Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
grouillante, étouffante, la grande cité portuaire ne leur plaisait pas. Peut-être à cause des vautours, trop présents dans le principal centre de la religion parsie dont ils étaient en quelque sorte les fossoyeurs. On leur avait montré, surgissant des palmes d’un jardin sur les hauteurs de Malabar Hill, les Tours du Silence, ces tours de la mort où, deux fois par jour les cadavres des zélateurs de Zoroastre servaient de pâture à ces affreux oiseaux. Le principe en était hideusement simple : afin que la Terre-Mère ne soit pas souillée, les corps dénudés étaient exposés sur les terrasses concentriques et déclives de ces tours trapues, puis poussés dans un puits central quand il ne restait plus que des os… Cela avait suffi à les en dégoûter.
    — Moi qui ne supporte déjà pas le crématorium du Père-Lachaise, avait soupiré Adalbert, je n’y tiendrais pas cinq minutes. Comment peut-on être parsi ?
    Ce fut donc avec un certain soulagement que l’on prit possession des deux compartiments voisins mais sans communication dans lesquels on allait passer au moins deux jours, les horaires étant toujours assez incertains. La nuit était presque fraîche et, en dépit des protestations indignées de Ramesh, Aldo en s’installant tint à laisser ouverte, au moins pendant quelque temps, la triple défense de sa portière : vitre, treillage contre les insectes et volet de bois. Ce soir, le ventilateur du plafond lui semblait inutile et, tandis que le train commençait sa longue remontée vers le nord où il allait tracer son chemin jusqu’à Delhi, il resta accoudé à sa fenêtre, respirant l’air complexe de ce pays fascinant où, tel le père du Petit Poucet, il espérait perdre sans esprit de retour l’admirable mais encombrante merveille qui reposait dans sa valise à l’abri d’une de ses paires de chaussettes roulées en boule. Cette seule idée le ravissait. Tout au long de la traversée, en effet, il avait dû lutter contre son vieux fond de superstition qui le poussait à appréhender on ne savait quelle catastrophe et, quand la queue du typhon leur était tombée dessus, il n’avait pu s’empêcher de recommander son âme à Dieu. Ridicule mais combien révélateur !
    Il fallut bien en venir à fermer la fenêtre : la locomotive crachait des nuages d’escarbilles. Sous l’œil sévère de son boy, Morosini consentit enfin à se coucher et découvrit qu’il se trouvait très bien sur ce lit un peu dur mais assez large pour deux personnes. Après avoir accepté avec un sourire la bonne nuit que lui souhaitait Ramesh – lequel occupait une sorte de niche dans la cloison du compartiment –, il s’endormit presque aussitôt et dormit comme un bébé jusqu’à ce qu’on le réveille avec une tasse de thé brûlant pour lui apprendre qu’il devait se préparer à rejoindre le wagon-restaurant pour le breakfast. Il y retrouva Adalbert qui, lui, n’avait pas dormi de la nuit. D’où l’humeur grisâtre…
    — Est-ce que tu te rends compte que ce train s’est arrêté plus de dix fois ? C’est un omnibus, ma parole ! Comment dormir dans ces conditions, vociféra-t-il en attaquant son œuf à la coque comme s’il lui en voulait personnellement.
    — Tu devrais peut-être demander à ton boy de te raconter des histoires ou de te chanter une berceuse ! Ici le train couvre de longues distances et dessert tous les points un peu importants du parcours. Tu t’y feras.
    — Quel heureux caractère ! Et la poussière ? Tu t’y fais ?
    Les ventilateurs l’écartaient des tables mais elle n’en volait pas moins d’un air innocent dans la belle lumière du matin.
    — Lorsque l’on ne peut pas faire autrement ! Tu devrais essayer de dormir dans la journée. D’autant que, si j’en crois « l’horaire », on devrait arriver à Jaipur pour changer de train à trois heures du matin… Là, il faudra attendre deux heures celui pour Alwar…
    — Où on arrivera en pleine nuit, j’imagine ? grogna l’archéologue. On dirait que dans ce pays départ et arrivée des trains ont toujours lieu entre minuit et l’aube. Peuvent pas faire comme tout le monde ?
    — Quand on sait les températures que peuvent atteindre les journées à la saison chaude, ce n’est peut-être pas idiot.
    — Ben voyons ! Surtout si on sait que la nuit il fait un froid de canard !
    Décidément Adalbert se cramponnait à ses positions. Son déjeuner achevé, Aldo alluma une

Weitere Kostenlose Bücher