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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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devenu ce que je suis : il employa tous les moyens possibles pour me corriger. Quand je revins chez lui, la mère et la fille avaient été chassées du pays. Mon père avait découvert mon intrigue avec Madge : il me fit des reproches qui me déplurent ; et je quittai sa maison, décidé à n’y plus rentrer.
    Maintenant, Jeanie, voici le secret qui va vous rendre maîtresse de ma vie, et non seulement de ma vie, mais du bonheur d’un vieillard respectable, et de l’honneur d’une famille distinguée. J’aimais la mauvaise compagnie, mais mes funestes dispositions étaient d’une nature toute particulière. Je n’avais pas adopté l’esprit de rapine, d’intérêt et de licence qui animait la plupart de ceux dont je faisais ma société ; mais leur intrépidité, leur présence d’esprit, leur adresse, me plaisaient, et j’aimais à partager leurs dangers. Avez-vous examiné ce rectorat, sa situation, ses environs, Jeanie ? N’est-ce pas une retraite bien agréable ?
    – Certainement, répondit-elle, fort étonnée de le voir changer si brusquement de sujet de conversation.
    – Eh bien ! je voudrais qu’il fût à cent mille pieds sous terre, avec les dîmes et les terres qui en dépendent ; sans ce maudit rectorat qu’on me destinait, il m’aurait été permis de suivre mon inclination ; j’aurais embrassé la profession des armes, et la moitié du courage dont j’ai fait preuve en suivant une carrière de vices et de crimes, aurait suffi pour m’assurer un rang honorable parmi mes concitoyens. Pourquoi ne passai-je pas chez l’étranger quand je quittai la maison paternelle ! ou plutôt pourquoi la quittai-je ! Mais j’en suis venu au point que je ne puis sans délire reporter mes yeux sur le passé, et que je ne puis envisager l’avenir sans désespoir.
    Les chances d’une vie errante me conduisirent malheureusement en Écosse, et j’y menai une conduite plus répréhensible que par le passé. Ce fut à cette époque que je fis connaissance avec Wilson, homme remarquable par son sang-froid, son courage et sa résolution. Doué d’une force prodigieuse de corps, il n’avait pas moins de fermeté dans l’esprit, et une sorte d’éloquence naturelle le plaçait au-dessus de tous ses compagnons. Jusque là j’avais été
    Un vrai désespéré plongé dans la licence ;
    Mais il restait encor des lueurs d’espérance.
    Ce fut le malheur de cet homme et le mien que, malgré la différence que le rang et l’éducation mettaient entre nous, il obtînt sur moi une influence que je ne puis m’expliquer qu’en songeant à la supériorité que le sang-froid acquiert toujours sur une ardeur trop bouillante. J’étais comme entraîné par un tourbillon ; je le suivais partout, et je prenais part à toutes ses entreprises, où il déployait autant de courage que d’adresse. Ce fut alors que je vis votre sœur dans ces réunions de jeunes gens qu’elle fréquentait à la dérobée, – cependant Dieu sait que mon crime envers elle ne fut pas prémédité, et que j’avais ensuite dessein de le réparer, autant que le mariage pouvait le faire, dès que je serais libre de suivre un genre de vie plus convenable à ma naissance. Je faisais d’étranges rêves ! – Je me berçais de l’espoir de feindre de la conduire dans quelque obscure retraite, et de lui donner soudain un rang et une fortune inconnus à ses désirs. Je chargeai un ami d’ouvrir une négociation avec mon père pour en obtenir mon pardon ; mais on lui avait donné sur ma conduite des renseignemens qui en exagéraient encore l’infamie : il envoya à mon ami une somme qu’il le chargea de me remettre, en m’annonçant qu’il ne voulait plus me revoir, et qu’il me désavouait pour son fils. Je me livrai au désespoir ; je m’enfonçai encore plus avant dans le désordre, et Wilson n’eut pas beaucoup de peine à me faire envisager comme de justes représailles le vol qu’il méditait sur un officier des douanes dans le comté de Fife.
    Jusqu’alors j’avais encore gardé certaines mesures dans ma carrière criminelle ; mais depuis ce temps je ne connus plus aucunes bornes, et je goûtais un plaisir farouche à me dégrader ; je ne prenais point part au pillage, je l’abandonnais à mes camarades ; je ne leur demandais que le poste le plus dangereux. Je me souviens que lorsque j’étais, l’épée nue à la main, gardant la porte de la maison dans laquelle la félonie {103} était commise, je

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