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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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ne pensais nullement à ma sûreté ; je ne songeais qu’aux torts prétendus de ma famille, à ma soif impuissante de vengeance, et à l’impression que produirait sur les orgueilleux Willingham la nouvelle qu’un de leurs descendans, que l’héritier présomptif de tous leurs honneurs, avait été pendu par la main du bourreau pour avoir volé un commis des douanes. Nous fûmes arrêtés ; je m’y attendais. Nous fûmes condamnés ; je n’en fus pas plus étonné. – Mais la mort, à mesure qu’elle s’approchait de moi, réapparaissait plus terrible, et le souvenir de l’état dans lequel je laissais votre sœur me détermina à faire un effort pour sauver ma vie.
    J’ai oublié de vous dire que j’avais retrouvé à Édimbourg Meg Murdockson et sa fille. Meg avait suivi les camps dans sa jeunesse, et, sous prétexte d’un petit commerce, elle avait repris des habitudes de déprédation auxquelles elle n’était que trop familière.
    Notre première entrevue fut orageuse ; mais, grâce à l’argent que je lui donnai, elle me pardonna, ou feignit de me pardonner l’outrage fait à sa fille. La malheureuse elle-même sembla à peine reconnaître son séducteur, encore moins se souvenir de mon crime envers elle. Son esprit est totalement dérangé, ce qui provient, selon sa mère, d’une réclusion à laquelle on l’avait condamnée ; mais c’est bien moi qui en suis cause : – nouvelle pierre suspendue à mon cou pour m’entraîner au fond de l’abîme. Chaque mot, chaque regard de cette pauvre créature, l’aliénation de son esprit, ses souvenirs imparfaits, les allusions qu’elle faisait à des choses qu’elle disait avoir oubliées, étaient pour mon cœur autant de coups de poignard. Que dis-je ! c’étaient des tenailles brûlantes dont il me fallait endurer les tortures. Mais je reviens au temps où j’étais en prison.
    Je m’y trouvais d’autant plus malheureux, que l’époque des couches de votre sœur approchait. Je savais qu’elle vous craignait ainsi que votre père. Elle m’avait dit souvent qu’elle aimerait mieux périr mille fois que de vous faire l’aveu de sa situation humiliante. Je savais que la vieille Murdockson était une infernale sorcière, mais je croyais qu’elle m’aimait et qu’avec de l’argent je pouvais compter sur sa fidélité : elle m’avait procuré une lime pour Wilson et une scie pour moi. Elle promit volontiers de prendre soin d’Effie, et je savais qu’elle avait les connaissances nécessaires pour l’aider dans son indisposition. Je lui remis l’argent que m’avait envoyé mon père. Il fut convenu qu’elle recevrait Effie chez elle, et qu’elle l’y garderait jusqu’à ce que je me fusse évadé de prison. Je recommandai la vieille sorcière à Effie, dans une lettre qui lui resta. Je me souviens que je tâchais de jouer le rôle de Macheath condamné à mort, joyeux et hardi scélérat qui joue le tout pour le tout… Telle était ma misérable ambition ! Cependant j’avais résolu de changer de vie, si j’échappais heureusement au gibet. Il me restait quelque argent ; j’avais formé le projet de passer avec elle aux Indes occidentales, après l’avoir épousée, et là j’espérais, de manière ou d’autre, pourvoir à nos besoins.
    Notre tentative pour nous sauver de prison ne réussit point, par l’obstination de Wilson, qui voulut absolument passer le premier. Vous savez avec quel courage et quel désintéressement il se sacrifia pour faciliter ma fuite de l’église de la Tolbooth ; on en parla dans toute l’Écosse, et ceux même qui condamnaient le plus sévèrement sa vie désordonnée et criminelle vantèrent l’héroïsme de son amitié. J’ai bien des vices, mais l’ingratitude et la lâcheté n’en ont jamais fait partie. Je ne songeai plus qu’à ne pas être en arrière de générosité : je m’occupais des moyens de sauver Wilson, et même le salut de votre sœur, pendant quelque temps, ne tint que le second rang dans mes pensées.
    Je n’oubliai pourtant pas Effie, mais les limiers de la justice étaient si ardens à ma poursuite que je n’osais pas me montrer dans mes anciens lieux de refuge : la vieille Murdockson, à qui je donnai un rendez-vous, m’informa que votre sœur était heureusement accouchée d’un fils. Je recommandai à la vieille de tranquilliser sa malade, et de ne la laisser manquer de rien, quelque argent qu’il pût m’en coûter : puis je me retirai

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