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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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vous
faites ?
    Le cri venait d’en dessous, mais
l’homme leva une tête stupéfaite. Musashi ayant prévu sa manœuvre traîtresse,
avait déjà sauté du tronc et atterri sur une grosse pierre aussi légèrement
qu’une bergeronnette. Son assaillant, saisi, laissa choir le tronc dans la
rivière. Avant que l’eau projetée en l’air ne retombât, Musashi avait d’un bond
regagné la rive, sabre au clair, et fauché son agresseur. Tout arriva si
rapidement que l’homme ne vit même pas Musashi dégainer.
    Le corps se convulsa durant une ou
deux secondes avant de s’immobiliser. Musashi ne daigna pas lui accorder un
coup d’œil. Il s’était déjà mis en garde pour l’attaque suivante, car il avait
la conviction qu’il y en aurait une. Tandis qu’il s’y préparait, ses cheveux se
dressaient sur sa tête ainsi qu’un plumage d’aigle.
    Suivit un bref silence, puis une
détonation assez violente pour faire voler en éclats la gorge. Le coup de feu
semblait provenir d’un point quelconque de l’autre rive. Musashi l’évita ;
la balle bien dirigée siffla à travers l’espace qu’il venait d’occuper, et
s’enfouit derrière lui dans la berge. S’écroulant comme s’il était blessé,
Musashi regarda vers l’autre rive où il vit des étincelles rouges voler dans
l’air comme autant de lucioles. Il distinguait à peine deux silhouettes qui
s’avançaient en rampant avec circonspection.
     
     
     

Un feu purificateur
     
    Les dents serrées sur l’amorce
crépitante, l’homme s’apprêtait à décharger de nouveau son mousquet. Son complice,
tapi à terre, cherchait à percer des yeux la distance en chuchotant :
    — Tu crois que ça n’est pas
dangereux ?
    — Je suis certain de l’avoir
eu du premier coup, répondit l’autre d’un ton confiant.
    Tous deux s’avancèrent en rampant
avec circonspection ; mais à peine eurent-ils atteint le bord de la rive
que Musashi bondit. Le mousquetaire, le souffle coupé, tira mais perdit
l’équilibre, ce qui envoya vers le ciel une balle inutile. Tandis que l’écho se
répercutait à travers le ravin, les deux hommes (les deux autres de la maison
de thé) s’enfuirent en grimpant le sentier. Soudain, l’un d’eux s’arrêta dans
son élan et rugit :
    — Halte ! A quoi bon
nous enfuir ? Nous sommes deux et il est seul. Je m’en charge et tu me
soutiens.
    — Je suis ton homme !
vociféra le mousquetaire en lâchant l’amorce et en visant Musashi avec la
crosse de son arme.
    Ils étaient nettement un cran
au-dessus des voyous ordinaires. L’homme qui semblait être le chef maniait le
sabre avec une authentique finesse ; il n’était pourtant pas un adversaire
digne de Musashi, qui d’un seul coup de sabre les envoya tous deux voler dans
les airs. Le mousquetaire, fendu de l’épaule à la taille, tomba mort, le haut
de son torse suspendu comme par un fil au-dessus de la berge. L’autre s’élança
le long de la pente, serrant son avant-bras blessé, Musashi sur ses talons.
Terre et graviers jaillissaient dans son sillage.
    Ce ravin, la vallée de Buna, se
creusait à mi-chemin des cols de Wada et de Daimon, et devait son nom aux
hêtres qui paraissaient le remplir. A son sommet se dressait un refuge exceptionnellement
vaste, entouré d’arbres, et lui-même grossièrement construit en rondins de hêtre.
Se précipitant vers la minuscule flamme d’une torche, le bandit criait :
    — Eteins les lumières !
    Une femme protégea la flamme de sa
manche tendue et s’exclama :
    — Comment, mais tu...
Oh ! tu es couvert de sang !
    — La... la ferme, espèce de
sotte ! Eteins les lumières... celles de l’intérieur aussi.
    L’essoufflement lui coupait
presque la parole ; avec un dernier regard derrière lui, il la dépassa en
trombe. La femme souffla la torche et s’élança à sa suite.
    Quand Musashi parvint à la cabane,
il n’y avait trace de lumière nulle part.
    — Ouvrez !
vociféra-t-il, indigné non point d’être pris pour un imbécile, ni de la lâcheté
de l’attaque, mais du fait que des hommes pareils fissent chaque jour grand
tort à d’innocents voyageurs.
    Il aurait pu briser les volets de
bois mais au lieu de procéder à un assaut frontal, qui eût laissé ses arrières
dangereusement exposés, il resta à une distance prudente de quatre ou cinq pas.
    — ... Ouvrez !
    N’obtenant pas de réponse, il
ramassa la plus grosse pierre qu’il put soulever et la précipita contre

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