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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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occasion, pensait-il, mes confrères croiront que je le flatte à cause de sa succession, et cependant il y a plus d’un point sur lequel je ne puis lui céder. Jamais je ne persécuterai de vieilles femmes comme sorcières, et jamais je n’occasionerai de scandale dans ma paroisse en cherchant à soulever le voile qui peut couvrir les faiblesses des jeunes filles.
    Il arrivait de cette différence d’opinion que, dans certaines questions délicates, David accusait souvent son gendre de tolérance coupable, de relâchement dans la discipline, et d’indifférence quand il s’agissait d’être sévère et de protester contre les apostasies et les scandales du temps, ou d’exiger une explication franche sur des matières controversées : quelquefois l’aigreur se glissait dans la dispute. Alors mistress Butler était un ange médiateur, cherchant plutôt à excuser qu’à défendre les deux partis.
    Elle rappelait à son père que Butler n’avait pas comme lui l’expérience de ces temps d’épreuve, où les saints étaient dédommagés de leurs persécutions ici-bas, par le don de voir dans l’avenir. Elle convenait que maints pieux ministres et fidèles croyans avaient reçu des révélations directes, tels que le bienheureux Peden, Lundie, Cameron, Renwick, John Caird le chaudronnier, qui étaient admis à tous les secrets de la foi, et Élisabeth Melvil, lady Culross, qui pria dans son lit entouré d’un grand nombre de chrétiens, et cela pendant trois heures, avec une grâce miraculeuse ; lady Robertland, qui obtint six gages de la grâce, plusieurs autres encore, et surtout un John Scrimgeour ministre de Kinghorn, qui, ayant un enfant malade à la mort, eut la liberté de témoigner à son divin maître un déplaisir si impatient et si amer, qu’enfin il lui fut dit qu’il avait été exaucé cette fois, mais qu’il ne devait plus être si hardi à l’avenir. En effet, à son retour, il trouva son enfant bien portant, assis sur son lit et mangeant sa soupe ; ce même enfant qu’il avait laissé à la veille d’expirer. Mais, disait Jeanie, quoique ces choses pussent être vraies dans ces époques pénibles, je crois que les ministres qui n’ont pas vu ces miséricordes spéciales, doivent consulter les règles des anciens temps. Aussi Reuben étudie-t-il les écritures et les livres des anciens justes : quelquefois il peut bien arriver que deux saints précieux soient d’avis différent, comme deux vaches tirant l’une à gauche et l’autre à droite en mangeant la même botte de foin.
    À cela David répondait ordinairement, avec un soupir, – Ah ! ma fille, tu comprends peu de chose à cela ; mais ce même John Scrimgeour qui ouvrait les portes du ciel comme avec le canon et un boulet de six livres, souhaitait dévotement que l’on brûlât la plupart des livres, excepté la Bible. Reuben est un bon et brave garçon : – j’ai toujours dit cela ; – mais quand il s’oppose à faire une enquête contre le scandale donné par Margery Kitklesides et Rory Mac Rand, sous prétexte qu’ils ont raccommodé leur péché par le mariage, Butler agit contre la discipline chrétienne de l’Église, et puis il y a cette Ailie Mac-Clure de Deepheugh, qui pratique ses abominations, disant la bonne aventure aux gens avec des coquilles d’œuf, des os de mouton, des rêves et des divinations ! C’est un scandale pour une terre chrétienne de laisser vivre une sorcière pareille : je le soutiendrai dans toutes les judicatures civiles ou ecclésiastiques.
    – Je crois bien que vous avez raison, mon père (c’était le style général des réponses de Jeanie) ; mais venez dîner à la manse aujourd’hui, nos bambins, pauvres petits, languissent de voir leur grand-papa, et Reuben ne dort jamais bien, ni moi non plus, quand vous avez quelque querelle ensemble.
    – De querelle, pas du tout, Jeanie ; Dieu me préserve de me quereller avec lui ou avec tout ce qui t’est cher, ma fille ! – et David, mettant son habit de dimanche, se rendait à la manse.
    Avec son mari, mistress Butler allait plus directement à son but de conciliation. Reuben avait le plus grand respect pour les motifs du vieillard, une véritable affection pour sa personne, et la plus vive reconnaissance pour son ancienne amitié. Aussi dans ces occasions d’irritation accidentelle, il ne fallait que lui rappeler délicatement l’âge de son beau-père, son éducation bornée, ses préjugés enracinés et ses

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