Les 4 vies de Steve Jobs
Le miroir brisé de l’innocence
« Je suis passé de la misère à la fortune dans le chagrin de la nuit,
Dans la violence d’un rêve d’été, dans la froideur d’une lumière d’hiver,
Dans la danse amère de la solitude engloutie par l’espace,
Dans le miroir brisé de l’innocence perceptible sur chaque visage oublié. »
I have gone from rags to riches in the sorrow of the night
In the violence of a summer’s dream, in the chill of a wintry light,
In the bitter dance of loneliness fading into space,
In the broken mirror of innocence on each forgotten face.
S ans doute Steve Jobsse reconnaissait-il dans ces vers écrits par un poète qu’il adule : Bob Dylan…
Quelque chose d’indicible rapproche ces deux personnages. Dylanpeut entrer dans un studio d’enregistrement le matin mal réveillé, un brin patraque, s’asseoir devant le micro, accoucher d’une prise, une seule, et laisser les techniciens du son se débrouiller avec. Donner sa vérité à l’état brut, sans compromis, avec une force telle qu’il n’y a rien à ajouter.
Un trait de caractère unit ces deux personnalités. Tout comme Dylan, Jobsn’a que faire qu’on l’aime ou non. Authentique jusqu’à la moelle, il n’a de comptes à rendre à personne. Il s’exprime comme il respire, énonce ce qu’il a à dire comme il l’entend.
Certes, il l’a parfois payé cher, bien cher…
La première vie de Steve Jobsfut mouvementée, mais touchante. À la fois idéaliste et tourmenté, il cherchait à tâtons la voie à suivre. Steve se sentait en décalage, mais durant ces vibrantes années soixante, n’étaient-ils pas des millions à partager ce sentiment ?
Par la grâce d’une époque bénie, Bob Dylan, les Beatles et les Doors ont écrit la fabuleuse bande sonore du film de sa jeunesse. Il a vu émerger la contre-culture, les hippies, les expérimentations en tout genre… Il a adhéré spontanément à certaines tendances de son époque tout en demeurant sur l’expectative.
Les paradis artificiels, il n’y a goûté que du bout des lèvres. Son opium à lui, c’était l’électronique, pour laquelle il nourrissait une fascination digne des géniteurs de Pinocchio ou de Frankenstein : la patiente élaboration d’une machine, un objet qui prend vie.
La chance a voulu qu’un émule de da Vinci habite non loin de sa maison d’enfance : ce beatnik barbu de Steve Wozniak, dont le génie fut déterminant par la suite.
Et puis, à l’université, son âme a subi les assauts d’une autre séductrice, tout aussi sensuelle et exclusive : la quête d’une illumination spirituelle. Steve se revoit, parcourant les routes de l’Inde en compagnie d’un autre étudiant, Dan Kottke. Dans ce film du passé, il assiste médusé à la procession de dizaines de milliers d’hommes dénudés venus des hautes montagnes en direction du Gange, comme si l’eau du fleuve pouvait nettoyer leur âme…
À partir de 1977, Jobssubit une métamorphose étonnante. Une fois sa voie trouvée, une énergie inattendue se libère. Il se démène comme un beau diable pour créer Apple, lancer l’Apple II puis le Macintosh.
L’aventure Apple représente l’essentiel de sa deuxième vie, celle d’une ascension chaotique vers les étoiles. Et puis, le soleil qu’il a frôlé va lui brûler les ailes…
Tout s’est passé si vite. Avec son ami d’enfance Wozniak, champion absolu de la technologie, ils bricolent un premier ordinateur. Puis entreprennent de réaliser leur premier chef-d’œuvre, l’Apple II.
Insouciant de son allure hippie qu’il assume sans vergogne, Jobsdrague les financiers en costume et les rallient à sa cause, l’attrait des billets verts surpassant leur dégoût initial pour ces jeunes débraillés. L’Apple II va rendre Jobs et Wozniakriches et célèbres.
Devenu le plus jeune millionnaire américain à 25 ans, Jobsconnaît la gloire, les ovations, les médias qui se battent pour recueillir ses propos. Et il y prend goût. Pourtant, une autre quête happe alors son âme.
Lors d’une visite dans les laboratoires de recherche chez Xerox, il est touché par la Grâce. En un éclair de seconde, il entrevoit un futur magnifique : la fusion de l’artistique et de l’informatique. L’ordinateur revisité par le Beau. Il amorce alors une conquête d’une autre envergure. Avec le Macintosh, il va changer le monde ! Point final.
Jobsne se contente pas de viser une belle qualité : il
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