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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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comme c’était pour le service des dames, il était sûr que son ami Duncan lui pardonnerait cette liberté ; que d’ailleurs la petite barque lui serait peut-être plus utile que la grande, parce qu’avec elle on pouvait traverser le détroit à toute heure, et même avec la marée contraire.
    Étant bien convenu qu’on partirait dans la grande barque, on se rendit sur le rivage ; Butler donnait le bras à Jeanie.
    Il se passa quelque temps avant qu’on eût pu rassembler les mariniers, et avant qu’on fût embarqué. La lune, qui venait d’apparaître sur le sommet de la montagne, faisait tomber ses mobiles reflets sur la nappe brillante des eaux ; la nuit était si belle, l’atmosphère si calme, que Butler, en disant adieu à Jeanie, n’éprouva pas la moindre crainte pour sa sûreté ; et ce qui est bien plus étonnant encore, c’est que mistress Dutton n’en conçut aucune pour la sienne.
    L’air était doux, et son haleine parfumée glissait sur le frais cristal de l’onde. Le beau tableau des promontoires, des caps, des baies et de la chaîne bleuâtre des montagnes, n’était qu’imparfaitement visible au clair de lune, tandis que chaque coup de la rame faisait étinceler les flots par le brillant phénomène appelé le feu-de-mer.
    Cette dernière circonstance surprit beaucoup Jeanie, et servit à distraire sa compagne jusqu’à l’approche de la petite baie qui s’avançait en demi-cercle dans la mer, et semblait les inviter à débarquer sous le sombre abri des arbres de ses bords.
    Le lieu ordinaire du débarquement était à un quart de mille du château. La marée ne permettait pas à la grande barque d’approcher tout-à-fait d’une petite jetée formée de grosses pierres mal jointes, mais la distance n’était que de deux ou trois pieds, et Jeanie, aussi légère que hardie, sauta à l’instant sur le rivage. Mistress Dutton, au contraire, ne voulut jamais se résoudre à courir un pareil risque ; et M. Archibald, toujours complaisant, ordonna aux mariniers de doubler le promontoire qui bornait la baie du côté de l’est, et de mettre à terre mistress Dutton dans un endroit où la barque pouvait toucher le rivage. Il se préparait alors à suivre Jeanie pour l’accompagner à la Loge ; mais Jeanie, ne craignant pas de se tromper de chemin pour y arriver, puisque la clarté de la lune lui en laissait apercevoir les cheminées blanches qui s’élevaient au-dessus des bois qui l’entouraient, le remercia de son attention, et le pria de rester avec mistress Dutton, qui, se trouvant dans un pays tout nouveau pour elle, et où tout lui paraissait étrange, avait plus besoin qu’elle de secours et de protection.
    Archibald y consentit. – Ce fut une circonstance bien heureuse pour moi, disait par la suite mistress Dutton à ses amis, car elle me sauva la vie. Je serais infailliblement morte de terreur, si l’on m’eût laissée seule dans la barque avec six sauvages montagnards en jupon.
    La nuit était si belle, que Jeanie, au lieu de prendre sur-le-champ le chemin du château, s’arrêta quelques instans, immobile au bord de la mer, regardant la barque s’éloigner du rivage. Bientôt elle cessa de l’apercevoir ; de vagues figures se dessinaient au loin sur les flots, et le joram, ou chant des bateliers, parvenait plus mélancolique et plus doux à son oreille.
    Elle savait qu’elle arriverait au château long-temps avant M. Archibald et mistress Dutton, qui, de l’endroit où ils devaient débarquer, auraient à faire beaucoup plus de chemin qu’elle pour s’y rendre. Elle marchait donc à petits pas, et n’était pas fâchée d’avoir un instant de solitude pour se livrer à ses réflexions.
    Le changement étonnant que quelques semaines avaient apporté à sa situation, en la faisant passer de la crainte de la honte à l’espoir du bonheur, remplissait son cœur d’une joie douce, et mouillait ses yeux de larmes. Mais cette joie n’était pas sans mélange, et ses larmes coulaient encore d’une autre source… Comme la félicité humaine n’est jamais complète, et que les âmes bien faites ne sont jamais plus sensibles aux infortunes de ceux qu’elles aiment que lorsque leur propre situation ne leur laisse rien à désirer pour elles-mêmes, les pensées de Jeanie se tournaient naturellement sur sa sœur,… cette sœur si tendrement chérie,… à qui elle avait presque servi de mère,… maintenant exilée de sa patrie,… laissant sa

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