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La Part De L'Autre

Titel: La Part De L'Autre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric-Emmanuel Schmitt
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salaces : il jacassait avec un
autre dégénéré comme lui afin de détruire
sa réputation. Du
beau monde. Vraiment. Très peu pour moi. Merci. Je vous laisse
entre vous
    Et
Hitler quitta le 22, rue Felber, en rasant les murs, certes, mais, en
lui-même, la tête haute. Il méprisait ce qu'il
laissait derrière lui. Il n'éprouvait que du dédain
pour cette petite-bourgeoise trop grande et trop avare qui se faisait
consoler par un sodomite.
    «
Reinhold Hanisch. Il faut que je retrouve Reinhold Hanisch. Il me
logera chez lui. »
    Il
se rendit à la taverne où ils avaient bu ensemble.
Reinhold Hanisch y était, rouge d'échauffement, les
yeux gonflés de bière.
Ah
? Gustav Klimt, s'écria-t-il en voyant arriver Adolf Hitler.
    Hitler
ne releva pas, trop content d'avoir mis la main sur l'homme.
Il
faut que tu me loges. Une histoire avec une femme. Tu sais... j'ai
dû partir.
Mais
pas de problème, mon garçon, ma maison t'est grande
ouverte. Je te donne la chambre d'amis. Tu veux un verre ?
    Rassuré,
Hitler accepta de boire. Certes, il y avait quelque chose de vulgaire
dans la bonne humeur d'Hanisch, son enthousiasme à la
boisson, ses grandes tapes sur les épaules ou dans le dos,
mais si ce devait être le prix d'une nuit tranquille... A une
heure du matin, Hitler, épuisé de fatigue, comateux
d'avoir tant bu sans rien manger, exigea qu'ils sortent et se rendent
chez lui.
    Hanisch
récupéra un immense sac à dos
derrière le comptoir et emmena Hitler avec lui. Il enjamba la
barrière d'un jardin public non éclairé et s'allongea
entre les bosquets noirs.
Bienvenue
dans mon palais. C 'est
là que
je couche.
Quoi
? Tu n'as même pas de chambre ?
    Hanisch
tapa le haut de son sac pour en faire un oreiller.
    — Qu'est-ce
que tu crois, Gustav Klimt ? Que c'est avec tes tableaux que je vais
me la payer ?

    Stella
criait sous lui. A chacun de ses mouvements, elle répondait
par un soupir ou par un spasme. L'instrument de chair s'était
fait lourd entre ses mains, mais Adolf savait enfin en jouer, en
tirer la musique attendue.
    Pourvu
que je me retienne.
    Au
lieu de profiter du spectacle de Stella feulante et libérée,
il se força à fixer sa pensée sur autre chose ;
pour qu'elle jouisse bien et longtemps, il fallait que lui s'ôte
de cette jouissance et devienne un pur ressort, un mécanisme. Surtout
ne pas penser aux parties de mon corps qui sont en contact avec elle.
Penser à autre chose. Vite. Il
devait s'absenter de son désir. Il bloqua son regard sur une
tache du mur et, tout en ondulant des reins, se concentra sur son
origine possible : de la graisse, une brûlure, un cafard écrasé
? Plus les solutions sordides se pressaient dans son esprit, plus il
s'éloignait de ses sensations. Ça marche. Oui, un
cafard, un énorme cafard écrasé par la chaussure
d'un Tchèque, l'hôtel était plein de Tchèques.
Quelqu'un qui était venu pour dormir dans cette chambre, pas
pour faire ce que lui faisait en ce moment avec Stella, Stella qui
ondoyait sous lui tant il...
    Non...
    Trop
tard. La jouissance s'était rabattue sur lui, violente,
écrasante. Il s'écroula sur Stella.
    Elle
eut encore quelques sursauts puis le rejoignit dans l'immobilité,
son corps se défaisant dans le repos.
    J ' ai gagné.
    Le
silence rendait sa joie encore plus compacte.
    Stella
le repoussa lentement puis se releva, distante, muette. Elle le
considéra avec encore plus de mépris que d'ordinaire.
Adolf sentit qu'il allait rapidement souffrir. Il lui adressa un
regard interrogatif, suppliant, celui qu'on est encore capable
d'avoir juste avant le désespoir.
    Elle
sourit cruellement
Et
tu y as cru ?
    Elle
commença à enfiler ses bas. C'est lorsqu'elle se
livrait à cette minutieuse opération qu'elle lâchait
toujours ses phrases les plus dures.
Ta
fatuité est sans limites. J'ai simulé.
Très
bien : j'arrête, cria Adolf H.
Quelle
différence ? Tu peux arrêter, tu n'as jamais commencé.
J'arrête
pour de bon, cette fois-ci. C'est définitif.
    Il
essayait de se convaincre. Combien de fois avait-il proclamé
que tout était fini, qu'il abandonnait ce pari stupide, qu'il
lui était indifférent de rendre une femme heureuse ? Le
problème était que Stella, au lieu de protester,
d'argumenter, de le convaincre, lui donnait raison. Il se sentait
alors encore plus misérable et, pour retrouver un peu d'estime
de lui, il revenait le lendemain.
    Il
revint donc le jour suivant. Cette fois, Stella ne feignit pas. Et
les deux heures s'ajoutèrent

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