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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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que vous avez de plus cher, apprenez-moi ce qu’il est devenu !
    Madge s’arrêta, la regarda fixement d’un air sérieux, puis partant d’un éclat de rire : – Ah ! ah ! ah ! s’écria-t-elle ? attrapez-moi, si vous le pouvez. On peut donc vous faire croire tout ce qu’on veut ! Comment saurais-je ce qu’est devenu l’enfant de votre sœur ? Les jeunes filles ne devraient jamais faire d’enfans jusqu’à leur mariage. Et puis toutes les commères arrivent et se mettent à table comme si c’était le plus beau jour du monde. Elles vous disent que les enfans des jeunes filles sont heureux ; je sais que ce n’est pas vrai de celui de votre sœur et du mien. Mais il y aurait de tristes histoires à faire ; j’ai besoin de chanter un peu pour me remettre le cœur. Je veux chanter la chanson que le gentil Geordy fit pour moi dans le temps, lorsque j’allais avec lui à la fête de Lockington pour le voir jouer la comédie avec les autres acteurs. Il aurait bien mieux fait de m’épouser cette nuit-là, comme il l’avait promis. Mieux vaut se marier sur le fumier que sur la bruyère {95} , dit le proverbe de l’Yorkshire : il peut aller loin et trouver pire. Mais chantons :
    Je suis Madge du hameau,
    Je suis Madge de la ville ;
    Malgré tous ses bijoux, la dame du château
    N’a pas un cœur aussi tranquille.
    Je suis la reine de mai,
    C’est moi qui conduis la danse ;
    Le feu follet n’est pas plus brillant et plus gai,
    Je vis d’amour et d’espérance.
    – C’est de toutes mes chansons celle que j’aime le mieux, continua la folle, parce que c’est lui qui l’a faite, et je la chante souvent. C’est peut-être pour cela que les gens m’appellent Madge Wildfire. Je réponds à ce nom, quoique ce ne soit pas le mien, car à quoi bon se fâcher ?
    – Mais vous ne devriez pas du moins chanter le jour du sabbat, dit Jeanie, qui, au milieu de son anxiété, ne pouvait s’empêcher d’être scandalisée de la conduite de sa compagne, surtout à l’approche du hameau.
    – Ah ! c’est dimanche, dit Madge. Ma mère mène une telle vie, et fait si souvent de la nuit le jour, que, perdant le compte des jours de la semaine, on ne distingue plus le dimanche du samedi. D’ailleurs c’est votre W higerie qui se scandalise ; en Angleterre, les gens chantent quand il leur plaît. Et puis, vous savez, vous êtes Christiana et je suis Merci ; elles s’en allaient en chantant. À ces mots, elle chanta une des stances de John Bunyan.
    Ah ! plaignez moins le cœur humble et timide,
    Il ne craint plus les chutes de l’orgueil ;
    Le dieu du ciel lui servira de guide !
    Et du péché lui montrera l’écueil.
    {96} …
    L’abondance est un vrai fardeau
    Dans ce triste pèlerinage ;
    Peu de chose ici-bas, dans un monde nouveau
    Si le bonheur nous dédommage.
    – Et savez-vous, Jeanie, qu’il y a beaucoup de vérité dans ce livre du Voyage du Pèlerin ? L’enfantqui chante ainsi gardait les moutons de son père dans la vallée de l’Humiliation, et Grand-Cœur dit qu’il vivait plus heureux, qu’il avait dans son sein de l’herbe appelée Calme du cœur en plus grande abondance que ceux qui portent comme moi la soie et le velours, et sont parés comme moi.
    Jeanie Deans n’avait jamais lu l’allégorie pleine de charmes et d’imagination à laquelle Madge faisait allusion. Bunyan était, il est vrai, un rigide calviniste, mais il était aussi membre d’une congrégation d’ Anabaptistes, de sorte que ses ouvrages ne trouvaient point place parmi les livres théologiques de Deans. Madge, dans une époque de sa vie, avait connu apparemment cette production populaire, qui manque rarement de faire une impression profonde sur l’enfance et les gens du peuple.
    – Je puis bien dire, continua-t-elle, que je sors de la ville de la destruction, car ma mère est mistress Œil-de-Chauve-souris, qui vit au coin de la rue du Mort ; Frank Levitt et Tyburn Tom peuvent se comparer à Mauvaise Foi et à Crime, qui arrivèrent au grand-galop, terrassèrent le pèlerin avec une grosse massue, et lui volèrent une bourse d’argent qui était presque tout son avoir. C’est ce que Frank et Tom ont fait à plus d’un voyageur, et ils continueront. Mais allons à la maison de l’interprète, car je connais un homme qui en jouera le rôle parfaitement. Il a les yeux levés au ciel, le meilleur des livres à la main, et la loi de vérité gravée sur ses lèvres. Oh ! si j’avais

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