osera lui

Weitere Kostenlose Bücher