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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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dans toute l’Écosse, les grands services qu’il avait rendus à la maison de Brunswick en 1715, le plaçaient au premier rang des personnages qu’il aurait été imprudent de mécontenter tout-à-fait. Lui seul, par son influence, était venu à bout d’arrêter la rébellion des Highlanders que leurs Chefs avaient appelés aux armes pour les Stuarts, et il n’y avait nul doute qu’il ne pût, d’un seul mot, les soulever encore et renouveler la guerre civile. On savait d’ailleurs que la cour de Saint-Germain avait fait faire au duc les propositions les plus séduisantes. On connaissait peu le caractère et les dispositions des Écossais ; on regardait ce pays comme un volcan dont les feux mal éteints pouvaient se ranimer tout-à-coup et produire une éruption épouvantable. Il était donc de la plus haute importance de conserver toujours quelques relations avec un homme tel que le duc d’Argyle, et Caroline s’en était ménagé par le moyen d’une dame avec laquelle on aurait pu supposer que l’épouse de Georges II avait des liaisons moins intimes.
    Ce n’était pas la moindre preuve d’adresse qu’avait donnée la reine, que d’avoir conservé parmi les principales dames de sa suite lady Suffolk, qui réunissait les deux caractères, en apparence si opposés, de maîtresse du roi et de confidente soumise et complaisante de la reine. Par cette adroite manœuvre, Caroline garantissait son pouvoir du danger qu’elle avait le plus à craindre, l’influence d’une rivale ambitieuse. Si elle se soumettait à la nécessité de fermer les yeux sur l’infidélité de son époux, elle était du moins en garde contre ce qui pouvait, à ses yeux, en être le plus fâcheux résultat, et trouvait d’ailleurs l’occasion de lâcher de temps en temps quelques petits sarcasmes contre – sa bonne Howard {108} – qu’elle traitait cependant en général avec les égards convenables. Lady Suffolk avait des obligations au duc d’Argyle. On en peut voir les causes dans les souvenirs {109} qu’Horace Walpole nous a laissés de ce règne. Le duc avait, par son entremise, quelques entrevues particulières avec la reine. Elles avaient cessé depuis la part qu’il avait prise à la discussion qui avait eu lieu dans le parlement sur l’affaire de Porteous, la reine étant disposée à regarder l’émeute qui avait eu lieu à Édimbourg comme une insulte préméditée faite à son autorité, plutôt que comme une effervescence soudaine de vengeance populaire. Cependant les moyens de communication restaient ouverts entre eux, quoiqu’on n’en eût pas fait usage depuis ce temps. Ces remarques sont nécessaires pour faire comprendre comment s’était préparée la scène que nous allons présenter au lecteur.
    Quittant l’allée droite qu’ils avaient traversée, le duc en prit une plus large et non moins longue. Là, pour la première fois depuis qu’ils étaient dans le jardin, Jeanie aperçut deux personnes qui s’avançaient vers eux.
    C’étaient deux dames. L’une marchait à quelques pas derrière l’autre, assez près d’elle cependant pour pouvoir l’entendre et lui répondre. Comme elles s’approchaient lentement, Jeanie eut le temps d’étudier leur physionomie. Le duc d’ailleurs ralentit aussi le pas, comme pour lui donner le loisir de se remettre de son trouble, et lui répéta plusieurs fois de ne pas être intimidée. La dame qui marchait la première avait des traits assez agréables, quoiqu’un peu marqués de la petite vérole, ce fléau pestilentiel que chaque Esculape de village peut maintenant (grâce à Jenner) dompter aussi facilement que son dieu tutélaire terrassa le serpent Python. Ses yeux étaient brillans, elle avait de belles dents, et pouvait prendre à volonté un air aimable ou majestueux. Quoique chargée d’un peu d’embonpoint, sa taille avait de la grâce, et sa démarche ferme et pleine d’aisance n’aurait pas permis de soupçonner qu’elle souffrait en ce moment du mal le plus funeste pour l’exercice à pied. Ses vêtemens étaient plus riches qu’élégans, et ses manières nobles et imposantes.
    Sa compagne, d’une taille moins grande, avait les cheveux d’un châtain clair, et des yeux bleus pleins d’expression. Ses traits, sans être absolument réguliers, étaient plus agréables que s’ils avaient été d’une beauté au-dessus de toute critique ; un air mélancolique, ou du moins pensif, auquel sa situation ne lui donnait que trop

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