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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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l’animosité contre moi, je sais que du moins ce sentiment ne règle pas votre conduite, et je vous remercie de m’avoir gardé le secret, quand un mot de votre bouche, et qu’à votre place j’aurais prononcé sans hésiter, pouvait m’envoyer à l’échafaud. On dit qu’il faut cacher à l’épouse la plus chérie un secret dont la vie dépend ; ma femme et sa sœur savent le mien, et je n’en dormirai pas moins tranquillement.
    – Mais êtes-vous réellement mariée avec ma sœur ? lui demanda Jeanie, à qui ce ton de légèreté et d’insouciance inspirait des doutes et des inquiétudes.
    – Réellement, légalement, et sous mon nom véritable, répondit Staunton d’un air plus grave.
    – Et votre père ? et vos parens ?
    – Mon père et mes parens prendront leur parti sur une chose faite, et qu’ils ne peuvent plus empêcher. Cependant, pour rompre de dangereuses liaisons, et pour laisser à la colère de ma famille le temps de se refroidir, j’ai dessein de tenir mon mariage secret quant à présent, et de passer quelques années hors d’Angleterre. Ainsi, vous ne recevrez plus de nos nouvelles d’ici à quelque temps, si jamais vous en recevez. Vous devez sentir que toute correspondance entre nous serait dangereuse, car tout le monde devinerait que le mari d’Effie est… que dirai-je ?…, le meurtrier de Porteous.
    – Quel endurcissement et quelle légèreté ! pensa Jeanie. Et voilà l’homme à qui Effie a confié le soin de son bonheur ! Elle a semé le vent, il faut qu’elle moissonne le tourbillon.
    – Ne le jugez pas trop sévèrement ! dit Effie en s’écartant de quelques pas avec sa sœur, pour que Staunton ne pût l’entendre. Il a de l’affection pour moi, plus d’affection que je n’en mérite, et il est déterminé à changer de vie. Ainsi ne vous affligez pas pour Effie, elle est plus heureuse qu’elle ne devait s’y attendre. Mais vous, vous, Jeanie, comment le serez-vous autant que vous méritez de l’être ? Jamais avant de vous trouver dans le ciel. Jeanie, si je vis, si le ciel me favorise, vous recevrez de mes nouvelles ; sinon oubliez une créature qui ne vous a causé que du chagrin. Adieu ! adieu !
    Elle s’arracha des bras de sa sœur, courut rejoindre son mari ; ils rentrèrent dans le bois, et disparurent.
    Cette scène semblait à Jeanie n’avoir été qu’une vision, qu’un jeu de son imagination, et elle ne se convainquit bien de sa réalité qu’en entendant le bruit des rames et en voyant une chaloupe qui se dirigeait avec rapidité vers un lougre qui était en rade. C’était à bord d’un semblable bâtiment qu’Effie s’était embarquée à Porto-Bello, et Jeanie ne douta point qu’il ne fût destiné à les conduire en pays étranger, suivant le projet que lui avait annoncé Staunton.
    Il serait difficile de décider si cette entrevue, pendant qu’elle avait lieu, fit à Jeanie plus de peine que de plaisir. Mais lorsqu’elle fut terminée, ce dernier sentiment fut celui dont l’impression dura davantage dans son esprit. Effie était mariée. Elle était devenue, suivant l’expression vulgaire, une honnête femme. C’était un point important. Il paraissait aussi que son mari avait résolu de quitter enfin la carrière criminelle dans laquelle il ne s’était que trop avancé. C’en était un autre qui ne l’était pas moins. Quant à sa conversion finale et effective, il ne manquait pas de bon sens, et la Providence était grande.
    Telles étaient les pensées par lesquelles Jeanie tâchait de calmer ses inquiétudes sur la destinée de sa sœur. En arrivant à la Loge elle trouva Archibald inquiet de son absence, et prêt à partir pour aller la chercher. Un mal de tête lui servit d’excuse pour se retirer, ne voulant pas qu’on s’aperçût de l’agitation de son esprit.
    Elle évita par là une scène d’une autre espèce, car à peine était-elle montée dans sa chambre que le capitaine arriva mouillé jusqu’aux os. Comme si tous les cabriolets étaient destinés à éprouver des accidens sur mer et sur terre, sa petite barque, qu’il nommait son cabriolet, avait heurté, grâce à l’ivresse du capitaine et des gens de son équipage, contre une plus grande chaloupe qui l’avait fait chavirer, et ils auraient été noyés sans le secours de ceux qui avaient causé involontairement cet accident. Ils n’éprouvèrent pourtant d’autre perte que celle du chapeau galonné du capitaine, qui

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