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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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en avait été accueillie. Son bon sens lui fit pourtant sentir que l’entrevue qu’elle avait eue avec la reine Caroline ayant été accompagnée d’un air de mystère, n’était pas un sujet à abandonner au caquet d’une femme comme mistress Glass, qui avait plus de bonté dans le cœur que de prudence dans la tête. Elle lui répondit donc en termes généraux, que le duc avait bien voulu prendre des renseignemens très détaillés sur l’affaire de sa sœur ; qu’il espérait réussir à obtenir sa grâce, et qu’il se proposait de dire lui-même à mistress Glass tout ce qu’il en pensait.
    Cette réponse ne satisfit qu’à demi la maîtresse du Chardon. Aussi insinuante que curieuse, et en dépit de sa promesse, elle ne put s’empêcher de faire encore quelques questions à Jeanie.
    Avait-elle passé tout ce temps chez le duc d’Argyle ? Le duc était-il toujours resté avec elle ? Avait-elle vu la duchesse et les jeunes demoiselles, et surtout lady Caroline Campbell ?
    À toutes ces questions Jeanie répondit en général qu’elle connaissait si peu la ville, qu’elle ne pouvait dire exactement où elle avait été, que le duc ne l’avait pas quittée ; qu’elle ne croyait pas avoir vu la duchesse ; qu’elle n’avait vu que deux dames, dont l’une se nommait Caroline, et que là se bornait tout ce qu’elle pouvait dire à ce sujet.
    – C’est bien certainement la fille aînée du duc, lady Caroline Campbell, dit mistress Glass ; mais Sa Grâce m’en apprendra bien certainement davantage. À propos, il est trois heures ; je vous ai attendue une heure pour dîner, et voyant que vous ne veniez pas, j’ai mangé un morceau : il est temps que vous en fassiez autant. Je n’ai pas oublié notre proverbe écossais : – Le ventre affamé n’écoute pas volontiers le ventre plein.

CHAPITRE XXXIX.
 
    « L’art d’écrire, Abailard, fut sans doute inventé
    » Par l’amante captive ou l’amant agité, »
    POPE.
    À force de faire jouer la plume, Jeanie vint à bout d’écrire, et de mettre à la poste le lendemain jusqu’à trois lettres ; tâche à laquelle elle était si peu accoutumée, que, si elle eût eu du lait à discrétion, elle eût préféré faire trois fois autant de fromages de Dunlop. La première lettre était fort courte ; elle était pour M. Georges Staunton, au rectorat de Willingham, par Grantham, adresse qu’elle avait apprise du paysan bavard qui l’avait conduite à Grantham. Elle contenait ce qui suit :
    « MONSIEUR,
    « Pour prévenir de nouveaux malheurs, et attendu qu’il y en a déjà bien eu assez, la présente est pour vous faire part que j’ai obtenu la grâce de ma sœur de Sa Majesté la reine. Vous en serez sûrement charmé, et de savoir que je n’ai pas eu besoin de parler des choses que vous savez. Ainsi, monsieur, je vous souhaite une meilleure santé de corps et d’âme, et que le grand médecin de l’un et de l’autre puisse vous guérir ! Cependant, monsieur, je vous prie de ne plus revoir ma sœur, vous ne l’avez que trop vue. Ainsi donc, sans vous vouloir de mal, et en vous souhaitant tout le bien possible, c’est-à-dire que vous rentriez dans la bonne voie, je demeure, monsieur, votre servante, vous savez qui. »
    La seconde lettre était pour son père ; elle était fort longue, et nous n’en donnerons qu’un extrait. Voici comment elle commençait :
    « MON TRÈS CHER ET TRÈS HONORÉ PÈRE,
    » Je crois de mon devoir de vous informer qu’il a plu à Dieu de briser la captivité de ma pauvre sœur par les mains de sa respectable Majesté la reine, pour laquelle nous devrons prier tous les jours de notre vie, et qui a peut-être acquitté la rançon de son âme en lui accordant sa grâce. J’ai parlé à la reine face à face, et je n’en suis pas morte, car elle ne diffère pas beaucoup des autres femmes, si ce n’est qu’elle a l’air plus imposant, et que ses yeux perçans comme ceux d’un faucon, semblaient vouloir me pénétrer jusqu’au fond de l’âme. Et tout ce bonheur nous est venu, toujours sous la volonté du grand dispensateur, à qui tout le reste ne sert que d’instrument, par les mains du duc d’Argyle, qui a un cœur véritablement écossais, qui n’est pas fier comme certains autres que nous savons, et qui se connaît assez bien en bestiaux. Il m’a promis deux vaches du Devonshire, dont il est comme amoureux, quoique je tienne toujours à la race des vaches blanches de

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