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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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pas au désespoir, vous ne feriez que me rendre incapable de rien faire pour sauver Effie.
    Il y avait dans les paroles et dans les regards de ce malheureux jeune homme une ardeur et une impétuosité qu’on voyait qu’il s’efforçait de contenir, et qui ressemblait à l’impatience d’un coursier fougueux qui se fatigue à ronger son frein. Après quelques instans de réflexion, Jeanie ne vit aucune raison pour ne pas lui dire ce qu’il désirait savoir, et pour ne pas écouter les conseils qu’il pourrait lui donner, sauf à ne pas les suivre, si elle les jugeait incompatibles avec son devoir. Elle lui conta donc le plus brièvement qu’elle le put les détails du jugement et de la condamnation de sa sœur, et de son voyage jusqu’à Newark. Il semblait être à la torture en l’écoutant. C’était le monarque mexicain sur son lit de charbons ardens ; et cependant il concentrait en lui-même le sentiment de ses souffrances, et il n’interrompit son récit par aucune exclamation. Il sembla d’abord n’apprendre que la confirmation de ce qu’il savait déjà, et sa figure annonçait le remords plutôt que la surprise. Mais quand Jeanie en fut au détail de ce qui lui était arrivé la nuit précédente, il redoubla d’attention, montra le plus grand étonnement, et lui fit beaucoup de questions sur les deux hommes qui l’avaient arrêtée, et sur la conversation qu’elle avait entendue entre l’un d’eux et la vieille femme.
    Quand Jeanie dit que celle-ci avait parlé de lui comme de son nourrisson : – Cela n’est que trop vrai, s’écria-t-il ; et c’est sans doute dans son sein que j’ai puisé le germe fatal de vices qui avaient toujours été étrangers à ma famille : mais continuez.
    Jeanie passa légèrement sur la conversation qu’elle avait eue avec Madge dans la matinée, ne sachant comment distinguer, dans tout ce que celle-ci lui avait dit, ce qui était vrai de ce qui n’était que l’effet d’un dérangement d’esprit.
    Staunton resta quelques instans comme plongé dans de profondes réflexions, et il s’exprima ensuite avec plus de calme qu’on ne pouvait l’attendre de son caractère.
    – Vous êtes aussi vertueuse que sensée, Jeanie, lui dit-il ; et je vous dirai de mon histoire plus que je n’en ai jamais dit à personne. C’est un tissu de folies, de crimes et de malheurs. Mais faites bien attention ; je veux avoir votre confiance en retour. Il faudra que vous suiviez mes avis dans cette affaire épineuse, c’est à cette condition que je vous parle.
    – Je ferai tout ce que doit faire une sœur, une fille, une chrétienne ; mais ne me confiez pas vos secrets. Il n’est pas bien que je reçoive votre confidence, ni que j’écoute une doctrine qui mène à l’erreur.
    – Quelle fille simple ! Regardez-moi bien. Je n’ai ni pieds fourchus, ni cornes à la tête, ni griffes au bout des doigts ; et si je ne suis pas le diable en personne, quel intérêt puis-je avoir à détruire les espérances qui vous consolent ? Écoutez-moi patiemment, et vous verrez que vous pouvez monter au septième ciel avec mes avis, sans vous en trouver d’une once plus chargée dans votre ascension.
    Au risque de causer un peu de cet ennui que procurent ordinairement les explications, nous devons ici essayer de former un récit clair des révélations que le malade communiqua à Jeanie, avec des détails trop circonstanciés et trop souvent interrompus par son émotion pour que nous puissions transcrire ses propres termes. Il en tira, il est vrai, une partie d’un manuscrit qu’il avait préparé peut-être pour apprendre son histoire à sa famille après sa mort.
    – Pour abréger mon récit, dit-il, cette misérable sorcière, cette Meg Murdockson, était femme d’un domestique favori de mon père. – Elle avait été ma nourrice, – son mari était mort, – elle demeurait dans une chaumière à deux pas d’ici ; elle avait une fille, jeune, jolie alors, mais dont la tête était déjà légère. Elle voulait la marier avec un riche vieillard du voisinage ; mais la jeune fille me préférait, et… et, en un mot, je me conduisis avec elle comme… oh ! non, pas aussi cruellement qu’avec votre sœur ; mais avec trop de cruauté encore. N’importe, la faiblesse de son esprit aurait dû lui servir de protection. Mon père, à cette époque, m’envoya sur le continent. Je dois lui rendre la justice de convenir que ce n’est pas sa faute si je suis

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