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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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l’envisager comme un motif de générosité plus puissant, plus actif que ce principe plus étendu de bienveillance générale qui fait souvent qu’on n’accorde de secours à personne.
    Mistress Bickerton, maîtresse de l’auberge des Sept-Étoiles dans Castle-Gate, à York, possédait au plus haut degré ce sentiment national (née dans le comté de Merse, qui est limitrophe du Midlothian où était née Jeanie). Elle montra une bonté maternelle à sa jeune concitoyenne, et lui témoigna tant d’intérêt sur son voyage, que Jeanie, quoique d’un caractère réservé, finit par lui confier toute son histoire.
    Pendant ce récit, l’hôtesse leva plus d’une fois les yeux et les mains vers le ciel, et montra autant d’étonnement que de compassion ; mais elle fit plus encore, car elle donna quelques bons avis à Jeanie.
    Elle voulut savoir ce que contenait sa bourse. Il s’y trouvait encore dix-huit guinées, le reste (déduction faite des deux qu’elle avait laissées à Libberton) avait été employé aux dépenses de la route.
    – Cela pourra suffire, dit l’hôtesse, pourvu que vous puissiez les porter à Londres.
    – Que je puisse les y porter ! répondit Jeanie : je vous en réponds, sauf les frais du voyage.
    – Oui, mais les voleurs, mon enfant ! Vous êtes à présent dans un pays plus civilisé, c’est-à-dire plus dangereux, que le nord, et je ne sais que faire pour que vous ne couriez aucun danger sur la route. Si vous voulez attendre une huitaine de jours, nos chariots partiront ; je vous recommanderai à Joe Broadwheel, et il vous conduira, sans frais et sans risque, au Cygne à deux Têtes à Londres. Il pourra bien vous dire quelques galanteries sur la route, mais ne vous en inquiétez pas, c’est un brave et digne garçon ; et qui sait ? les Anglais ne sont pas de mauvais maris, témoin Moïse Bickerton, mon pauvre homme ! aujourd’hui dans le cimetière.
    Jeanie se hâta de lui dire qu’il lui était impossible d’attendre le départ de Joe Broadwheel, et elle se félicita intérieurement de ne pas se trouver exposée à être l’objet de ses attentions pendant le voyage.
    – Eh bien, mon enfant, dit la bonne hôtesse, comme vous le voudrez ; chacun serre sa ceinture comme il l’entend : mais, croyez-moi, ne laissez dans votre poche qu’une couple de guinées et votre argent blanc, et cousez le reste dans votre corset, en cas d’accident ; car les routes ne sont pas sûres, à vingt milles d’ici. Mais quand vous serez à Londres, pensez-vous demander à tous ceux que vous rencontrerez où demeure mistress Glass, marchande de tabac, au Chardon ? on vous rira au nez, et de votre vie vous ne la trouverez. Je veux donc vous donner une lettre pour un brave homme qui connaît presque tous les Écossais qui sont à Londres, et qui, bien sûrement, saura trouver la demeure de votre cousine.
    Jeanie reçut la lettre avec beaucoup de remerciemens ; mais les voleurs dont lui parlait mistress Bickerton lui causèrent beaucoup d’inquiétude. Elle se rappela le papier que lui avait donné Ratcliffe, et ayant raconté brièvement à son hôtesse de quelle manière et dans quelles circonstances il le lui avait remis, elle le lui montra.
    – Je n’entends rien à ce jargon ! dit l’hôtesse après l’avoir lu : ce qui n’était pas étonnant, puisqu’il était écrit dans ce langage auquel on a donné le nom d’argot. Elle ne tira pas une sonnette, car elles n’étaient pas encore à la mode à cette époque, mais elle souffla dans un sifflet d’argent qui était suspendu à son côté, et une grosse servante se présenta aussitôt.
    – Dites à Dick Ostler {89} de venir me parler, dit mistress Bickerton.
    Dick Ostler arriva sur-le-champ. C’était un drôle dont la figure était couverte de cicatrices, boiteux, louche, et dont l’air était en même temps bête, malin et sournois.
    – Dick Ostler, lui dit l’hôtesse d’un ton d’autorité qui montrait qu’elle était du comté d’York, au moins par adoption, vous connaissez le pays, et les gens qui rôdent sur les routes.
    – Hé ! hé ! maîtresse, répondit-il avec un mouvement d’épaules qui pouvait indiquer également le repentir de ce qu’il avait fait, ou le regret de ne plus le faire, sans doute, sans doute, j’ai connu tout cela de mon temps. En même temps il sourit d’un air malin, et poussa un profond soupir, pour se disposer à prendre le ton que la circonstance

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