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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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femme
tremblotante et d’un samouraï couvert de rides ? Silencieux, l’œil fixe,
il ne savait quel parti prendre.
    — Regardez-moi donc ce salaud !
Il a peur ! vociféra un porteur.
    — Sois un homme ! Laisse
la vieille te tuer ! ironisa un autre.
    Tout le monde était dans le camp d’Osugi.
    La vieille cligna des yeux et
hocha la tête. Puis elle regarda les porteurs et cria avec colère :
    — Silence ! Je ne veux
de vous que pour témoins. Si nous étions tués tous deux, je veux que vous
renvoyiez nos corps à Miyamoto. Pour le reste, je n’ai que faire de vos
discours, ni de votre aide !
    Dégainant à demi son petit sabre,
elle fit deux pas en direction de Musashi.
    — ... Takezō !
répéta-t-elle. Takezō a toujours été ton nom, au village ; aussi,
pourquoi n’y réponds-tu pas ? L’on m’a dit que tu avais pris un beau nom
tout neuf — Miyamoto Musashi, c’est bien ça ? —, mais tu seras toujours
Takezō pour moi. Ha ! ha ! ha !
    Le rire faisait trembloter son cou
ridé. De toute évidence, elle espérait tuer Musashi avec des mots avant que les
sabres ne fussent tirés.
    — ... Croyais-tu donc pouvoir
m’empêcher de te retrouver uniquement en changeant de nom ? Quelle sottise !
Les dieux du ciel m’ont guidée vers toi comme je savais qu’ils le feraient. Et
maintenant, en garde ! Nous allons voir si je rapporterai chez moi ta
tête, ou si tu trouveras le moyen de rester en vie !
    L’oncle Gon, de sa voix usée,
lança son propre défi :
    — Voilà quatre longues années
que tu nous as glissé entre les doigts, et nous t’avons recherché durant tout
ce temps. Et voici que nos prières, ici, au Kiyomizudera, t’ont livré entre nos
mains. Je suis peut-être vieux, mais je n’ai pas l’intention de me laisser
vaincre par tes pareils ! Prépare-toi à mourir !
    Dégainant à la vitesse de l’éclair,
il cria à Osugi :
    — ... Ecarte-toi de là !
    Furieuse, elle se retourna contre
lui :
    — Que veux-tu dire, espèce de
vieil imbécile ? C’est toi qui trembles !
    — Tant pis ! Les bodhisattvas
de ce temple nous protégeront !
    — Tu as raison, oncle Gon. Et
les ancêtres des Hon’iden sont avec nous, eux aussi ! Nous n’avons rien à
craindre.
    — Takezō ! En avant !
Dégaine !
    — Qu’est-ce que tu attends ?
    Musashi ne bougeait pas. Debout
là, pareil à un sourd-muet, il regardait fixement les deux vieillards aux
sabres dégainés.
    Osugi cria :
    — ... Qu’est-ce qui se passe,
Takezō ? Tu as peur ?
    Elle prit son élan mais soudain
trébucha sur une pierre, et, piquant du nez, atterrit à quatre pattes, presque
aux pieds de Musashi.
    La foule haletait ; une voix
cria :
    — Elle va se faire tuer !
    — Vite, sauvez-la !
    Mais l’oncle Gon, trop médusé pour
faire un mouvement, se contenta de dévisager Musashi.
    La vieille, alors, étonna tout le
monde en ramassant son sabre et en retournant à côté de l’oncle Gon où elle
reprit une attitude de défi.
    — Qu’est-ce qui ne va pas,
espèce d’empoté ? cria Osugi. Ce sabre, dans ta main, n’est-il qu’un
ornement ? Ne sais-tu donc pas comment t’en servir ?
    La face de Musashi ressemblait à
un masque ; pourtant, il finit par parler, d’une voix de tonnerre :
    — Je ne peux pas faire ça !
    Il s’avança vers eux ; Aussitôt,
l’oncle Gon et Osugi s’écartèrent de part et d’autre.
    — Où... où vas-tu, Takezō ?
    — Je ne peux pas me servir de
mon sabre !
    — Halte ! Pourquoi ne te
bats-tu pas ?
    — Je vous l’ai dit ! Je
ne peux pas m’en servir !
    Il marcha droit devant lui sans
regarder ni à droite, ni à gauche. Il traversa la foule, sans se détourner une
seule fois de sa ligne droite. Reprenant ses esprits, Osugi s’écria :
    — Il est en train de s’enfuir !
Ne le laissez pas s’échapper !
    La foule se referma sur Musashi
mais au moment où elle croyait l’avoir encerclé, elle s’aperçut qu’il avait
disparu. La stupéfaction était à son comble. Les yeux brillèrent de surprise,
puis devinrent des taches ternes sur des visages sans expression.
    Par petits groupes, ils
continuèrent jusqu’au coucher du soleil à courir çà et là, cherchant
frénétiquement sous les planchers du temple et dans les bois leur proie
évanouie.
    Plus tard encore, tandis que les
gens redescendaient les pentes obscurcies des collines de Sannen et de Chawan
un homme jura qu’il avait vu Musashi sauter avec

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