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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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dans ces repaires où les hommes du métier désespéré que faisait Wilson se cachaient eux et leur contrebande. Des cœurs qui désobéirent à la fois aux lois divines et humaines ne sont pas toujours insensibles aux traits de courage et de générosité. On nous assura que la populace d’Édimbourg, vivement touchée de la dure situation de Wilson et de son dévouement, seconderait tout mouvement qui aurait pour but de le délivrer même au pied du gibet.
    Dès que je m’en déclarai le chef, je ne manquai pas d’hommes qui s’engagèrent à y prendre part.
    – Je ne doute pas que je n’eusse réussi à arracher Wilson à la corde qui le menaçait, continua Georges Staunton avec un feu qui semblait encore un reste de celui qui l’avait animé dans son audacieux projet ; – mais entre autres précautions, les magistrats en avaient pris une, suggérée, nous apprit-on depuis, par le malheureux Porteous, qui déconcerta nos mesures. Ce fut d’avancer d’une demi-heure l’instant de l’exécution. La crainte d’être remarqués par les officiers de police à qui la plupart de nous n’étaient que trop connus, nous avait décidés à ne paraître sur la place de Grassmarket qu’au dernier moment, et quand nous y arrivâmes, tout était terminé. Je m’élançai pourtant sur l’échafaud ; je coupai de ma propre main la corde où était suspendu le malheureux Wilson, mais il était trop tard, ce généreux et hardi criminel n’existait plus, et il ne nous restait désormais que la vengeance – une vengeance, pensais-je, doublement réclamée de celui à qui Wilson avait sauvé la vie et la liberté, au lieu de se sauver lui-même.
    – Ô monsieur, dit Jeanie : et aviez-vous oublié ce passage de l’Écriture : C’est à moi qu’appartient la vengeance, dit le Seigneur.
    – L’Écriture ! il y avait plus de cinq ans que je n’avais ouvert une Bible.
    – Grand Dieu ! s’écria Jeanie ; et le fils d’un ministre !
    – Il est naturel que vous pensiez ainsi, Jeanie ; ne m’interrompez pas, les instans sont précieux. L’insensé Porteous, après avoir fait tirer sur le peuple, quand cela n’était plus nécessaire, devint l’objet de sa haine pour avoir fait plus que son devoir, comme il l’était de la mienne pour l’avoir trop bien rempli. J’étais sans nouvelles d’Effie, et, au risque de ma vie, j’entrai dans Édimbourg, et je me rendis chez la vieille Murdockson dans l’espoir d’y trouver mon épouse future et mon fils.
    Elle me dit qu’Effie, ayant appris le peu de succès de la tentative faite pour sauver Wilson, et les recherches actives qu’on dirigeait contre moi, avait été attaquée d’une fièvre avec transport au cerveau, et qu’ayant été obligée de quitter un moment la maison, elle n’y avait trouvé à son retour ni elle ni son fils. Je l’accablai de reproches qu’elle écouta avec un calme désespérant, car c’est un de ces caractères qui tantôt se livrent à tous les excès de l’emportement, et tantôt ne vous opposent qu’une tranquillité imperturbable. Je la menaçai de la justice ; elle me répondit que je devais la craindre plus qu’elle. Elle avait raison. Je lui parlai de vengeance ; elle me conseilla de redouter la sienne. Enfin, au désespoir, je la quittai ; je sortis d’Édimbourg ; je chargeai un de mes camarades de s’informer si Effie n’avait pas reparu à Saint-Léonard. Mais avant que j’eusse reçu sa réponse, un des limiers de la justice avait trouvé mes traces, et je me vis forcé de fuir dans une retraite plus éloignée. Un émissaire dévoué vint enfin m’informer que Porteous venait d’être condamné, et que votre sœur était en prison.
    Autant la première de ces nouvelles me causait de plaisir, autant j’étais désespéré de l’autre. Je retournai chez la vieille Meg pour lui faire de nouveaux reproches. Je ne pouvais lui supposer d’autre motif, pour avoir abandonné Effie, que le désir de s’approprier l’argent que je lui avais remis. Votre récit jette un nouveau jour sur ses intentions, et je vois qu’elle voulait se venger du séducteur de sa fille, de celui à qui elle attribuait toutes ses infortunes. Juste ciel ! pourquoi n’a-t-elle pas fait tomber sa vengeance sur le coupable ? pourquoi ne m’a-t-elle pas livré à la corde du gibet ?
    – Mais, dit Jeanie, qui, pendant ce long récit, avait assez de sang-froid et de discernement pour avoir toujours les yeux

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