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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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deuil. Donc lui aussi et on ne les verra pas de sitôt dans les salons parisiens. D’ailleurs ils vont sans doute partir pour l’Amérique afin que le pauvre père repose dans sa terre natale…
    — Je ne sais pas si c’est ma vue qui baisse mais il me semble bien que votre hidalgo n’est pas aussi en deuil que vous l’imaginez. Ou bien cette figure de loup distingué qui salue notre hôte en ce moment ne lui appartient-elle pas ?
    Tania suivit des yeux le geste discret de Morosini et pâlit. Sa main, gantée de velours jusqu’au haut du bras saisit celle d’Aldo et se crispa :
    — Par Notre-Dame de Kazan, mais comment est-il ici ?
    — Voilà un petit mystère qu’il va falloir éclaircir mais en attendant, si j’ai un conseil à vous donner, c’est de quitter les lieux immédiatement… et discrètement !
    — Mais c’est impossible, voyons ! Le souper va être servi dans un instant…
    — Rien n’est impossible à une jolie femme. Elle a toujours droit à quelques vapeurs et je vois là deux gaillards qui ne demanderont pas mieux que de vous ramener. Sinon au logis – afin de ne pas révéler votre adresse – mais dans n’importe quel palace où vous pourriez désirer passer la nuit parce que vous avez donné congé jusqu’à demain à vos serviteurs et que vous n’avez pas la clef…
    — Vous croyez ? fit-elle d’un ton méfiant en retirant sa main. Ils connaissent José et ne comprendraient pas…
    — Que vous vouliez l’éviter ? Mais s’ils sont amoureux de vous comme je le pense, ils comprendront avec enthousiasme. Croyez-moi, Tania ! Si cet homme vous effraie autant que vous me l’avez dit, il faut partir. Et vite !
    C’était malheureusement plus facile à dire qu’à faire. Comme Aldo se levait pour laisser la place, l’assistance se figea. Deux jeunes aides de camp en tuniques miroitantes venaient de se ranger près de chacune des deux colonnes d’entrée tandis que le serviteur chargé d’annoncer les invités proclamait :
    — Sa Grandeur le maharadjah d’Alwar !
    — Nous sommes gâtés ce soir en matière de potentats orientaux, murmura Adalbert qui s’était rapproché d’Aldo avec le vague espoir d’être présenté à la ravissante dame brune. Mais celui-là, je n’en raffole pas…
    Il n’en dit pas plus car un silence s’établissait à l’entrée du prince oriental au-devant de qui Jagad Jit Singh s’avançait les mains tendues. Un homme impressionnant en vérité !
    Dédaigneux de l’habit occidental, son atchkan (10)  de velours vieux rose ruisselait de diamants et de rubis mais, entre ce vêtement fabuleux et l’espèce de toque bordée d’un diadème scintillant qui le coiffait, le visage était d’un autre âge. Sous les traits d’une grande pureté le sang mongol transparaissait et les yeux étirés, striés de jaune, étaient ceux d’un tigre. Quant au sourire dont s’éclairait cette énigmatique figure, il donnait froid dans le dos…
    — Tu le connais ? chuchota Morosini.
    — Un peu, mais c’est surtout ton ami Youssoupoff qui le connaît. Il a eu toutes les peines du monde à le tenir à distance il y a deux ou trois ans. Je crois que Sa Grandeur était tombée amoureuse de lui…
    Les deux princes s’étant donné une cérémonieuse accolade, l’ambiance un instant rompue se reformait. Aldo remarqua que le nouveau venu se faisait présenter surtout des hommes, les femmes semblant l’intéresser fort peu… Cependant, Adalbert réclamait, la bouche fendue d’une oreille à l’autre par un large sourire :
    — Si tu me présentais à Madame ?
    Aldo sursauta :
    — Hein ?… Quoi ? Ah oui, mais je te préviens que Madame nous quitte. Ma chère Tania, voici mon ami Adalbert Vidal-Pellicorne, archéologue distingué. La comtesse Tania Abrasimoff.
    — Nous quitter ? Pas si vite tout de même ! protesta Adalbert en baisant galamment les doigts de la jeune femme. On va bientôt servir le souper et si la comtesse n’y assiste pas il manquera de la lumière !
    — Peut-être mais cette lumière risque de s’éteindre si l’on tarde trop : elle est en danger.
    Il n’eut pas le temps d’en dire plus. Comme il se retournait pour faire signe aux deux amoureux transis qui l’assassinaient du regard, José d’Agalar se glissa dans son champ de vision.
    — Permettez, je dois parler à la comtesse !
    Puis se tournant vers la jeune femme avec un bref salut, il s’adressa à elle en russe, langue

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