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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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dommages et intérêts, et comptant sur ses doigts le nombre de robes, autres nippes, etc., dont elle se croyait séparée pour toujours.
    Archibald ne se donna pas la peine de lui faire des remontrances, il appela deux de ses Highlanders, et leur ayant dit quelques mots en langue gaëlique, les rusés montagnards s’approchèrent tranquillement, sans faire soupçonner leur intention, et saisissant mistress Dutton avant qu’elle eût le temps de leur opposer aucune résistance, ils la tirèrent hors de la voiture, et la chargeant presque horizontalement sur leurs épaules, ils la transportèrent jusqu’à la place et à travers les brisans, pour la déposer dans la chaloupe sans autre inconvénient que d’avoir un peu chiffonné ses vêtemens. La terreur, la surprise et la mortification qu’elle éprouva en se voyant transportée de cette manière si subitement, la privèrent pendant quelques minutes de l’usage de la parole. Cependant les mariniers montèrent à bord ; un seul resté sur le rivage pour mettre la barque à flot, s’élança ensuite auprès de ses compagnons, qui déployèrent leur voile, se mirent à ramer, et fendirent gaiement les eaux du golfe.
    – Misérable Écossais ! s’écria enfin la demoiselle en fureur en s’adressant à Archibald, comment osez-vous traiter ainsi une femme comme moi ?
    – Madame, répondit Archibald, il est temps que vous sachiez que vous êtes dans le pays du duc, et qu’il n’y a pas un de ces hommes qui ne vous jetât à la mer aussi vite qu’ils vous ont apportée dans cette chaloupe, si c’était le bon plaisir de Sa Grâce.
    – Que le ciel ait donc pitié de moi, plus que je n’en ai eu moi-même ! répliqua-t-elle. Si j’avais su cela, je ne me serais jamais engagée avec vous.
    – Il est un peu tard pour y penser, mistress Dutton, dit Archibald ; mais vous verrez que nous avons aussi nos plaisirs et nos agrémens dans nos montagnes. Par exemple, vous allez avoir une douzaine de laitières et de filles de basse-cour sous vos ordres : eh bien ! vous pourrez leur faire prendre un bain dans le lac quand vous le jugerez convenable, car les principaux domestiques du duc ont sur leurs subordonnés la même autorité que le duc a sur eux-mêmes.
    – Cela est bien étrange, M. Archibald ; au surplus, je vois bien qu’à présent il faut faire de nécessité vertu. Mais êtes-vous bien sûr que la barque ne chavirera point ? Il me semble qu’elle penche bien d’un côté.
    – Ne craignez rien, répondit Archibald en prenant une prise de tabac d’un air d’importance. Ce passage nous connaît ou nous le connaissons, ce qui revient au même, et il est sans exemple qu’il y soit jamais arrivé aucun accident à quelque personne employée au service du duc.
    – Et vous, miss Deans, dit la vestale laitière à Jeanie, qui, assise près d’Archibald dirigeant le gouvernail, n’était pas très rassurée, – n’avez-vous pas peur de ces sauvages dont les jambes sont nues jusqu’aux genoux ? ne craignez-vous pas de vous trouver dans cette coquille de noix qui ressemble à une écumoire dans un seau de lait ?
    – Non ! non, madame ! je n’ai pas peur, répondit Jeanie en hésitant un peu ; j’ai déjà vu des montagnards, quoique jamais de si près ; et, quant au danger d’être noyée… je n’ai jamais été sur l’eau, mais je sais que la Providence peut nous protéger sur mer comme sur terre.
    – Voilà ce que c’est que d’avoir appris à lire et à écrire ! s’écria mistress Dutton. Quoi qu’il puisse arriver, on trouve toujours de belles choses à dire.
    Archibald vit avec plaisir l’impression que la mesure vigoureuse qu’il avait prise avait faite sur l’esprit ci-devant intraitable de mistress Dutton, et il chercha alors à conserver par des voies de douceur et de conciliation l’ascendant qu’il avait obtenu par la force. Il lui représenta combien ses craintes étaient déraisonnables ; lui fit sentir qu’après le voyage qu’ils avaient fait, il ne pouvait ni la renvoyer, ni l’abandonner sur le rivage dans une voiture vide : enfin il réussit si bien, qu’une parfaite harmonie était rétablie entre eux avant qu’ils débarquassent à Roseneath.

CHAPITRE XLII.
 
    « Est-ce donc le hasard, le destin, la fortune,
    » Qui, guidant cet esquif à travers maints dangers,
    » A dans un heureux port conduit ces passagers ? »
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    Les îles qui se trouvent dans le détroit de la

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