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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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est en état de nous entendre comme si elle était dans le Bedfordshire ; – et maintenant, la mère, je veux être damné, si je comprends rien à votre histoire. Je ne vois pas ce qui vous en reviendra de faire pendre une de ces filles et de tourmenter l’autre ; mais n’importe, je veux vous servir, quoique ce soit une mauvaise affaire ; et voici ce que je puis faire pour vous : Tom Moonshine a son lougre sur la côte à Surfleet sur la Walsh, j’irai le prévenir demain ; à la nuit je la conduirai à bord, et on l’y gardera trois semaines ou un mois si cela vous convient. Mais du diable si je souffre qu’on la maltraite ou qu’on la vole, avec la passe de Daddy Rat.
    – Comme vous voudrez, Frank, comme vous voudrez. Il faut toujours vous passer vos fantaisies. Au surplus peu m’importe qu’elle vive ou qu’elle meure. Je ne demande pas sa mort. C’est sa sœur, oui, sa sœur…
    – Allons, n’en parlons plus. Voilà Tom qui rentre. Nous allons faire un somme, et je vous conseille d’en faire autant.
    Jeanie entendit Tom rentrer, et au bout de quelques minutes, tout fut plongé dans le silence en ce repaire d’iniquité. L’inquiétude ne permit pas à Jeanie de fermer les yeux de toute la nuit. À la pointe du jour elle entendit sortir les deux bandits ; n’ayant plus auprès d’elle que des personnes de son sexe, elle reprit un peu de confiance, et la lassitude lui procura quelques heures de repos.
    Lorsque la captive s’éveilla, le soleil était déjà levé sur l’horizon, et la matinée commençait à s’avancer. Madge était encore dans le réduit où elles avaient couché. Elle dit bonjour à Jeanie en la regardant d’un air égaré, selon sa coutume : – Savez-vous qu’il est arrivé une drôle de chose pendant que vous étiez dans le pays du sommeil ? lui dit-elle. Les constables sont venus ici ; ils ont trouvé ma mère à la porte et l’ont emmenée chez le juge de paix, à cause du blé que notre cheval a mangé cette nuit. Ces rustres anglais font autant de bruit pour quelques épis de blé qu’un laird écossais pour ses lièvres et ses perdrix. Maintenant, ma fille, voulez-vous que nous leur jouions un joli tour ; allons nous promener ensemble ? ils feront un beau tapage, mais nous reviendrons pour l’heure du dîner. Voulez-vous déjeuner ? Peut-être aimeriez-vous mieux vous recoucher. Quelquefois je passe des journées entières sans bouger, la tête sur mes mains, comme cela. D’autres fois je ne puis rester en place. Ah ! vous pouvez vous promener avec moi sans crainte.
    Quand Madge Wildfire eût été la lunatique la plus furieuse, au lieu d’avoir encore une sorte de raison incertaine et douteuse, qui variait probablement sous l’influence des causes les plus légères, Jeanie n’aurait guère refusé de quitter un lieu où, captive, elle avait tant à craindre. Elle se hâta de l’assurer qu’elle n’avait besoin ni de manger ni de dormir, et espérant au fond de son cœur qu’elle ne commettait aucun péché en agissant ainsi, elle entra pleinement dans le projet de promenade proposée par sa folle gardienne.
    Elle prit son petit paquet sous son bras, et Madge s’en étant aperçue, lui dit : – Ce n’est pas tout-à-fait pour cela, mais je vois que vous voulez sauver ce que vous avez de meilleur, des mains de ces gens ; non que ce soit précisément de mauvaises gens, mais ils ont de singulières manières ; et j’ai pensé quelquefois que ce n’était pas bien à ma mère et à moi de fréquenter semblable compagnie !
    La joie, la crainte et l’espérance agitaient le cœur de Jeanie quand, prenant son petit paquet, elle sortit en plein air, et jeta les yeux autour d’elle pour chercher quelque habitation ; – mais elle n’en aperçut aucune. Le terrain était partie cultivé, partie couvert de broussailles, de taillis et de fondrières. Elle chercha ensuite à s’assurer où était la grande route, persuadée que, si elle pouvait la gagner, elle y trouverait quelques maisons ou quelques passans ; mais elle vit à regret qu’elle n’avait aucun moyen de diriger sa fuite avec certitude, et qu’elle était dans la dépendance absolue de la folle, sa compagne.
    Après avoir marché une demi-heure : – Pourquoi n’allons-nous pas sur la grande route ? dit-elle à Madge sans affectation, nous nous y promènerions plus commodément qu’au milieu des broussailles.
    Madge avait marché fort vite jusqu’alors. À cette

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