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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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famille dans l’incertitude de sa situation, et, ce qui était encore pire, vivant sous la dépendance d’un homme dont il était impossible de ne pas avoir la plus mauvaise opinion, et qui, dans ses plus vifs accès de remords, paraissait si étranger à un véritable sentiment de repentir.
    Tandis qu’elle s’abandonnait à ces réflexions mélancoliques, une figure humaine parut se détacher d’un taillis qui était à sa droite. Jeanie tressaillit, et les contes qu’elle avait entendus de spectres et d’esprits qui s’étaient fait voir à des voyageurs pendant la nuit dans des lieux écartés, se présentèrent à son imagination. Cependant cet être, quel qu’il fût, s’avançait de son côté, et les rayons de la lune qui l’éclairaient lui firent reconnaître les vêtemens d’une femme. Au même instant une voix douce et timide, qui se fit entendre à son cœur en même temps qu’à ses oreilles, répéta deux fois avec précaution : – Jeanie ! Jeanie !
    Était-il possible que ce fût elle ? était-ce véritablement Effie ? était-elle vivante, ou le tombeau avait-il lâché sa proie ?… Avant qu’elle eût pu résoudre ces questions qu’elle se proposait à elle-même, Effie la serrait dans ses bras, la pressait contre son cœur, et la dévorait de caresses. – Je ne m’étonne pas, lui dit-elle, que vous m’ayez prise pour un fantôme ; je suis ici comme une ombre errante ; je ne voulais que vous voir, qu’entendre votre voix ; mais vous parler, vous embrasser, c’est plus de bonheur que je n’en méritais, plus que je n’osais en désirer.
    – Mais, Effie, comment vous trouvez-vous seule ici, à une pareille heure, sur ce rivage désert, sortant du fond d’un bois ?… Est-il bien sûr que ce n’est pas votre esprit que je vois ?
    Par un retour momentané de son ancienne gaieté, Effie ne répondit à sa sœur qu’en lui pinçant légèrement le bras, mais doucement, comme le ferait une fée plutôt qu’un fantôme. Les deux sœurs s’embrassèrent de nouveau, souriant et pleurant tour à tour.
    – Vous allez venir avec moi à la Loge, Effie, dit Jeanie : vous y trouverez de braves gens qui vous feront bon accueil pour l’amour de moi.
    – Non, ma sœur, non. Avez-vous oublié ce que je suis ? Une malheureuse bannie, qui n’a échappé au supplice que parce qu’elle avait la meilleure, la plus courageuse des sœurs. Je ne voudrais me présenter devant aucun de vos grands amis, quand même je pourrais le faire sans danger.
    – Il n’y en a aucun, il n’y en aura aucun, s’écria vivement Jeanie ; ô ma sœur ! laissez-vous guider une seule fois ; suivez mes conseils, nous serons si heureux tous ensemble !
    – À présent que je vous ai vue, Jeanie, j’ai tout le bonheur que je mérite d’avoir sur la terre ; et qu’il y ait ou non du danger pour moi, personne n’aura à me reprocher d’avoir fait honte à ma bonne sœur en venant montrer à ses grands amis la tête qu’elle a sauvée de l’échafaud.
    – Mais je n’ai point ici de grands amis… Je n’ai d’autres amis que les vôtres, Reuben Butler et mon père… Malheureuse fille ! ne soyez pas opiniâtre, et ne cherchez pas encore à fuir le bonheur… Venez, venez chez nous, vous n’y verrez personne qu’eux… On trouve plus d’ombre sous une vieille charmille que dans un bois nouvellement planté.
    – Vous parlez inutilement, Jeanie ; il faut que je boive la coupe que je me suis versée… Je suis mariée, et, heureuse ou non, il faut que je suive mon mari.
    – Malheureuse Effie ! s’écria Jeanie : mariée à un homme qui…
    – Paix ! dit Effie en lui fermant la bouche d’une main, et en lui montrant de l’autre le taillis, paix ! il est là.
    Elle prononça ces mots d’un ton qui prouvait que son mari lui avait inspiré autant de crainte que d’affection. Au même instant, un homme sortit du bois et s’avança vers les deux sœurs. La clarté imparfaite que la lune répandait suffit pour faire voir à Jeanie qu’il était bien vêtu et qu’il avait l’air d’un homme d’un certain rang.
    – Effie, dit-il, le temps nous presse, et je n’ose rester davantage ; il faut que le lougre mette à la voile pour profiter de la marée, et la chaloupe nous attend pour nous y conduire… J’espère que votre bonne sœur me permettra de l’embrasser.
    Jeanie recula involontairement.
    – Fort bien ! mais peu importe. Si votre cœur nourrit de

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