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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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leur idéal d’unification du Japon, et aux nombreuses
batailles qu’ils avaient livrées à cette fin. Mais il était clair que le chemin
qui menait à la grandeur ne passait plus par la victoire dans les batailles.
Aujourd’hui, les gens ne voulaient que la paix dont ils avaient eu si longtemps
soif. Et en considérant la longue, longue lutte que Tokugawa Ieyasu avait dû
endurer pour transformer son désir en réalité, il se rendait compte une fois de
plus de la difficulté qu’il y avait à se cramponner à son idéal.
    « Il s’agit d’une ère
nouvelle, se disait-il. J’ai devant moi le restant de mes jours. Je suis venu
trop tard pour suivre les traces de Nobunaga ou de Hideyoshi, mais je n’en puis
pas moins rêver de conquérir mon propre monde. Nul ne saurait m’en empêcher.
Même ce porteur de palanquin doit avoir une ambition quelconque. »
    Durant un moment, il chassa de son
esprit ces idées pour essayer d’envisager sa situation de manière objective. Il
possédait son sabre, et la Voie du Sabre était celle qu’il avait choisie.
Peut-être était-il bel et bon d’être un Hideyoshi ou un Ieyasu, mais l’époque n’avait
plus besoin d’hommes de ce talent particulier. Ieyasu avait tout bien mis en
ordre ; plus n’était besoin de guerres sanglantes. A Kyoto qui s’étendait
aux pieds de Musashi, la vie avait cessé d’être une affaire pleine de risque.
    Pour Musashi, l’important
désormais serait son sabre et la société autour de lui, puisque son art du
sabre était lié à son existence d’être humain. En un éclair d’intuition, il fut
heureux d’avoir trouvé la relation entre les arts martiaux et ses propres
idéaux de grandeur.
    Comme il était assis, perdu dans
ses pensées, le visage du porteur de palanquin reparut au pied de la falaise.
Il désignait Musashi avec sa perche de bambou en criant :
    — Le voilà, là-haut !
    Musashi baissa les yeux vers l’endroit
où les porteurs s’agitaient en vociférant. Ils se mirent à grimper la colline
dans sa direction. Il se leva et, tâchant de les ignorer, continua son ascension ;
mais il s’aperçut bientôt que sa route était barrée. Bras contre bras,
brandissant leurs perches, un important groupe d’hommes l’encerclait à
distance. Regardant par-dessus son épaule, il vit que les hommes, derrière lui,
s’étaient arrêtés. L’un d’eux souriait en découvrant les dents ; il
informait les autres que Musashi semblait « regarder une plaque quelconque. »
    Musashi, maintenant devant les
marches du Hongandō, levait en effet les yeux vers une plaque, battue par
les intempéries, qui pendait à la traverse de l’entrée du temple. Mal à l’aise,
il se demandait s’il devait tenter de les disperser en les effrayant par un cri
de guerre. Il avait beau savoir qu’il en pourrait venir à bout rapidement, il n’avait
aucune raison de se battre avec une bande d’humbles travailleurs. De toute
manière, il devait s’agir d’une erreur. Dans ce cas, ils se disperseraient tôt
ou tard. Il se tenait là patiemment, à lire et relire les mots inscrits sur la
pancarte : « Premiers vœux. »
    — La voilà ! cria l’un
des porteurs.
    Ils se mirent à parler entre eux à
mi-voix. Musashi avait l’impression qu’ils s’excitaient à la fureur. L’enceinte,
derrière la porte ouest du temple, s’était rapidement remplie de monde, et
voici que prêtres, pèlerins et marchands s’usaient les yeux pour voir ce qui se
passait. Le visage plein de curiosité, ils formaient des groupes en dehors du
cercle des porteurs qui entouraient Musashi.
    De la colline de Sannen venaient
les mélopées rythmées sur le pas des hommes chargés d’un fardeau. Les voix se
rapprochèrent jusqu’à ce que deux hommes pénètrent dans l’enceinte du temple,
portant sur le dos une vieille femme et un samouraï campagnard qui semblait
assez fatigué.
    Sur le dos de son porteur, Osugi
fit un brusque signe de la main en disant :
    — Ça ira comme ça.
    Le porteur fléchit les jambes, et,
tout en sautant lestement à terre, elle le remercia. Elle se tourna vers l’oncle
Gon, et dit :
    — ... Cette fois, nous ne le
laisserons pas échapper, n’est-ce pas ?
    Tous deux étaient vêtus et
chaussés comme s’ils s’attendaient à passer le reste de leur existence à
voyager.
    — Où est-il ?
    Un des porteurs dit : « Là-bas »,
en indiquant fièrement la direction du temple.
    L’oncle Gon humecta de salive

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