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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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que c’est ?
    — Une statue de Kannon.
    — Une vraie statue ?
    — Oh ! ce n’est pas
l’œuvre d’un sculpteur célèbre – juste quelque chose que j’ai taillé
moi-même. Peut-être que ça ne vaut même pas le prix d’un bol de riz, mais
jetez-y un coup d’œil.
    Tandis qu’il se mettait à délier
les cordons de son sac, celui qu’il portait depuis des années, les trois hommes
cessèrent de boire pour concentrer leur attention sur ses mains. Le sac, outre
la statue, contenait un seul rechange de sous-vêtements et un nécessaire à
écrire. Lorsqu’il le vida, quelque chose tomba par terre en tintant. Les autres
en eurent le souffle coupé : l’objet tombé aux pieds du jeune homme était
une bourse d’où s’étaient répandues plusieurs pièces d’or et d’argent. Musashi
lui-même écarquillait les yeux, muet de stupeur.
    « D’où cela
vient-il ? » se demandait-il.
    Les autres, bouche bée, tendaient
le cou pour contempler le trésor.
    Sentant autre chose dans le sac,
Musashi en tira une lettre. Elle ne comportait qu’une seule ligne :
« Ceci devrait subvenir à vos dépenses de voyage, pour le moment. »
Signé : « Geki. »
    Musashi voyait clairement ce que
cela signifiait : c’était la façon dont Geki tentait d’acheter ses
services pour le seigneur Date Masamune de Sendai et du château d’Aoba. La
probabilité croissante d’un affrontement final entre les Tokugawa et les
Toyotomi rendait impératif, pour les grands daimyōs, de garder un grand
nombre de combattants émérites. Une méthode favorite employée dans la
concurrence acharnée en vue d’obtenir les rares samouraïs vraiment éminents
consistait à tenter d’endetter de tels hommes, fût-ce pour une petite somme,
puis à conclure un accord tacite de collaboration future.
    Il était de notoriété publique que
Toyotomi Hideyori versait de grosses sommes d’argent à Gotō Matabei et
Sanada Yukimura. Bien que Yukimura fût ostensiblement en retraite sur le mont
Kudo, le château d’Osaka lui envoyait tant d’or et d’argent qu’Ieyasu avait
entrepris une enquête approfondie. Etant donné que les besoins personnels d’un
général en retraite vivant dans un ermitage étaient assez modestes, il était
presque certain que l’argent se trouvait transmis à plusieurs milliers de rōnins
indigents qui traînaient dans les petites et grandes villes proches, en attendant
qu’éclatent les hostilités.
    Découvrir un guerrier capable, ce
que Geki croyait avoir fait, et l’inciter d’une façon quelconque à travailler
pour son seigneur était l’un des plus précieux services que pouvait rendre un
vassal. Voilà précisément pourquoi Musashi ne s’intéressait pas à l’argent de
Geki : le dépenser impliquerait une obligation indésirable. En quelques
secondes, il résolut d’ignorer ce don, de faire comme s’il n’existait pas. Sans
un mot, il se baissa, ramassa la bourse et la remit dans le sac. S’adressant au
patron comme si rien ne s’était passé, il lui dit :
    — ... Très bien, alors, je
vous laisse en paiement la statue.
    Mais l’homme regimba :
    — Je ne peux accepter ça
maintenant, monsieur !
    — Il y a quelque chose qui ne
va pas ? Je n’ai pas la prétention d’être un sculpteur, mais...
    — Oh ! ce n’est pas mal,
et je l’aurais prise si vous n’aviez pas eu d’argent, comme vous le disiez,
mais vous en avez beaucoup. Pourquoi montrez-vous votre argent à tout le monde,
si vous voulez faire croire que vous êtes fauché ?
    Les autres clients, dégrisés et
excités par la vue de l’or, exprimaient vigoureusement du chef leur accord.
Musashi, s’avouant qu’il était vain de prétendre que cette bourse ne lui
appartenait pas, en tira une pièce d’argent et la tendit à l’homme.
    — ... C’est beaucoup trop,
monsieur, gémit le patron. Vous n’avez rien de plus petit ?
    Un rapide examen révéla quelques
variantes dans la valeur des pièces, mais rien de moins précieux.
    — Ne vous inquiétez pas de la
monnaie, dit Musashi. Vous pouvez la garder.
    Ne pouvant plus maintenir la
fiction de la non-existence de cet argent, pour plus de sûreté Musashi glissa
la bourse dans sa ceinture.
    Puis, bien qu’on le pressât de
rester un peu, il réendossa son sac et sortit dans la nuit. Ayant mangé et
repris des forces, il calculait qu’il pourrait se trouver à l’aube au col de
Daimon. De jour, il aurait vu autour de lui quantité de

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