Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
brutalement que le passager faillit passer par-dessus le court pare-brise.
    — Ici. C’est la frontière de mes États, dit Jay Singh en désignant la ligne de chemin de fer flanquée d’un poteau affichant les couleurs d’Alwar. Nous rentrons par un autre chemin. Comme cela vous aurez tout vu.
    Un demi-tour brutal qui fit protester le moteur et la course folle reprenait en sens inverse. Si l’on changea de chemin, Morosini ne s’en aperçut pas. Il y avait encore plus de poussière dans ce sens-là que dans l’autre. De temps en temps on entrevoyait les montagnes qui se rapprochaient, précédées de collines que, obliquant soudain vers la droite, la Bugatti se mit à escalader à son allure d’enfer, donnant à son passager l’impression d’être embarqué dans des montagnes russes. Jay Singh, lui, s’amusait franchement, riant comme un gamin tandis que sa voiture sautait une ornière, plongeait dans un creux, se ruait sur une côte pour retomber de l’autre côté.
    — Vous ne trouvez pas qu’on se croirait à Luna-Park ? jeta-t-il en riant de plus belle. J’adore Luna-Park ! Lorsque je suis à Paris, j’y passe des heures. Cela m’enchante ! Pas vous ?
    — Je ne me souviens pas d’y être allé.
    — Eh bien, comme cela vous aurez une petite idée de ce que cela peut être. Bien que, là-bas, les émotions soient plus fortes !
    Plus fortes ? Dans le fameux Scenic-railway parisien, on glissait sur des rails parfaitement lisses, ce qui n’était pas le cas de cette route où ornières et nids-de-poule se disputaient le territoire. Cet exercice faisait grand honneur au talent de conducteur du maharadjah mais n’en était pas plus rassurant. L’aventure d’ailleurs s’acheva après un virage un peu sec… dans l’une des grilles d’entrée du parc heureusement protégée par d’épais massifs d’hibiscus qui amortirent le choc.
    Les gardes du palais accoururent pour sortir leur prince de son tas de feuilles et de fleurs, et reçurent en remerciement une bordée d’injures en hindoustani qui n’avaient pas besoin de traduction tant elles paraissaient évidentes. Après quoi Jay Singh arracha son voile et s’assit, bras croisés et œil mauvais, tandis que l’un des hommes filait vers le palais. Aucun des occupants de la Bugatti n’était blessé, mais Aldo estima que son hôte aurait pu se soucier de sa santé. Or il n’en fit rien, resta là sans sonner mot jusqu’à ce qu’une Rolls, imposante et belle en dépit des tapis roses qui en habillaient l’intérieur, fit son apparition. Se souvenant soudain de son invité, Jay Singh l’y fit monter et prit place auprès de lui en grommelant :
    — Mauvais matériel ! Je ne sais vraiment pas pourquoi j’aime tant ces maudites voitures ! Celle ci est bonne à jeter !
    — Elle n’est pas très abîmée, Altesse, et ce serait dommage…
    — Quoi ? De garder un objet devenu imparfait ? Je ne saurais le supporter. Cette voiture sera enterrée dans les collines, comme les autres…
    — Les autres ?
    — Oui. Je fais toujours enterrer les automobiles qui ont eu le tort de me manquer.
    — Quel dommage ! Votre Bugatti est une noble voiture…
    — C’est pourquoi elle a droit à un enterrement au lieu d’être jetée à la ferraille. Rassurez-vous, j’en ai deux autres. Je les achète toujours par trois.
    Tandis qu’un serviteur le ramenait vers son appartement, Morosini se livra à un petit travail de repérage destiné à lui permettre de retrouver facilement la sortie de ce labyrinthe de marbre et de grès rose. Le maharadjah lui ayant appris qu’il devait déjeuner seul parce que c’était pour lui jour de jeûne et qu’ils se retrouveraient à la fin de l’après-midi pour la visite de ses trésors, il forma le projet de s’en aller découvrir la ville qui semblait fort intéressante et, ce faisant, de se renseigner sur la résidence du Diwan afin d’y rejoindre Adalbert, dont la présence lui manquait singulièrement…
    Il n’en fallut pas moins parlementer avec Rao. Le remplaçant d’Amu prétendait le suivre sous le prétexte qu’il risquait de se perdre ou de se faire voler par les innombrables mendiants que l’on trouvait à chaque pas.
    — Je dois veiller sur toi, sahib ! C’est mon devoir.
    — Eh bien, je t’en relève, de ce devoir. J’aime être seul pour découvrir une ville.
    — En ce cas, permets au moins que je te guide à travers le palais afin que tu évites le long

Weitere Kostenlose Bücher