Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
fait était des plus vague : grand, silhouette élégante, voix charmeuse, le tout emballé dans un manteau et un feutre noir à bord baissé. Rien de très excitant. Le gardien de M me  Solovieff avait bien dit qu’il était en voyage, mais il n’y avait aucune raison de le croire. En fait, tous ces gens formaient une assez jolie bande de malfaiteurs, à l’exception sans doute de cette Marie dont on exploitait la naïveté et le besoin d’être reconnue. Maigre bilan ! Alors qu’elle espérait tant revenir débordante d’informations…
    — Je dois vieillir ! murmura-t-elle avec un nouveau soupir. Et ce n’est pas gai…
    Avant de rentrer rue Alfred-de-Vigny, elle se fit conduire au magasin des Trois Quartiers pour y faire quelques achats dont la marquise l’avait chargée. Pour cela, elle n’avait pas besoin d’argent, la marquise disposant d’un compte ouvert. L’atmosphère feutrée, peuplée de vendeuses discrètes et de clientes en général bien élevées la détendit un peu. Elle s’offrit même une visite au salon de thé où les vertus énergétiques d’un chocolat chaud lui rendirent un peu de tonus mais, quand elle rentra à la maison, il était déjà tard et elle trouva M me  de Sommières en train de faire l’ours en cage dans son jardin d’hiver où elle avait coutume de passer l’après-midi en compagnie d’une ou deux coupes de champagne.
    Cette fois, elle en était à la troisième et sauta presque au visage de sa lectrice :
    — Ah ça, Plan-Crépin, où étiez-vous passée ? Il vous a fallu tout ce temps-là pour confesser cette femme ?
    — Non. Il m’a fallu moins de temps, mais est-ce que nous n’oublions pas que nous avions conseillé de passer aux Trois Quartiers pour y prendre diverses choses ?
    — C’est vrai j’avais oublié. Mais ça pouvait attendre ! Alors que rapportez-vous comme informations ?
    — Pas grand-chose, je le crains ! En outre, je me suis fait délester des cinq cents francs !
    — Sans importance. Racontez !
    Connaissant la vieille dame, Marie-Angéline s’efforça de donner le plus de détails possible afin d’éviter des questions à n’en plus finir mais cela ne changeait rien au résultat :
    — J’ai fait chou blanc ! conclut-elle.
    — Pas tout à fait ! Nous avons à présent un portrait – vague c’est entendu, mais au moins une silhouette. D’autre part, nous savons qu’il y a peu de chance que Marie Raspoutine retourne aux Folies-Rochechouart. C’est important parce que cela va nous permettre d’éviter à notre ami Vidal-Pellicorne de faire en vain le pied de grue dans la côte de Saint-Cloud…
    — Mon Dieu, c’est vrai ! Et moi qui n’y pensais pas ! Seulement comment allons-nous faire pour retrouver la piste de ce Napoléon de pacotille ?
    — Peut-être en surveillant l’homme qui assure la protection rapprochée de la danseuse. En attendant, allez donc téléphoner rue Jouffroy.
    — J’y cours !…
    Mais seule la voix distinguée de Théobald se fit entendre au bout du fil : Monsieur venait de sortir et l’on ne savait ni pour combien de temps ni où le joindre. Monsieur avait indiqué qu’il dînerait dehors…
    — Ne vous désolez pas, Plan-Crépin ! fit la marquise en manière de consolation. À l’âge du cher Adalbert, on n’en est pas à une nuit blanche près. Vous lui direz tout cela demain…
     
    En effet, ignorant le nouvel état des choses, Adalbert avait donné rendez-vous au colonel Karloff pour dîner dans un restaurant russe de la rue Daru afin de le mettre de bonne humeur avant d’affronter l’épreuve de l’attente nocturne dans la côte de Saint-Cloud. C’était faire preuve d’abnégation parce que lui-même n’aimait guère la cuisine russe, mais son invité se montra si heureux et si bon convive qu’il ne regretta pas d’avoir dû avaler du bortsch et les cornichons au sel qu’il détestait afin de lui tenir compagnie, se consolant toutefois avec un peu de caviar et un excellent koulibiak de saumon. Karloff dévora, but en conséquence et Adalbert craignit un instant qu’il n’eût trop forcé sur la vodka, mais l’ancien colonel de cosaques tenait bien l’alcool et son hôte put constater, quand tous deux prirent le chemin de Saint-Cloud, qu’il tenait aussi très bien la route. Il était seulement d’humeur exceptionnellement bénigne et quelque peu encline à la tendresse.
    La séance de guet s’annonçait bien. La nuit de printemps

Weitere Kostenlose Bücher