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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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écouté ce qu’il me disait, je n’aurais jamais été la créature errante que je suis. Mais tout est fini. Allons ; nous frapperons à la porte ; le portier recevra Christiana, Merci restera dehors. Je me tiendrai sur la porte tremblante et pleurant. Alors, Christiana (c’est vous, Jeanie), Christiana intercédera pour moi ; alors Merci (c’est moi), Merci s’évanouira ; alors l’interprète (c’est M. Staunton lui-même) viendra me prendre par la main, moi la pauvre et coupable folle ; il me donnera une grenade, un rayon de miel et une fiole de liqueur pour me rappeler à la vie ; alors les bons temps reviendront, et nous serons les plus heureuses filles du monde {97} .
    Au milieu de cette confusion d’idées, Jeanie crut entrevoir dans Madge une intention d’aller chercher le pardon de quelqu’un qu’elle avait offensé, ce qui lui faisait espérer de pouvoir bientôt se trouver à même d’implorer pour elle la sauvegarde des lois. Jeanie résolut donc de se laisser guider par Madge, et d’agir selon les circonstances.
    Elles étaient alors à peu de distance des maisons. C’était un de ces jolis villages si communs en Angleterre, où les maisons, au lieu d’être rangées à la suite les unes des autres, des deux côtés d’une route couverte de boue ou de poussière, se trouvent dispersées en groupes, entourées d’ormes, de chênes et d’arbres fruitiers, qui étant alors en pleine fleur, faisaient de cet endroit comme un bosquet enchanté. Au centre, on voyait l’église de la paroisse avec une tour gothique, et l’on entendait le son des cloches qui appelait les fidèles.
    – Restons ici jusqu’à ce que tout le monde soit entré dans l’église, dit Madge, car tous les enfans courraient après moi en criant, et le bedeau serait assez brutal pour s’en prendre à nous. Ce n’est pas que j’aime les cris des enfans plus que lui, mais comment les empêcher ?
    Jeanie consentit d’autant plus aisément à s’arrêter, que Madge lui avait dit que ce n’était pas dans ce village que les constables avaient conduit sa mère, et que les deux écuyers de grand chemin étaient allés d’un autre côté. Elle voyait que ses vêtemens avaient beaucoup souffert des évènemens de la veille, d’une nuit passée sur la paille, et de la course qu’elle venait de faire à travers des buissons et des taillis fourrés ; aussi elle eût bien voulu donner un air de propreté à ses ajustemens, afin de pouvoir intéresser davantage ceux à qui elle s’adresserait pour implorer leur protection.
    Elles s’assirent donc au pied d’un chêne, au bord d’une fontaine, miroir ordinaire des jeunes Écossaises de la condition de Jeanie ; et celle-ci, profitant de ce secours, s’occupa de mettre un peu d’ordre dans sa toilette ; mais, quelque nécessaire que ce soin lui eût paru d’abord, elle ne tarda pas à regretter d’y avoir songé.
    Madge avait une grande opinion de ses charmes, auxquels elle devait tous ses malheurs. Son esprit, semblable à une barque abandonnée sur un lac, se livrait toujours à la première impulsion qui l’agitait. Dès qu’elle vit Jeanie renouer ses cheveux, replacer son chapeau, secouer la poussière de ses souliers et de ses vêtemens, mettre un fichu blanc, et se laver les mains et la figure, le génie de l’imitation et de la coquetterie s’empara d’elle, et d’un petit paquet dont elle s’était aussi chargée elle tira les restes flétris de son ancienne élégance, commençant une toilette qui la rendit vingt fois plus ridicule qu’elle ne l’était auparavant.
    Jeanie en gémissait tout bas, mais elle n’osa faire aucune observation : sur un chapeau de voyage qui lui couvrait la tête, Madge plaça une plume de paon et une vieille plume blanche cassée que le temps avait noircie. Elle attacha au bas de sa robe en forme de redingote une sorte de falbala de fleurs artificielles passées ; un morceau de soie jaune, garni de clinquant, reste d’une robe qui avait rendu de longs services d’abord à une dame et ensuite à sa femme de chambre, fut jeté sur une de ses épaules, et ramené en avant, en forme de baudrier ; une paire d’escarpins de satin, brodés, sales, à talons hauts, remplacèrent ses gros souliers d’usage. Elle avait coupé une branche de saule le matin, presque aussi longue qu’une canne à ligne. Elle se mit à la peler sérieusement, et la transforma en une baguette semblable à celle que le trésorier ou

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