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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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roi.
    Ce raisonnement n’était pas dénué de bon sens, mais Jeanie ne connaissait pas assez l’étiquette ni les relations qui existaient entre le duc d’Argyle et le gouvernement, pour pouvoir apprécier les motifs de sa conduite. Le duc, comme nous l’avons déjà dit, était alors en opposition ouverte avec l’administration de sir Robert Walpole, et passait pour être en disgrâce auprès de la famille royale, malgré les services importans qu’il lui avait rendus. Mais une maxime politique de la reine était de se comporter à l’égard de ses amis avec la même précaution que s’ils pouvaient être un jour ses ennemis, et d’agir avec ceux qui s’opposaient à son gouvernement avec la même circonspection que s’ils pouvaient en devenir les plus fermes soutiens. Depuis Marguerite d’Anjou, aucune reine n’avait eu autant d’influence que Caroline sur les affaires politiques en Angleterre, et l’adresse dont elle avait fait preuve en bien des occasions avait puissamment contribué à convertir plusieurs de ces Torys déterminés qui, après la mort de la reine Anne, dernière reine du sang des Stuarts, avaient conservé des dispositions favorables à son frère le chevalier de Saint-Georges, et ne reconnaissaient pas au fond du cœur les droits de la maison de Hanovre. Son époux, dont la plus brillante qualité était son courage sur le champ de bataille, et qui remplissait la place de roi d’Angleterre sans avoir jamais pu acquérir les habitudes, ni se familiariser avec les usages de la nation, trouvait le plus puissant secours dans l’adresse de sa royale compagne ; et tandis qu’il affectait, par jalousie, de ne consulter que sa propre volonté et de n’agir que d’après son bon plaisir, il avait en secret assez de prudence pour prendre et pour suivre les avis de la reine plus adroite. Il lui laissait le soin important de déterminer les divers degrés de faveur qui pouvaient être nécessaires pour s’attacher les esprits encore vacillans ; confirmer dans leurs bonnes dispositions ceux sur lesquels il pouvait compter, et enfin pour gagner ceux qui n’étaient pas favorablement disposés.
    À toutes les qualités séduisantes d’une femme accomplie, pour le temps où elle vivait, la reine Caroline joignait la fermeté d’âme de l’autre sexe. Elle était naturellement fière, et sa politique était quelquefois insuffisante pour modérer l’expression de son déplaisir ; quoique personne ne fût plus habile à réparer une fausse démarche de cette nature dès que la réflexion succédait au premier mouvement de vivacité. Elle aimait à jouir de la réalité du pouvoir, et s’inquiétait peu d’en avoir l’apparence. Quelque sage mesure qu’elle fît prendre, quelque acte propre à acquérir de la popularité qu’elle conseillât, elle voulait toujours que le roi en eût tout l’honneur, convaincue que, plus il serait respecté, plus elle aurait droit de l’être elle-même. Elle désirait tellement se conformer à tous ses goûts, qu’ayant été attaquée de la goutte, elle eut plusieurs fois recours à des bains froids pour en calmer l’accès, au risque de sa vie, afin de pouvoir accompagner le roi comme à l’ordinaire dans ses promenades.
    Il était dans le caractère de la reine Caroline de conserver des relations secrètes avec ceux à qui elle paraissait en public avoir retiré ses bonnes grâces, ou qui, par différentes raisons, n’étaient pas bien avec la cour. Par ce moyen, elle tenait en main le fil de plus d’une intrigue politique, et elle empêchait souvent le mécontentement de se changer en haine, et l’opposition de devenir rébellion. Si quelque accident faisait remarquer ou découvrir cette correspondance secrète, ce qu’elle tâchait avec soin de prévenir, elle en parlait comme d’une liaison de société qui n’avait aucun rapport à la politique ; et le premier ministre, sir Robert Walpole, fut obligé de se contenter de cette réponse, quand il découvrit que la reine avait accordé une audience particulière à Pultenay, depuis comte de Bath, son ennemi le plus redoutable et le plus invétéré.
    D’après ce soin de la reine Caroline d’entretenir quelques liaisons avec des personnes qui ne passaient pas pour être favorables au système du gouvernement, on doit supposer qu’elle s’était bien gardée de rompre entièrement avec le duc d’Argyle. Sa haute naissance, ses talens distingués, le crédit dont il jouissait

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