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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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ailes noires sur mes lèvres et appuie sa large et hideuse main sur ma bouche : oui, Jeanie, sa hideuse main. Il me ravit mes bonnes pensées, ainsi que mes bonnes paroles, et leur substitue d’impures chansons et des vanités mondaines.
    – Essayez, Madge, dit Jeanie, essayez de calmer votre âme et de purifier votre cœur : il sera plus léger » Résistez au démon, et il fuira. Souvenez-vous, comme le répète mon vertueux père, qu’il n’est pas de démon plus perfide que nos pensées vagabondes.
    – C’est vrai, ma fille, dit Madge en tressaillant, je prendrai un sentier où le démon ne me suivra pas. Vous y viendrez avec moi ; mais je vous tiendrai par le bras de peur qu’Apollyon ne pénètre dans ce sentier, comme il fit dans le Voyage du Pèlerin. À ces mots elle se leva, et, prenant Jeanie par le bras, elle commença à marcher à grands pas, et bientôt, à la grande joie de sa compagne, elle entra dans un sentier frayé dont elle paraissait connaître parfaitement tous les détours.
    Jeanie essaya de la remettre sur la voie des aveux qu’elle avait promis ; mais son imagination était en campagne. Dans le fait l’esprit dérangé de cette pauvre fille ressemblait à un amas de feuilles desséchées, qui peuvent bien rester immobiles pendant quelques minutes, mais qui, au moindre souffle, sont agitées de nouveau. Madge s’était mis en tête de parler de l’allégorie de John Bunyan à l’exclusion de toute autre chose, et elle continua avec une grande volubilité :
    – N’avez-vous jamais lu le Voyage du Pèlerin ? Vous serez la femme Christiana, et moi la vierge Merci, car vous savez que Merci était plus belle et plus attrayante que sa compagne ; et si j’avais ici mon petit chien, il serait Grand-Cœur, leur guide, car il était brave, et il aboyait comme s’il eût été dix fois plus gros. Ce fut ce qui causa sa perte, car il mordit aux talons le caporal Mac-Alpine un jour qu’il m’emmenait au corps-de-garde, et le caporal tua le fidèle animal avec sa pique de Lochaber. Que le diable casse les os à ce montagnard !
    – Fi ! Madge, dit Jeanie, ne dites pas de telles choses.
    – Il est vrai, reprit Madge en secouant la tête ; mais alors il ne faut pas que je pense à mon pauvre petit Snap que je vis étendu expirant dans un fossé. Hélas ! c’était peut-être un bien pour lui, car il souffrait du froid et de la faim quand il vivait, et dans la tombe il y a le repos pour tout le monde, le repos pour mon petit chien, pour mon pauvre enfant et pour moi.
    – Votre enfant ! s’écria Jeanie, qui espérait ramener Madge à un entretien plus sérieux, si elle parvenait à lui parler d’un sujet qui l’intéressât réellement. – Mais elle se trompa ; Madge rougit, et répondit avec dépit :
    – Mon enfant ? Oui certes, mon enfant ! Est-ce que je ne peux pas avoir eu un enfant et l’avoir perdu, comme votre jolie petite sœur, le Lis de Saint-Léonard ?
    Cette réponse alarma Jeanie ; et s’empressant de calmer l’irritation de Madge, elle lui dit : – Je suis bien fâchée de votre malheur.
    – Fâchée ! – et de quoi seriez-vous fâchée ? reprit Madge. – C’était un bonheur pour moi d’avoir un enfant, c’en aurait été un du moins sans ma mère, car ma mère est une bien singulière femme. – Voyez-vous, il y avait un vieux rustre qui avait des terres et des écus par-dessus le marché. – Le vrai portrait du vieux M.  Faible-Esprit, ou M.  Prêt-à-s’Arrêter, que Grand-Cœur délivra de Mort-aux-Bons le géant, au moment où il allait le voler et le tuer, car Mort-aux-Bons était de l’espèce des mangeurs d’hommes, – et Grand-Cœur tua aussi le géant Désespoir. – Pourtant je crois que le géant Désespoir vit encore, malgré l’histoire du livre. Parfois je le sens qui attaque mon cœur.
    – Eh bien, et le vieux rustre ? dit Jeanie, qu’un pénible intérêt excitait à savoir la vérité sur l’histoire de Madge, qu’elle ne pouvait s’empêcher de croire liée à la destinée de sa sœur. Elle désirait aussi amener sa compagne à quelque aveu qui lui fût fait d’un son de voix plus bas ; car elle craignait que Madge ne fût entendue de sa mère ou des voleurs, qui pouvaient bien déjà être à leur recherche.
    – Ainsi donc le vieux rustre, – répéta Madge ; j’aurais voulu que vous le vissiez marcher avec ses deux jambes, dont l’une était d’un demi-pied plus courte que l’autre.

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