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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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vérité de cette observation.
    – D’ailleurs, continua le duc, j’ai un autre projet pour vous. D’ici à quelques jours, la duchesse doit envoyer à Inverrary une femme pour prendre soin de la laiterie ; je dois aussi y envoyer votre connaissance Archibald, pour y conduire une calèche et quatre chevaux que je viens d’acheter. Il y aura place pour vous dans la voiture ; il vous mènera jusqu’à Glascow, et de là prendra les moyens de vous faire arriver sûrement à votre domicile. Chemin faisant, vous donnerez à votre compagne de voyage quelques instructions sur la manière de gouverner une laiterie et de faire le fromage, car je suis sûr que vous y excellez.
    – Est-ce que Votre Grâce aime ce fromage ? demanda Jeanie avec un air de secrète satisfaction.
    – Si je l’aime ! répondit le duc, qui prévoyait ce qui allait suivre : du fromage et du pain cuit sous la cendre font un dîner digne d’un d’empereur.
    – Ce n’est pas pour me vanter, dit Jeanie d’un air modeste, et cependant contente d’elle-même, mais bien des gens trouvent que les fromages que je fais sont aussi bons que le véritable Dunlop, et si la Grâce de Votre Honneur voulait en accepter un ou deux, j’en serais bien heureuse et bien fière. Mais peut-être préférez-vous les fromages de lait de chèvre de Buckolmside. Je ne puis dire que je les fasse aussi bien, mais j’ai ma cousine Jeane qui demeure à Lockermagus à qui je puis en parler, et…
    – Non, non ! dit le duc ; le fromage de Dunlop est celui que j’aime de prédilection ; et vous me ferez le plus grand plaisir de m’en envoyer un à Roseneath quand j’y serai. Je vous en informerai. Mais ayez soin qu’il vous fasse honneur, Jeanie ; je vous préviens que je suis connaisseur.
    – Je ne crains rien, dit Jeanie d’un air de confiance. Mais je sais d’ailleurs que Votre Honneur a trop de bonté pour trouver à redire à ce qu’on aurait mis tous ses soins à faire ; et certainement ce n’est pas ce qui manquera de ma part.
    Ce discours amena un sujet de conversation sur lequel nos deux voyageurs, quoique si différens par le rang et l’éducation, trouvèrent beaucoup de choses à dire. Le duc, outre ses autres qualités patriotiques, avait des connaissances en agriculture, et s’en faisait honneur. Il fit des observations sur les différentes races de bestiaux d’Écosse, et vit que la jeune fille était en état de lui apprendre encore bien des choses sur cette matière, tant il est vrai que la pratique est toujours au-dessus de la théorie : il en fut si satisfait, qu’il lui promit une couple de vaches du Devonshire pour lui payer cette leçon ; et il goûtait tant de plaisir à causer ainsi des diverses occupations champêtres, qu’il regretta de voir son équipage s’arrêter en face du fiacre dans lequel Archibald était resté à l’attendre. Tandis que le cocher bridait ses haridelles, et ramassait soigneusement un reste de foin poudreux dont il les avait régalées, le duc recommanda à Jeanie d’être discrète avec son hôtesse sur tout ce qui s’était passé.
    – Il est inutile de parler d’une affaire, lui dit-il, avant qu’elle soit tout-à-fait terminée. Si la bonne dame vous fait trop de questions, renvoyez-la à Archibald ; c’est son ancienne connaissance, et il sait comment il faut agir avec elle.
    Il fit alors cordialement ses adieux à Jeanie, en lui disant de se tenir prête à retourner en Écosse la semaine d’après. – Il la regarda monter dans le fiacre, et s’éloigna, dans son propre carrosse, en fredonnant une stance de la Ballade qu’on lui attribue :
    Dumbarton, quand mes yeux te reverront encore,
    Je veux mettre ma toque et m’avancer joyeux ;
    Alors à mon côté sonnera la claymore,
    Et les bons gâteaux d’orge, au goût si savoureux,
    Me sembleront meilleurs encore.
    Il faudrait peut-être être Écossais pour concevoir avec quelle ardeur, malgré toutes les différences de rang et de situation dans le monde, les habitans de ce pays sentent une sorte d’instinct qui les attache naturellement les uns aux autres. Il existe, je crois, une liaison plus étroite entre les hommes d’une contrée inculte et sauvage qu’entre ceux qui habitent un sol fertile et bien cultivé. Leurs ancêtres ont changé moins souvent de résidence ; le souvenir mutuel qu’ils conservent d’anciennes traditions est plus exact ; le riche et le pauvre prennent plus d’intérêt à leur

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