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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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voiture, et donna la main à Jeanie pour l’aider à en descendre. Elle se trouvait sur une grande route à la sortie de Londres, près d’une barrière, et à deux pas était une voiture attelée de quatre beaux chevaux, mais sans armoiries, et les domestiques ne portaient pas de livrée.
    – Je vois que vous avez été ponctuelle, Jeanie, dit le duc pendant qu’Archibald ouvrait la portière : maintenant vous allez être ma compagne de route ; Archibald attendra ici avec le fiacre jusqu’à notre retour.
    Avant que Jeanie pût lui répondre, elle se trouva, à sa grande surprise, assise à côté d’un duc, dans un superbe équipage dont le mouvement, malgré la rapidité de sa course, était bien autrement doux que celui du fiacre qu’elle venait de quitter.
    – Ma chère enfant, dit le duc, après avoir bien examiné toutes les circonstances de l’affaire de votre sœur, je persiste à croire que l’exécution de sa sentence pourrait être une grande injustice. J’en ai conféré avec deux ou trois des meilleurs jurisconsultes de l’Angleterre et de l’Écosse, et ils partagent mon opinion. Ne me remerciez pas encore, écoutez-moi jusqu’au bout. Je vous ai déjà dit que ma propre conviction est de peu d’importance. Il s’agit de la faire passer dans l’esprit des autres. J’ai donc fait pour vous ce que, dans le moment actuel, je n’aurais pas fait pour moi : j’ai sollicité une audience d’une dame qui a le plus grand crédit sur l’esprit du roi, et qui mérite de l’avoir. Elle me l’a accordée, et je désire qu’elle vous voie et que vous lui parliez vous-même. Point de timidité. Il ne s’agit que de conter votre histoire comme vous me l’avez contée à moi-même.
    – Je suis fort obligée à Votre Grâce, répondit Jeanie qui se souvint en ce moment des leçons de mistress Glass ; mais puisque j’ai eu le courage de parler à Votre Grâce pour la pauvre Effie, il me semble que je ne serai pas plus honteuse pour parler à une dame. Mais, monsieur, je voudrais bien savoir comment je dois l’appeler. Faut-il dire milady, Votre Honneur ou Votre Grâce ? je tâcherai de m’en souvenir ; car je sais que les dames tiennent plus à leurs titres que les messieurs.
    – Vous n’avez besoin de l’appeler que madame. Dites lui ce que vous croirez le plus propre à faire impression sur elle. Seulement regardez-moi de temps en temps, et quand vous me verrez porter la main à ma cravate, comme cela, arrêtez-vous. Je ne ferai ce geste que lorsque vous direz quelque chose qui pourrait déplaire.
    – Mais, monsieur, si ce n’était pas trop exiger de Votre Grâce, ne vaudrait-il pas mieux me dire d’avance ce que je dois dire ? J’ai une bonne mémoire, et je tâcherais de l’apprendre par cœur.
    – Cela ne produirait pas le même effet, Jeanie ; vous auriez l’air de lire un sermon, et vous savez que nous autres bons presbytériens, nous prétendons qu’un sermon lu a moins d’onction que lorsqu’on le débite sans livre. Parlez aussi simplement et aussi facilement à cette dame que vous m’avez parlé avant-hier ; et si vous pouvez l’intéresser à vous, je gage un plack, comme nous le disons en Écosse, qu’elle obtiendra du roi la grâce de votre sœur.
    Le duc, tirant alors une brochure de sa poche, se mit à lire ; et Jeanie, qui avait ce tact et ce bon sens qui constituent ce qu’on pourrait appeler le savoir-vivre naturel, jugea par là que Sa Grâce désirait qu’elle ne lui fît plus de questions ; elle garda le silence pendant le reste de la route.
    La voiture roulait rapidement à travers des prairies fertiles, ornées de vieux chênes majestueux, et de temps en temps on apercevait le miroir des eaux d’une rivière large et paisible. Après avoir traversé un joli village, l’équipage s’arrêta sur une hauteur d’où la richesse des paysages anglais se déployait dans toute sa magnificence. Le duc descendit de voiture, et dit à Jeanie de le suivre.
    Ils restèrent un moment sur la colline pour jouir de la perspective sans égale qu’elle offrait. Une vaste mer de verdure, avec des promontoires formés par des bouquets d’arbres de toute espèce, offrait à l’œil de nombreux troupeaux qui semblaient errer en liberté dans de gras pâturages. La Tamise, tantôt bordée de belles maisons de campagne, tantôt couronnée de forêts, s’avançait paisiblement comme le fleuve-roi de ces lieux, dont tous les autres charmes

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