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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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comme moi, lire sous les apparences d’un visage, celui de cet homme reflète la plus froide cruauté. Savez-vous que l’un de ses passe-temps favoris, quand il est chez lui, consiste à faire traîner des jeunes garçons à moitié écartelés entre deux chars à bœufs et sur les plus mauvais chemins du pays ?
    — Pouah ! fit Adalbert, le vilain bonhomme !
    — Il se veut pourtant saint homme, observateur farouche de la loi religieuse. Il est intarissable sur le mysticisme hindou et la réincarnation.
    — Ça je le sais, sourit Aldo qui se souvenait sans grand plaisir de sa longue journée passée au Claridge. Mais il sait aussi être généreux et amical. Il m’en a donné une preuve…
    — J’ai dit qu’il était fastueux : ce n’est pas la même chose. Je vais vous raconter une anecdote qui a eu pour cadre la Résidence de Delhi où je me rends. La Vice-Reine tenait absolument à l’avoir pour je ne sais plus quelle fête à cause de sa réputation de magnificence. Il a commencé par refuser sous prétexte qu’on le ferait sans doute asseoir dans un fauteuil de cuir et que sa religion, suprêmement respectueuse des vaches sacrées et autres veaux, lui interdisait tout contact avec leurs peaux. Il alléguait d’ailleurs qu’il n’avait jamais touché de cuir et ne portait que des gants de soie.
    — Il en porte même deux paires, observa Morosini.
    — Vous savez déjà ça ? Pour lui plaire, la Vice-Reine a fait recouvrir tout son mobilier de chintz fleuri – il a une passion pour les roses ! – et le lui a fait savoir. Il est donc arrivé à Delhi dans une de ses Rolls dont, par surcroît de prudence, il avait fait capitonner l’intérieur avec des tapis, et n’en est guère sorti que le temps strictement nécessaire. Mais il a fait mieux avec elle : il l’a carrément humiliée.
    « Invité à un grand dîner il est arrivé somptueusement paré, véritablement ruisselant de diamants, et, pendant le repas, Lady Willingdon a beaucoup admiré une bague de diamants qu’il portait sur ses fins gants de soie destinés à éviter les contacts impurs. Il l’a retirée, la lui a présentée. Naturellement, elle l’a passée à son doigt pour juger de l’effet produit. Or, cette noble dame a un petit défaut, qu’elle partage avec la reine Mary : lorsqu’elle se trouve chez quelqu’un et admire un objet ou un autre, il est… de bon goût de le lui offrir. Et cela Alwar le savait.
    « On s’attendait donc à ce que la bague devînt la propriété de son hôtesse mais il ne l’entendait pas de cette oreille. Trouvant que ses diamants s’attardaient un peu trop à la main de la Vice-Reine qui s’admirait complaisamment, il l’a priée de les lui rendre. Si on peut appeler ça prier ! Ensuite il a appelé un serviteur pour lui ordonner de remplir d’eau pure un verre de cristal, il y a plongé la bague pour la nettoyer, avant de l’essuyer avec la nappe et de la remettre paisiblement à son doigt ganté. Tête de la Vice-Reine et des autres Anglais présents !
    — C’est une incroyable muflerie, fit Aldo, mais ce n’est pas pendable. J’aime moins l’épisode des chars à bœufs…
    — Je suis d’accord avec vous, mais tout ceci est destiné à vous dissuader de vous rendre à Alwar. Il ne peut vous y arriver que des catastrophes…
    Adalbert se mit à rire :
    — Pas à lui, ma chère ! Il adore Aldo et le traite avec une incroyable révérence…
    — C’est bien ce qui m’inquiète le plus ! Il a cinq épouses mais sa pédérastie est notoire. Tous ses « aides de camp », dont certains n’ont pas plus de dix ou douze ans, y sont passés ou y passeront. Il les choisit toujours pour leur beauté !
    Morosini posa sa main sur celle de la jeune   femme dans un geste apaisant :
    — Ma chère, je ne suis pas un perdreau de l’année. J’ai plus de quarante ans. Votre Caligula hindou ne me fait pas peur. D’ailleurs je ne resterai pas longtemps : nous devons nous rendre ensemble à Kapurthala.
    — Eh bien justement ! Si vous avez une affaire à traiter, vous la traiterez mieux là-bas !
    — Impossible ! Je dois livrer à Alwar le joyau qu’il m’a acheté. C’est la condition  sine qua non .
    — C’est une histoire de fous ! Renvoyez-lui son argent et vendez à quelqu’un d’autre !
    — Eh non, ma pauvre amie ! Ce joyau est une vraie malédiction et je suis trop heureux de lui avoir trouvé un acheteur. Et puis j’ai donné

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