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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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d’un
simple repli stratégique. »
    Près d’une heure s’était écoulée.
Il se mit à longer lentement le fond du fossé. « De toute manière, inutile
de combattre ces quatre-là. Ce n’était pas mon objectif au départ. Quand je trouverai
Sekishūsai lui-même, la vraie bataille commencera. »
    Il s’arrêta et ramassa des
branches tombées qu’il cassa sur son genou en courts bâtons. Il les enfonça l’un
après l’autre dans les fentes du mur de pierre, et s’en servit comme de marchepieds
pour se hisser hors du fossé.
    Il n’entendait plus la flûte. Un
instant, il crut vaguement que Jōtarō l’appelait, mais lorsqu’il s’arrêta
pour écouter avec attention, il n’entendit rien. Il n’était pas vraiment
inquiet au sujet de l’enfant. Jōtarō pouvait se débrouiller seul ;
maintenant, il était sans doute à des kilomètres. L’absence de torches
indiquait que l’on avait renoncé aux recherches, pour la nuit du moins.
    L’idée de trouver et de vaincre Sekishūsai
était redevenue l’obsession de Musashi, la forme immédiate prise par son irrésistible
désir d’être reconnu, honoré.
    L’aubergiste avait déclaré devant
lui que la retraite de Sekishūsai ne se trouvait dans aucune des enceintes
du château mais dans un endroit écarté du domaine. Musashi arpenta bois et
vallées ; parfois, il craignait de s’être égaré à l’extérieur du domaine.
Alors, un tronçon de fossé, un mur de pierre ou un grenier à riz le
rassuraient.
    Toute la nuit, il chercha, mû par
un besoin démoniaque. Il avait l’intention, une fois qu’il aurait trouvé le
chalet de montagne, de faire irruption avec son défi aux lèvres. Mais les
heures s’écoulaient.
    L’aube approchait lorsqu’il se
trouva à la porte de derrière du château. Au-delà se dressait un précipice,
surmonté du mont Kasagi. Musashi faillit crier de déception, et reprit son
chemin vers le sud. Enfin, au bas d’une pente inclinée vers le quart sud-est du
domaine, des arbres bien taillés, du gazon bien tenu lui annoncèrent qu’il
avait découvert la retraite. Conjecture bientôt confirmée par un portail au
toit de chaume, du style cher au grand maître du thé Sen no Rikyu. A l’intérieur,
Musashi put distinguer un bosquet de bambou qu’enveloppait la brume du matin.
    Par une fente du portail, il vit
que l’allée serpentait à travers le bosquet à flanc de colline ainsi que dans
les retraites de montagne des bouddhistes Zen. Un instant, il fut tenté de
sauter par-dessus la clôture, mais s’en abstint ; quelque chose, dans ce
décor, l’en empêcha. Etaient-ce les soins et l’amour prodigués à ce jardin, ou
la vue de pétales blancs par terre ? Quoi qu’il en soit, la sensibilité de
l’occupant transparaissait, et l’agitation de Musashi se calma. Il songea
soudain à son propre aspect. Il devait avoir l’air d’un vagabond avec ses
cheveux hirsutes et son kimono en désordre.
    « Inutile de se précipiter »,
se dit-il, maintenant conscient de son épuisement. Il fallait se ressaisir
avant de se présenter au maître des lieux.
    « Tôt ou tard, songea-t-il,
quelqu’un viendra forcément au portail. Il sera bien temps. Si Sekishūsai
refuse toujours de me voir en tant qu’étudiant errant, j’emploierai un autre
moyen. » Il s’assit sous l’auvent du portail, adossé au montant, et s’endormit.
    Les étoiles pâlissaient et les
marguerites frémissaient dans la brise, lorsqu’une grosse goutte froide de
rosée lui tomba sur la nuque et le réveilla. Le jour s’était levé ; tandis
que Musashi se secouait de son somme, la brise matinale et le chant des rossignols
lui purifiaient l’esprit. Aucune trace de lassitude ne subsistait : c’était
une renaissance.
    Il se frotta les yeux ; puis
il vit le soleil rouge vif émerger des montagnes. Il sauta sur ses pieds. La
chaleur du soleil avait déjà ranimé son ardeur, et la force accumulée dans ses
membres exigeait l’action. Tout en s’étirant, il dit avec douceur : « Aujourd’hui,
c’est le grand jour. »
    Il avait faim, ce qui, pour une
raison quelconque, lui fit penser à Jōtarō. Peut-être avait-il traité
l’enfant avec trop de rudesse, la veille au soir, mais c’était voulu, cela
faisait partie de l’entraînement du garçon. Musashi se répéta que Jōtarō,
où qu’il fût, ne courait aucun danger sérieux.
    Il écoutait le murmure du ruisseau
qui coulait du flanc de la montagne, serpentait

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