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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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votre permission, répondit Jeanie, c’est la sellette de repentance {112} sur laquelle on fait asseoir celles qui ont été légères dans leurs conversations et leur conduite, et celles qui ont violé le septième commandement. – Ici, ayant levé les yeux sur le duc, elle le vit porter la main à sa cravate, et, sans concevoir en quoi elle avait pu parler mal à propos, elle s’arrêta tout court, et donna par son silence même une nouvelle force à ce qu’elle venait de dire.
    Lady Suffolk se retira comme un corps de troupes qui, s’étant avancé pour couvrir une retraite, est forcé par le feu d’une artillerie formidable de quitter le champ de bataille.
    – Au diable ! pensa le duc d’Argyle : elle tire au hasard, à droite comme à gauche, et tout coup porte.
    Le duc lui-même éprouvait une sorte de confusion. Ayant agi comme maître de cérémonies de l’ingénue et innocente Jeanie, il était dans le même embarras qu’un gentilhomme campagnard qui, ayant fait entrer son épagneul dans un salon, l’y voit briser les porcelaines, salir les fauteuils, et déchirer les robes des dames par ses accès de gaieté. Cependant le dernier trait que Jeanie venait de décocher sans s’en douter contre lady Suffolk fit oublier à la reine la blessure que le premier lui avait faite. Tout en songeant qu’elle était reine, elle ne pouvait oublier qu’elle était femme, et un bon mot aux dépens de sa bonne Suffolk ne lui déplaisait jamais. Elle se tourna vers le duc d’Argyle, en souriant d’un air de satisfaction. – Il paraît, lui dit-elle, que vos compatriotes ont des principes de morale sévères. S’adressant ensuite à Jeanie, elle lui demanda comment elle était venue d’Écosse.
    – À pied, pour la plupart du temps, madame.
    – Quoi ! vous avez fait à pied cette longue route ? combien de chemin pouvez-vous faire par jour ?
    – Vingt-cinq milles et un bittock {113} , madame.
    – Une quoi ? dit la reine en regardant le duc d’Argyle.
    – Et environ cinq milles de plus, répondit le duc ; c’est une expression du pays.
    – Je croyais être bonne marcheuse, dit la reine, mais voilà qui me fait honte.
    – Puissiez-vous, madame, dit Jeanie, n’avoir jamais le cœur assez déchiré pour vous empêcher de sentir la fatigue de vos jambes !
    – Cela vaut mieux, pensa le duc, voilà la première chose qu’elle ait dite à propos.
    – Mais je n’ai pas fait toute la route à pied, continua Jeanie, j’ai quelquefois trouvé une place dans un chariot ; j’ai eu la rencontre d’un cheval à Ferry-Bridge… Elle coupa court à son histoire, en voyant le duc faire le signal convenu.
    – Malgré tout cela, reprit la reine, vous avez dû faire un voyage bien fatigant, et probablement bien inutile, car si le roi accordait la grâce de votre sœur, quel bien en retirerait-elle ? je suppose que le peuple d’Édimbourg la pendrait par dépit.
    – C’est maintenant qu’elle va se noyer tout-à-fait, pensa le duc.
    Il se trompait. Les écueils sur lesquels Jeanie avait touché étaient cachés sous l’eau, mais celui-ci était visible, et elle sut l’éviter.
    – Je suis bien sûre, répondit-elle, que toute la ville et tout le pays se réjouiraient de voir Sa Majesté prendre pitié d’une pauvre malheureuse créature.
    – Sans doute, dit la reine d’un ton d’ironie, Sa Majesté en a eu une excellente preuve tout récemment : mais je suppose que milord lui conseillerait de prendre l’avis de la populace d’Édimbourg pour savoir quels sont ceux qui méritent d’éprouver sa clémence.
    – Non, madame, répondit le duc, je conseillerais à Sa Majesté de ne consulter que son cœur et celui de sa respectable épouse, et je suis sûr qu’elle ne ferait jamais tomber le châtiment que sur le coupable, encore serait-ce avec regret.
    – Fort bien, milord, mais tous ces beaux discours ne peuvent me convaincre qu’il soit convenable de donner si promptement une marque de faveur à une ville, je ne veux pas dire rebelle, mais intraitable et mal intentionnée. Quoi ! toute la nation semble liguée pour sauver les abominables assassins d’un homme à qui le roi avait accordé un sursis ! Parmi tant de complices d’un crime si atroce, si public, comment se fait-il que pas un n’ait été reconnu, livré à la justice ? Répondez-moi, jeune fille, aviez-vous quelque ami, quelque parent parmi les factieux qui ont assassiné Porteous ?
    – Non, madame,

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