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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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véritablement la reine ! dit Jeanie. J’ai peine à me le persuader ; et cependant je m’en étais doutée quand j’ai vu que vous ne remettiez pas votre chapeau sur votre tête.
    – C’était bien la reine Caroline, répondit le duc ; mais n’êtes-vous pas curieuse de voir ce qu’il y a dans le portefeuille qu’elle vous a donné ?
    – Croyez-vous que j’y trouve la grâce de ma sœur ? demanda vivement Jeanie.
    – Oh ! non ! dit le duc, cela n’est pas vraisemblable. On ne porte pas ainsi des grâces en poche, sans savoir si l’on vous en demandera. D’ailleurs, elle vous a dit que le roi seul avait le droit de faire grâce.
    – Cela est vrai, dit Jeanie, j’ai l’esprit si troublé… mais ne regardez-vous pas la grâce de ma sœur comme certaine ?
    – Vous savez que nous disons en Écosse : Les rois sont des chevaux qu’il n’est pas facile de ferrer des pieds de derrière ; mais la reine sait comment elle doit s’y prendre, et je n’ai pas le moindre doute que la grâce ne soit accordée.
    – Que Dieu soit loué ! Que son nom soit béni ! s’écria Jeanie, et puisse la bonne dame jouir toute sa vie du bonheur qu’elle me fait goûter en ce moment ! Que le ciel vous récompense aussi, milord ; car, sans votre secours, comment aurais-je pu approcher d’elle ?
    Elle continua quelque temps à lui parler de cette manière, tenant en main le portefeuille sans l’ouvrir. Le duc ne l’interrompit point ; il voulait voir si le sentiment de la reconnaissance l’emporterait long-temps sur la curiosité. Mais Jeanie, sachant que le pardon de sa sœur ne s’y trouvait point, n’était nullement pressée, et le duc, peut-être plus curieux qu’elle ne l’était elle-même, fut obligé de lui en parler une seconde fois. Elle l’ouvrit alors, et outre l’assortiment ordinaire de ciseaux, d’aiguilles, etc., elle y trouva un billet de banque de cinquante livres sterling.
    – Qu’est-ce que ce morceau de papier ? demanda Jeanie.
    Le duc lui en ayant expliqué la valeur, elle lui témoigna son regret de la méprise que la reine avait faite, et voulut remettre au duc le billet, pour qu’il trouvât le moyen de le lui rendre.
    – Non, non, dit le duc, il n’y a point ici de méprise. La reine sait que votre voyage a dû vous occasioner des frais, et elle a voulu vous en indemniser.
    – Elle est cent fois trop bonne, dit Jeanie, le portefeuille était lui seul un assez beau présent. Voyez donc le nom de la reine Caroline, brodé par-dessus, peut-être de sa propre main, et surmonté d’une couronne ! Au surplus, je suis bien aise de pouvoir rendre, plus tôt que plus tard, l’argent que m’a prêté le laird de Dumbiedikes.
    – Dumbiedikes ! dit le duc, qui connaissait parfaitement Édimbourg et tous ses environs. N’est-ce pas un franc-tenancier qui demeure à peu de distance du château de Dalkeith, et qui porte une perruque avec un chapeau galonné ?
    – Oui, monsieur, répondit Jeanie, qui avait ses raisons pour être laconique sur cet objet.
    – Je l’ai vu deux ou trois fois, le brave homme. Il n’est point bavard. Est-ce un de vos cousins, Jeanie ?
    – Non, monsieur.
    – C’est donc un amoureux ?
    – Monsieur…
    – Eh bien ?
    – Oui, milord, répondit Jeanie en hésitant et en rougissant.
    – Si le laird se présente, je crains que mon ami Butler ne coure quelques risques.
    – Oh ! non ! monsieur, répondit Jeanie avec vivacité, en rougissant encore davantage.
    – Fort bien, Jeanie, dit le duc ; je vois que vous êtes une fille à qui l’on peut confier le soin de ses affaires, et je nevous ferai pas d’autres questions. Mais, pour en revenir à la grâce de votre sœur, je veillerai à ce qu’elle soit promptement expédiée et revêtue de toutes les formalités nécessaires. J’ai un ami dans le cabinet qui me rendra ce service, en considération de notre ancienne connaissance ; et comme j’ai besoin d’envoyer en Écosse un exprès qui voyagera plus vite que vous ne pourriez le faire, j’aurai soin de la faire parvenir aux magistrats. En attendant, vous pouvez écrire par la poste à vos amis pour leur faire part du succès que vous avez obtenu.
    – Votre Honneur pense-t-il que je ne ferais pas mieux de prendre mes jambes à mon cou et de me mettre en chemin ?
    – Non, certainement ; vous savez que les routes ne sont pas sûres pour une femme qui voyage seule.
    Jeanie reconnut intérieurement la

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