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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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un excellent ami. Vous ne voudriez pas qu’on nous l’assassine ici ? Si vous n’avez pas pitié de lui, ayez au moins pitié de moi ajouta-t-il en retrouvant son sérieux. Alors si vous emportez votre joyau maudit à la réception, tâchez que cela ne se termine pas dans un bain de sang. Cela dit, je vous souhaite bon retour dans votre merveilleuse Venise. Si d’aventure j’avais à nouveau besoin de vous je vous téléphonerais…
    Langlois raccompagna son visiteur au seuil où ils se serrèrent la main :
    — Au fond je suis très content de vous avoir rencontré, dit-il. À bientôt peut-être…
    — Personnellement j’en serais ravi mais tout dépend des circonstances…
    — Bien entendu. Ah, pendant que j’y pense encore une question si vous voulez bien ?
    — Mais… je vous en prie !
    — La femme que vous avez suivie jusqu’à Saint-Ouen, vous pourriez la reconnaître ?
    — Oui.
    — Et… vous n’avez aucune idée de son identité ?
    L’espace d’un éclair, Aldo entendit Martin Walker plaider pour la malheureuse chargée d’un nom si pesant. Il revit de même les yeux suppliant de Marie. Si sympathique soit-il, Langlois restait un policier et on ne pouvait ajouter à une liste d’épreuves déjà longue :
    — Aucune, dit-il fermement. À son accent je pense qu’elle est russe mais c’est tout ce que je peux en dire.
    — Il faudra bien que je m’en contente !
     
    Le maharadjah de Kapurthala habitait au bois de Boulogne un petit château blanc, construit sous le Second Empire près du champ de courses de Longchamp afin de permettre à son propriétaire d’alors de suivre les manifestations hippiques sans bouger de chez lui. Il se nichait dans la verdure, non loin du Moulin, et donnait un cachet d’élégance supplémentaire à cette partie du Bois. Ce soir-là il brillait dans la nuit comme une colonie de lucioles. Le temps, plutôt frais, était serein, le soleil ayant brillé presque toute la journée ce qui avait incité Adalbert à sortir son petit bolide rouge en dépit des réserves d’Aldo qui aurait cent fois préféré un taxi plus adéquat, selon lui, au port de habit de soirée.
    — On va sortir de là fripés comme des vieilles pommes et le cheveu en bataille ! prophétisa-t-il en s’introduisant dans le siège de cuir voisin du conducteur.
    — Tout le monde ne peut pas se promener en gondole, riposta son ami. Et nous aurons toujours meilleure allure qu’avec tes chers taxis qui font affreusement bourgeois et qu’on aurait du mal à retrouver à la sortie. Si tu ne veux pas refaire tes boucles à l’arrivée, mets ça ! ajouta-t-il en lui tendant un casque de cuir semblable au sien. Tu auras l’air d’un aviateur !
    Parvenus à destination, Aldo admira en connaisseur la désinvolture de l’archéologue quand il arrêta son engin entre deux Rolls miroitantes, en sauta en arrachant le casque en question qu’il laissa tomber sur le siège et céda la place à un serviteur vêtu de blanc et enturbanné chargé de garer l’Amilcar. Un autre serviteur ayant ouvert la minuscule portière, Aldo descendit plus calmement et put constater avec satisfaction que sous l’ample cape noire son habit merveilleusement coupé ne présentait pas le plus petit faux pli.
    Si Morosini s’attendait à évoluer dans un décor oriental, il put constater qu’il n’en était rien. À l’exception des fabuleux tapis de soie ancienne aux tons assortis qui couvraient le sol un peu partout, le mobilier appartenait tout entier au XVIII e  siècle français, et un XVIII e  siècle de qualité.
    — Étonnant, n’est-ce pas ? murmura Adalbert en prenant place avec Aldo dans la file des invités qui attendaient leur tour de saluer le maître de céans. Mais le plus étonnant dans tout cela, c’est encore le maharadjah lui-même. Un personnage vraiment hors du commun ! Tel que tu le vois aujourd’hui, ajouta-t-il en désignant la haute et mince silhouette en habit orné de plusieurs décorations scintillantes et coiffée d’un turban blanc d’où partait une fusée de diamants couronnant une énorme émeraude, on a du mal à imaginer qu’à dix-huit ans il pesait plus de cent kilos et n’était qu’un petit rajah sikh assez obscur mais déjà assis sur son trône depuis l’âge de cinq ans.
    — Et il est devenu maharadjah – ça veut dire grand roi, je crois ? – par l’opération du Saint Esprit…
    — Le Saint-Esprit en l’occurrence

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